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Le blocus à la Romaine est démantelé

MONTRÉAL – Hydro-Québec a démantelé, en fin de journée jeudi, le barrage humain érigé plus tôt par des écologistes sur la route d’accès à la rivière Romaine en Minganie, sur la Côte-Nord.

Ces écologistes voulaient ainsi imposer un temps d’arrêt sur les chantiers de construction d’Hydro-Québec.

Quatre personnes s’étaient accrochées à des morceaux de bois et de ciment; elles s’étaient pourtant «débrouillées pour que ce soit difficile de les enlever de là», comme l’a expliqué le porte-parole du groupe environnemental Alliance Romaine, Christopher Scott.

Le groupe — composé d’une quinzaine de citoyens de Havre-St-Pierre, Sept-îles, Montréal, Mingan et de diverses communautés autochtones du secteur — se trouvait sur une route perpendiculaire à la route 138.

Ces militants dénoncent le projet hydroélectrique de La Romaine, car il serait déficitaire et il n’aurait pas fourni les bénéfices promis aux travailleurs et aux communautés de la région, selon eux.

À Hydro-Québec, la porte-parole Marie-Élaine Deveault a rappelé que la société d’État a obtenu «toutes les autorisations nécessaires» pour la réalisation du projet au terme de consultations publiques et d’un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

Le projet prévoit la construction de quatre centrales alimentées par des réservoirs. Les travaux pour l’une d’elles ont commencé en 2009, et l’érection de deux centrales supplémentaires a lieu cette année.

Selon le directeur de l’Axe environnement et énergie du Centre de recherche en économie de l’environnement, de l’agroalimentaire, des transports et de l’énergie de l’Université Laval, Patrick Gonzalez, les militants d’Alliance Romaine voient juste à certains égards.

«J’ai l’impression que oui, ce projet-là est déficitaire», a-t-il dit en entrevue, avant d’expliquer que le coût de l’électricité connaît un creux important, car il est déterminé par le prix du gaz, entre autres.

«L’électricité produite à partir du gaz naturel coûte entre 5 et 7 cents à produire», a-t-il précisé.

Le coût de revient de l’hydroélectricité oscille plutôt entre 6 et 10 cents.

«Les prix ont beaucoup changé. Il y a eu effondrement des prix dans le gaz naturel après 2008. La situation n’est pas la même qu’au moment de lancer le projet», a dit M. Gonzalez.

«S’il fallait décider aujourd’hui de partir La Romaine, ce ne serait vraiment pas une bonne idée, mais bon, c’est difficile d’arrêter à mi-chemin…»

Du point de vue d’Alliance Romaine, le gouvernement libéral a carrément fait le choix «idéologique» de favoriser le développement des barrages afin de vendre l’électricité, produite à perte, à des compagnies minières et des alumineries.

Christopher Scott estime que les «Québécois sont perdants avec ce projet», tant d’un point de vue écologique qu’économique.

Il ajoute que le projet est «mal conçu» et «mal géré», et il dénonce l’octroi d’un contrat par Hydro-Québec à une compagnie du controversé homme d’affaires montréalais Tony Accurso.

«C’est une grande déception», laisse-t-il tomber.

«Les contrats sont allés à des compagnies qui ne sont pas de la Minganie. Ce sont les sociétés d’Accurso qui ramassent les contrats, tandis que la communauté subit les contrecoups.»

Selon M. Gonzalez, toutefois, tout n’est peut-être pas perdu.

«Si La Romaine est bel et bien construite, on augmentera la capacité d’Hydro-Québec à générer de l’électricité», affirme-t-il.

«On verrait donc encore moins la nécessité d’aller vers les types d’énergie comme le gaz de schiste», dit-il.

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