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Cannabis: les Américains soulèvent des questions

Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Des responsables américains ont soulevé discrètement des questions sur l’impact de la légalisation du cannabis au Canada sur l’achalandage à la frontière canado-américaine, et ils se sont fait dire par leurs voisins du Nord qu’il n’y a aucune raison que cela arrive.

L’enjeu a été abordé lors de conversations téléphoniques entre d’importants représentants des deux pays, et également à l’occasion d’une rencontre en personne entre le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et son homologue américaine, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen.

Les débats n’ont pas été litigieux, a assuré M. Goodale.

En entrevue, le ministre canadien a confirmé que les Américains avaient posé des questions sur l’impact de la politique sur l’achalandage à la frontière.

Les Canadiens ont répondu qu’il n’y aurait pas plus de files, sauf si les Américains modifient leurs procédures, a ajouté M. Goodale. Et selon le ministre, il n’est pas nécessaire que les Américains changent leurs façons de faire, puisque les lois qui régissent la frontière n’ont pas du tout changé, a-t-il soutenu.

M. Goodale a affirmé que le sujet s’était glissé dans sa conversation en face à face avec Mme Nielsen, et lors d’entretiens téléphoniques précédents.

Des représentants fédéraux ont assuré que les interventions des Américains ne visaient pas à faire pression sur le Canada pour qu’il change d’idée sur la légalisation; les responsables des États-Unis disaient respecter la souveraineté de leur voisin.

C’est un portrait bien différent des conversations qui avaient lieu au début des années 2000.

À ce moment, l’administration Bush s’opposait vertement à la décriminalisation du cannabis. Dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, des personnalités publiques dans les deux pays se disaient inquiètes que tout changement provoque une multiplication des fouilles et de plus longs délais pour franchir la frontière.

Mais de nos jours, neuf États des États-Unis ont légalisé le cannabis et plusieurs autres l’ont décriminalisé. La frontière est plus sophistiquée. Et le message du Canada est de dire qu’il n’y a aucune raison que la légalisation cause des délais, parce qu’il est encore illégal de transporter du cannabis d’un pays à l’autre.

«Oui, ils (soulèvent l’enjeu). Parce qu’ils savent que la loi canadienne change», a indiqué M. Goodale.

«Ils disent qu’ils n’anticipent pas de grands changements. Mais je crois qu’il y a une certaine inquiétude face à la loi canadienne qui change, et cela les amène à se comporter différemment. La réponse devrait être non», a-t-il ajouté.

Il reste encore quelques mois avant que la loi canadienne ne change. Le gouvernement souhaite qu’elle entre en vigueur en juillet, mais les débats au Sénat pourraient ralentir ce processus.

Le gouvernement canadien prévoit aussi sensibiliser les citoyens aux règles et aux risques de transporter du cannabis à la frontière canado-américaine. «Nous allons nous assurer que les règles soient claires», a-t-il tranché.

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