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L'internet: crucial pour les immigrants au pays

Photo: Archive Métro
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’internet joue un rôle crucial dans l’intégration des immigrants au pays, autant pour se trouver un emploi que pour comprendre la culture de leur terre d’accueil, révèle une étude.

Celle-ci a été entreprise par des chercheurs de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui voulaient comprendre si et comment l’internet favorisait l’intégration.

Rien ou quasiment rien n’existait sur le sujet, a expliqué en entrevue téléphonique l’un des auteurs, le professeur Christian Agbobli, du département des communications sociales et publiques. L’étude a aussi été rédigée par Magda Fusaro, professeure au Département de management et technologie de l’UQAM et titulaire de la Chaire de l’UNESCO en communication et technologies pour le développement.

Leur conclusion? L’internet joue un rôle majeur pour les immigrants.

«Ils nous ont dit: « on a besoin d’internet » et « on ne peut pas fonctionner ici sans internet »», rapporte le professeur Agbobli, aussi cotitulaire de la Chaire de l’UNESCO.

Ils s’en servent même plus depuis leur arrivée au Canada que dans leur pays d’origine, a fait remarquer M. Agbobli.

Plus de la moitié des répondants ont inscrit que leur consommation d’internet avait augmenté de plus de 51 pour cent depuis qu’ils ont posé leurs valises au Canada.

Et cela parce que leurs réseaux existants dans leur ancien pays les aidaient à se trouver un emploi, par exemple, alors qu’ici, dépourvus de contacts, ils se fient beaucoup à l’internet pour la recherche d’un boulot. C’est le cas pour plus de 75 pour cent d’entre eux, est-il indiqué dans l’étude.

Les immigrants qui ont participé à l’étude résident au Canada depuis moins de 10 ans, et un sous-groupe évalué y était depuis moins de trois ans.

Les immigrants du Canada avaient presque tous (70,9 pour cent ) une connexion internet à leur maison et le téléphone cellulaire intelligent est l’équipement qu’ils utilisent le plus pour naviguer sur la toile.

Ils s’en servent aussi pour obtenir une foule de services, comme ouvrir un compte bancaire, se trouver un logement, des ressources dans leur quartier, et aussi pour comprendre les coutumes locales, comme savoir comment les gens se saluent. Ils vont aussi y lire les journaux canadiens, ajoute le professeur.

«Ça m’a beaucoup aidée, a déclaré une répondante. Vous pouvez trouver de l’information sur les sites internet du gouvernement et trouver les bénéfices pour enfants, et actuellement j’applique pour la citoyenneté et vous pouvez y trouver toute l’information.»

L’un des sites internet les plus sollicités par ces nouveaux arrivants est «Google map», a souligné M. Agbobli.

Beaucoup de femmes immigrantes ont indiqué que cela les aidait à se déplacer d’elles-mêmes et ainsi être plus autonomes sans craindre de se perdre dans la ville.

«Par exemple, si mon mari prend la voiture, je peux facilement me déplacer parce que j’ai l’internet et je peux vérifier quel autobus passe près de ma maison, alors je ne suis pas tout le temps dépendante de mon mari, pour qu’il m’amène d’une place à l’autre. C’est l’une des choses les plus importantes pour moi», a relaté une autre répondante, dont le témoignage est retranscrit dans l’étude.

L’internet brise l’isolement, a fait valoir le professeur. «Et il devient « un lieu », un « mode de vie »».

Évidemment, les immigrants se servent aussi de l’internet pour rester en contact avec leur famille et leurs amis dans leur pays d’origine.

La plus grande majorité des répondants étaient âgés de 30 à 39 ans, plus de 65 pour cent ont un diplôme universitaire et près de 80 pour cent d’entre eux sont des femmes. «Ce qui crée un biais dans l’interprétation des données, mais répond au biais qui avait été généré par la recherche elle-même», peut-on y lire. Car les femmes faisaient partie de l’un des trois groupes (avec les jeunes et les nouveaux arrivants) sur lesquels la recherche voulait plus spécifiquement se pencher. «Car les femmes sont souvent plus vulnérables dans le processus migratoire», fait valoir le professeur.

Les auteurs de la recherche formulent aussi des recommandations. D’abord, ils suggèrent au gouvernement de rendre l’internet plus accessible: les coûts sont élevés au Canada, ont constaté bon nombre d’immigrants. Un plus grand accès au wifi dans des lieux publics serait apprécié, disent-ils.

Aux organismes d’aide aux immigrants, ils suggèrent des cours sur l’usage d’internet, pour mieux les outiller et qu’ils puissent en faire un usage plus précis et efficace.

La collecte de données de l’étude a été faite en 2016. L’équipe a choisi de mener cette recherche dans les quatre provinces qui accueillent le plus d’immigration, soit l’Ontario, le Québec, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Elle a été menée à l’aide d’entretiens en personne et de questionnaires.

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