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La productivité du travail continuerait de plomber le niveau de vie au Québec

Photo: Métro

Faute de réelle croissance de la productivité du travail depuis 35 ans, le niveau de vie au Québec reste l’un des plus faibles dans les pays industrialisés, selon une étude publiée lundi.

C’est ce qui ressort de l’étude Productivité et prospérité au Québec – Bilan 2017, publiée par HEC Montréal. «En 2016, un écart de plus de 25 % séparait le Québec de la moyenne OCDE20, pour une différence globale de près de 13 500$ par habitant. Cet écart est pratiquement sept fois plus grand qu’il ne l’était 35 ans plus tôt», écrit en préambule l’un des auteurs du rapport, Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité.

Seules les provinces maritimes, l’Espagne et la Corée du Sud affichent un niveau de vie – une mesure issue du produit intérieur brut (PIB) par habitant – inférieur à celui du Québec (47 443 $ par habitant en 2016). Les auteurs précisent que cette mesure n’offre pas d’indication quant à la qualité de vie étant donné qu’elle n’indique pas si la richesse est distribuée également. «Le PIB par habitant est avant tout un indicateur de la capacité d’une économie à générer de la richesse plutôt qu’un indicateur de la qualité de vie», écrivent les auteurs.

Au sujet de la répartition de la richesse, le Québec fait généralement bonne figure et fait partie des provinces canadiennes les moins inégalitaires avec le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. Et comme le coût de la vie y est de 5% à 14% moins élevé que la moyenne canadienne, la différence entre le niveau de vie des Québécois et des provinces les plus riches s’en retrouve réduit.

C’est d’ailleurs ce que souligne Philippe Hurteau, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), un centre de recherche connu pour ses positions de gauche. «Quand les chercheurs de HEC utilisent des moyennes, par exemple le PIB moyen par habitant, ils masquent les disparités internes propres à chaque pays», souligne-t-il.

En divisant la population en deux selon le revenu, le chercheur de l’IRIS s’est rendu ainsi compte que dans les 50% les moins riches, le revenu médian se situait à 17 200$ au Québec contre 15 900$ en Ontario. «Ce n’est pas évident si le Québec a réellement le retard de prospérité qu’on lui prête», lance M. Hurteau.

La faible croissance du niveau de vie au Québec – 1,2 % par an depuis 1981– s’explique avant tout par le déclin du secteur manufacturier et la baisse des exportations qui ont été durement touchés par l’appréciation du dollar canadien, selon le rapport d’HEC Montréal.

Dans ce contexte, «le Québec affiche l’un des plus faibles niveaux d’investissements per capita (9267 $ par habitant, soit 3700 $ de moins que la moyenne au Canada)», ce qui alimente le cercle vicieux de la faible productivité de l’économie québécoise, note le rapport.

Toutefois Philippe Hurteau se demande qui bénéficierait le plus de gains en productivité. «Ceux qui en ont le plus besoin ou les dirigeants qui ont vu les gains en capital occuper une part de plus en plus importante de leur rémunération depuis 30 ans?» expose-t-il.

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