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Entente avec le Japon: l’industrie est scpetique

Photo: Getty Images/iStockphoto
Mike Blanchfield, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les travailleurs et les manufacturiers sont sceptiques devant les affirmations du ministre fédéral du Commerce international voulant que les entreprises canadiennes du secteur de l’automobile aient prochainement un meilleur accès au marché japonais grâce au Partenariat transpacifique (PTP).

François-Philippe Champagne a défendu la semaine dernière la nouvelle version de l’entente commerciale impliquant 11 pays devant le Comité sénatorial sur les Affaires étrangères et le Commerce international. Il a annoncé qu’une nouvelle lettre d’entente avait été signée par le Canada et le Japon sur le secteur automobile. La lettre ne figurait pas dans le libellé de l’accord, mais a été ajoutée dans une annexe. Selon lui, cette lettre est contraignante.

C’est impossible, répliquent un syndicat et deux associations représentant les entrepreneurs canadiens.

Ils affirment que les ententes parallèles ne sont pas contraignantes si elles ne font pas partie d’un accord commercial global. Ils craignent que la décision du Canada d’adhérer au nouveau PTP, sans les États-Unis, coûte des emplois tout en minant les capacités du pays à résister aux demandes américaines dans le cadre des négociations sur un nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Le président du syndicat Unifor, Jerry Dias, soutient que la lettre d’entente n’a aucun poids si elle ne fait pas partie de l’accord.

«Une entente parallèle n’est pas contraignante. On n’a même pas tenté de l’inclure dans le corps même de l’entente, a-t-il déploré. M. Dias a prédit que le nouveau PTP permettra éventuellement à la Chine d’envahir le marché nord-américain avec ses pièces automobiles.

Selon lui, en obtenant du Japon la clause «du pays le plus favorisé», M. Champagne a reconnu avoir signé une mauvaise entente.

De son côté, Flavio Volpe, de l’Association des manufacturiers de pièces d’automobile, rien n’indique que la lettre entente n’éliminera réellement les obstacles au commerce avec le Japon. Il doute qu’elle permette d’augmenter le nombre de véhicules canadiens vendus au Japon.

«(La lettre) aura autant d’influence sur la vente de véhicules neufs au Japon que sur le prix du fromage à Windsor», a-t-il dit.

Le président de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules, Mark Nantais, soutient que les lettres d’entente ne sont pas contraignantes et peuvent être interprétées de façon subjective par les autorités japonaises. Il cite par exemple que les dimensions d’une plaque automobile pourront représenter un obstacle non tarifaire au commerce.

M. Nantais reproche aussi au gouvernement d’avoir ignoré les conséquences qu’aura le PTP sur l’ALÉNA, notamment sur le contenu nord-américain des véhicules. Les entreprises, dit-il, n’auront pas le choix de transférer leur production hors du continent en raison de futures clauses de l’ALÉNA. «Une fois que ces emplois-là sont perdus, ils le sont pour de bon.»

Un porte-parole du ministre Champagne, Joe Pickerill, a indiqué que la lettre d’entente sera soumise au droit international. Elle donnera aux deux pays un moyen pour régler des disputes d’une «façon significative».

«C’est puissant, c’est contraignant. On aura un véritable accès pour la première fois grâce à un outil qui aura des dents pour nous appuyer», a-t-il souligné.

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