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Lutte aux paradis fiscaux: des citoyens exigent des actions d’Ottawa

Photo: Oxfam québec
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Une coalition citoyenne menée par le comédien Vincent Graton et la fiscaliste Marwah Rizqy était de passage à Ottawa vendredi pour exiger que le gouvernement Trudeau s’attaque aux paradis fiscaux une bonne fois pour toutes.

«Le Canada est l’un des rares pays qui ne fait absolument rien sur la question de l’évasion fiscale et de l’équité fiscale», a dénoncé Mme Rizqy.

Elle presse le gouvernement Trudeau de se doter d’«un cadre législatif digne d’un pays membre du G7».

La coalition #justicefiscale à laquelle participe également le philosophe Alain Deneault a rencontré des haut-fonctionnaires de l’Agence du revenu du Canada (ARC) vendredi après-midi pour leur proposer des pistes de solution.

La ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, n’était pas présente. Elle se trouve présentement à Paris pour une rencontre avec des membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Son cabinet a toutefois invité la fiscaliste Brigitte Alepin comme experte indépendante.

«Je pense qu’ils étaient en mode écoute, mais en même temps il y a une limite aussi à ce qu’ils peuvent nous dire puisque nous n’avions pas d’élus en face de nous», a relaté Vincent Graton à l’issue de la rencontre.

Quelques heures auparavant, les membres de la coalition avaient déposé une gerbe de fleurs — des oiseaux du paradis — devant la Chambre des communes en guise de symbole et un livre dédicacé d’Alain Deneault sur le Canada et les paradis fiscaux.

Cette coalition, qui compterait un million d’adeptes, est née à la suite des appels répétés du comédien Vincent Graton sur les réseaux sociaux. Depuis une centaine de jours, soit depuis la fuite des Paradise Papers, il interpelle le premier ministre pour qu’il sévisse contre les paradis fiscaux.

«C’est un enjeu qui est fondamental pour l’avenir de ce pays», a-t-il dit.

La coalition espère que le gouvernement Trudeau profitera du budget prévu mardi pour lancer des mesures qui mettraient fin à l’évasion fiscale et pour que les géants du web comme Google, Facebook et Netflix paient des taxes et des impôts au Canada.

«Actuellement, des fiscalistes, des économistes, des acteurs, des plombiers, des gens de toute la population disent une affaire: « ça n’a pas de maudit bon sens », a affirmé le comédien. Qu’on soit de droite, de gauche, fédéraliste, souverainiste (…), il faut que collectivement nous imposions une justice fiscale sur l’ensemble du territoire.»

La coalition a également rencontré des députés du Bloc québécois, du Nouveau Parti démocratique et le sénateur Percy Downe qui a déposé un projet de loi pour forcer le gouvernement à calculer l’écart entre les revenus qui devraient être perçus par le fisc et ceux qui sont réellement récoltés.

La fiscaliste Marwah Rizqy, qui était candidate pour le Parti libéral lors de l’élection fédérale de 2015, s’est dite extrêmement déçue par l’absence de leadership du gouvernement Trudeau sur la question des paradis fiscaux.

«Déçue ça serait vraiment un faible mot, a-t-elle avoué. Je vous dirais que je suis toujours libérale et, aujourd’hui, je trouve ça très triste de voir que tous les partis, incluant le Parti conservateur, ont répondu présents sauf le Parti libéral. C’est immense comme déception.»

Elle enjoint la ministre Lebouthillier à «mener son agence et non pas de se faire mener par son agence».

Le cabinet de la ministre rétorque qu’il est faux de prétendre que le gouvernement demeure les bras croisés et cite une série de mesures qui ont été prises. L’attaché de presse de Mme Lebouthillier, Jeremy Ghio, signale, entre autres, que le Canada partage des renseignements avec ses partenaires pour qu’il soit plus difficile de dissimuler de l’argent dans les paradis fiscaux. Il souligne également que le pays sera l’hôte à l’automne d’une réunion où des fiscalistes de partout dans le monde discuteront des règles fiscales internationales.

La fuite des Paradise Papers en novembre avait soulevé la controverse. Les documents liaient des proches du Parti libéral du Canada avec des fiducies offshore. Plus récemment, des investissements provenant des paradis fiscaux dans l’industrie naissante du cannabis ont également suscité de nombreuses questions.

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