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Tabac à Hampstead: des réactions mitigées

Morgan Lowrie, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La Ville de Hampstead s’apprête à interdire l’usage du tabac dans tous les lieux publics, incluant les parcs et les trottoirs. Le projet de règlement suscite des réactions mitigées, dont celle d’un organisme de défense des non-fumeurs qui craint que les contrecoups soient encore plus dommageables.

Le projet de règlement sur l’usage des produits du tabac et autres substances sur le territoire de la municipalité de l’ouest de l’île de Montréal a été adopté lundi. Le règlement pourrait être officiellement entériné lors d’une prochaine séance du conseil, en avril.

L’usage du tabac serait alors interdit sur l’ensemble des propriétés municipales «incluant les parcs, les rues, les trottoirs, les édifices municipaux» ainsi que les «terrains adjacents» à ces édifices.

Si le règlement entre en vigueur, Hampstead va devenir la première municipalité au Canada à bannir la cigarette dans les rues, selon la Société canadienne du cancer.

Pour le porte-parole de l’Association pour les droits des non-fumeurs, François Damphousse, il ne s’agit toutefois pas d’une si bonne nouvelle.

«Nous, comme groupe de santé, nous avons travaillé pendant des décennies pour essayer de contrôler l’usage du tabac à l’intérieur des lieux publics et des lieux de travail. On veut que les gens aillent fumer à l’extérieur et non à l’intérieur», a-t-il commenté.

François Damphousse craint surtout que le règlement de Hampstead soit imité par d’autres municipalités à plus forte densité et qui compte plus de lieux publics et de lieux de travail où les problèmes pourraient devenir plus graves.

«Malheureusement, ce genre d’initiatives là fait en sorte que les gens n’auront plus aucun endroit où aller fumer. Ça va créer de la pression pour que les gens demeurent à l’intérieur et fument beaucoup plus à l’intérieur. Ils vont non seulement contaminer leur logement, mais aussi créer des problèmes auprès de leurs voisins», croit-il.

D’après le défenseur des droits des non-fumeurs, la majorité des plaintes qui concernent la fumée secondaire proviennent de locataires et de propriétaires d’immeubles qui se plaignent de leurs voisins. Il s’attend à ce de tels règlements aggravent le problème.

Le directeur général de l’Association canadienne des libertés civiles, Michael Bryant, estime que ce règlement discrimine les personnes à plus faibles revenus, puisqu’elles seraient plus susceptibles d’être des fumeurs et moins susceptibles d’être propriétaires de leur logement.

«La science sociale est claire que si la cigarette a chuté en popularité chez les biens nantis, elle continue d’être une sorte de réconfort pour les plus pauvres», a-t-il commenté en entrevue téléphonique.

«Cela aura pour effet de forcer les personnes économiquement désavantagées à quitter la communauté», croit Michael Bryant.

En périphérie de Hampstead, plusieurs résidants ont confié à La Presse canadienne qu’ils considèrent que le règlement va trop loin.

«Les gens devraient avoir le droit de fumer dans la rue, bon sang!», a répondu Jennifer Sugar, qui dit fumer sur son balcon. «La fumée secondaire s’en va tout de suite, elle ne dérange personne», ajoute-t-elle.

Pour David Naicker, un Ontarien en visite dans la région et qui est lui-même fumeur, il s’agit d’une bonne idée.

«Je suis fumeur, je suis coupable, mais pourquoi pas?», a-t-il répondu en pleine pause cigarette. «La société change et c’est vrai que ça tue», reconnaît-il.

À la Société canadienne du cancer, l’analyste principal des politiques Rob Cunningham est convaincu que d’autres municipalités vont suivre l’exemple de Hampstead. Surtout parce qu’elles ne savent pas comment gérer la légalisation prochaine du cannabis.

La future loi fédérale force les municipalités à agir rapidement concernant l’enjeu du cannabis, notamment parce que de plus en plus de citoyens réclament un environnement sans fumée.

Personnellement, Rob Cunningham se dit favorable à l’interdiction de fumer imposée par Hampstead, rappelant que les gens vont demeurer libres de fumer sur les terrains privés.

«Toute restriction est une nouvelle motivation pour amener les gens à cesser de fumer», observe-t-il.

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