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Si la peur demeure, il faut ouvrir le dialogue, appelle la communauté musulmane

Photo: Mario Beauregard/Métro

Un an après l’attentat qui a coûté la vie à six hommes réunis pour la prière au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), la peur demeure au sein de la communauté musulmane. D’où l’importance de poursuivre le dialogue, appelle-t-elle.

«Oui, on a peur, et alors? On va continuer à vivre et on invite les gens à venir nous rencontrer. Je suis sûr qu’avec le dialogue, on peut leur faire changer d’idée», affirme le secrétaire général du CCIQ, Souheil Hassine.

Ce besoin de dialogue est ce qui a d’ailleurs incité le CCIQ à faire une journée portes ouvertes samedi. «Jusqu’à tard le soir, il y avait des groupes de discussion, c’était beau à voir», a rapporté M. Hassine, venu à Montréal dimanche à l’occasion d’un des nombreux rassemblements de commémoration du triste événement, qui se poursuivront lundi dans la métropole.

Environ 150 personnes étaient présentes devant la gare Jean-Talon, où des milliers de Montréalais s’étaient spontanément rassemblés au lendemain de l’attentat. «La solidarité des Québécois est toujours présente, a assuré la vice-présidente du Forum musulman canadien (FMC), Kathy Mallas. Il faut reconnaître qu’il y a de l’islamophobie et qu’il faut la combattre, mais les actes discriminatoires et haineux sont faits par une poignée d’individus.»

«Il faut se tolérer oui, mais se comprendre davantage. Ne laissons pas six hommes mourir en vain. Faisons en sorte qu’ils deviennent un pont entre nous. Honorons leur mort en agissant contre ce qui leur a coûté la vie.» – Nizar Ghali, imam au CCIQ.

Ainsi, si islamophobie il y a, plusieurs insistent sur le fait que ce n’est pas un phénomène qui affecte une large frange de la population, malgré une montée du discours d’extrême droite. «Ça fait depuis 2001 qu’on dit que ce n’est pas parce qu’il y a un terroriste musulman que tous les musulmans sont tous des terroristes. Alors ce n’est pas parce qu’un Québécois a fait un acte que tous les Québécois sont méchants. Soyons cohérents.», a insisté M. Hassine.

C’est pour cette raison que Joseph Elmaeh, un résidant de Montréal, se sent en sécurité dans sa ville. «Peut-être que si je portais une burqa ou un niqab, ce serait différent, a-t-il nuancé. Mais ce n’est pas une personne qui va changer les sentiments de toute une communauté. Il y aura toujours un fou.»

De son côté, Mme Mallas croit que la peur est présente, «surtout pour les gens de Québec qui reçoivent encore des messages haineux», mais elle estime que cela ne doit pas être un frein au dialogue. «Il faut aussi poser des actions concrètes, comme la sensibilisation au quotidien, mais aussi la consultation sur la discrimination et le racisme systémique», a-t-elle jugé.

Des actions politiques
Le président du FMC, Samer Mazjoub, a de son côté décrié la «lâcheté des politiciens», qui nient qu’il y a de l’islamophobie ou «ne se lèvent pas pour la dénoncer». «Un homme a décidé de tuer [six hommes]. C’est ce qu’on appelle de la haine et de l’islamophobie, a-t-il souligné. Admettre qu’il y a de l’islamophobie ne veut pas dire que toute la société est dans le tort.»

Plusieurs politiciens municipaux s’étaient déplacés pour l’occasion, dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante. «Quand on choisit une ville, on veut pouvoir faire partie de la communauté, pouvoir travailler, être dans un sentiment de sécurité et ça, c’est ma responsabilité en tant que mairesse», a-t-elle insisté.

Questionnée sur des mesures concrètes à apporter, la mairesse a dit réfléchir à des solutions pour «soutenir l’employabilité des nouveaux arrivants». «Travailler, c’est probablement la plus grande clé du succès pour pouvoir participer pleinement à la société», a-t-elle soutenu.

Plusieurs rassemblements
Dimanche, seulement à Montréal, au mois trois événements distincts ont eu lieu pour commémorer l’attentat de Québec et sept autres sont prévus lundi.

  • Cinq rassemblements sont prévus en début de soirée dans des quartiers montréalais: soit Villeray, Montréal-Nord, Hochelaga-Maisonneuve, le Plateau Mont-Royal et Verdun
  • Un rassemblement se tiendra à l’Université McGill vers 12h15.
  • Une commémoration aura lieu à l’hôtel de ville de Montréal à 11h30.

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