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Acier et l’aluminium: le Canada et le Mexique épargnés des tarifs

Evan Vucci / The Associated Press Photo: Evan Vucci
Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Le Canada peut respirer, du moins pour l’instant: il est exempté des tarifs américains sur l’acier et l’aluminium pour une période indéterminée.

Le président américain, Donald Trump, a signé jeudi des proclamations instaurant des tarifs sur les importations mondiales d’acier et d’aluminium de 25 pour cent et 10 pour cent respectivement. Ils entreront en vigueur dans 15 jours.

Après des mois de lobbying frénétique, de pressions diplomatiques et de débats enflammés au sein de son administration, M. Trump a tenu sa promesse d’imposer des tarifs lors de la cérémonie de signature qui s’est déroulée jeudi après-midi à la Maison-Blanche, en compagnie de travailleurs du secteur de l’acier.

Le président s’est cependant retenu de menacer ses voisins immédiats.

Le Canada n’avait pas ménagé les efforts ces derniers temps afin que le pays soit épargné par les tarifs frontaliers. De nombreux représentants du gouvernement canadien à New York, à Washington et au Texas ont fait pression auprès de leurs homologues américains.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a parlé jeudi d’un «véritable effort d’Équipe Canada», saluant aussi l’apport de premiers ministres de provinces, d’entreprises et de leaders syndicaux.

«Ce travail se poursuit et il se poursuivra jusqu’à ce que la perspective de ces tarifs soit levée de façon complète et permanente», a-t-elle déclaré.

La ministre a affirmé que le Canada prévoyait maintenir cet enjeu séparé des négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), comme il l’a fait avec les différends sur le bois d’oeuvre, le papier et Bombardier.

De son côté, le gouvernement du Québec s’est réjoui de l’exemption dont profite le Canada, mais il espère que celle-ci deviendra complète et permanente.

«À cet effet, le gouvernement du Québec entend tenir une table ronde avec les partenaires de l’industrie de l’aluminium et de l’acier afin de trouver des solutions au protectionnisme américain», a indiqué le cabinet de la vice-première ministre et ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Dominique Anglade dans un communiqué publié jeudi soir.

M. Trump a évité jeudi d’aborder la question que plusieurs observateurs se posent: la menace des tarifs servira-t-elle d’outil de manipulation à la table des négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA)? Il s’est contenté de dire que l’exemption était en place pour l’instant, et que l’ALÉNA était important pour la sécurité économique et nationale.

«En raison de la nature unique de notre relation avec le Canada et le Mexique (…), nous n’allons pas imposer de tarifs à ces deux pays», a affirmé M. Trump lors de la cérémonie.

«Si nous n’avons pas d’entente sur l’ALÉNA, et si nous mettons fin à l’ALÉNA (…) nous allons tout recommencer du début. Ou nous allons procéder autrement. Mais nous allons mettre fin à l’ALÉNA, et ça sera tout. Mais j’ai l’impression que nous allons nous entendre sur l’ALÉNA (…) Si nous le faisons, il n’y aura pas de tarifs pour le Canada, et il n’y aura pas de tarifs pour le Mexique.»

Cela pourrait toujours être perçu comme un problème juridique pour l’administration Trump.

Sécurité nationale ou outil de négociation?

Une provision d’une loi américaine de 1962 permet au président de mettre en place des tarifs d’urgence lorsqu’il juge qu’il s’agit d’un dossier de sécurité nationale. Mais la Maison-Blanche a réduit la solidité de cet argument ces derniers jours. En décrivant les tarifs comme un outil de négociations qui pourrait permettre d’obtenir des concessions dans les négociations de l’ALÉNA, l’administration Trump s’expose à des poursuites internationales et à des mesures de représailles.

L’administration a depuis rajusté le tir. «Nous aurons des discussions avec le Canada et le Mexique», a affirmé un haut responsable de la Maison-Blanche lors d’une rencontre avant l’annonce officielle des tarifs. «Les discussions sur l’ALÉNA feront partie de cela parce que l’ALÉNA représente une importante partie de la relation de sécurité sur le continent.»

Le haut responsable a exprimé une certaine frustration quant à la façon dont les tarifs ont été décrits par les médias, faisant référence à plusieurs reprises aux «fausses nouvelles» et aux lobbyistes opposés aux mesures qui en exagéreraient les effets néfastes.

Deux sondages publiés cette semaine ont montré que les tarifs sur l’acier et l’aluminium étaient impopulaires.

Mais le même responsable a insisté pour dire qu’il s’agissait vraiment d’une question de sécurité nationale. Six alumineries ont fermé leurs portes ces dernières années aux États-Unis, et il n’en reste que cinq, dont deux qui tournent à plein régime, ce qui place le pays dans une situation où ils pourraient éventuellement devoir importer tout l’aluminium dont ils ont besoin.

Le responsable de la Maison-Blanche a aussi rejeté les articles de certains médias qui ont qualifié le processus menant aux tarifs d’arbitraire, de paresseux et de susceptible d’être contesté en cour.

Un article en particulier a indiqué que le président avait révisé à la hausse les recommandations de son département du Commerce — qui visait des tarifs de 24 pour cent sur l’acier et de 7 pour cent sur l’aluminium — parce qu’il voulait de beaux chiffres ronds.

Le Canada est le principal fournisseur d’acier et d’aluminium aux États-Unis.

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