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Autochtones tuées: Ne pas devenir une statistique

HAPPY VALLEY-GOOSE BAY, T.-N.-L. — Une Autochtone de Terre-Neuve-et-Labrador craint d’aller rejoindre un jour sa mère dans les sinistres statistiques sur les meurtres de femmes et de filles autochtones.

Témoignant jeudi au Labrador à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, Amena Evans Harlick a raconté que sa mère avait été étranglée à l’âge de 24 ans, en 2002. Son cadavre, inséré dans un sac de couchage, avait été retrouvé dans un vide sanitaire.

Mme Harlick craint aujourd’hui que le meurtrier vienne la tuer à sa sortie de prison. «Je ne devrais pas endurer une telle peur (…) Je ne veux pas devenir une simple statistique», a-t-elle confié à la commission.

Une autre témoin, Sylvia Murphy, a raconté comment sa soeur et elle avaient été ignorées par les policiers lorsqu’elles ont porté plainte pour des agressions sexuelles subies alors qu’elles étaient en familles d’accueil. «La justice nous a laissées tomber. Lorsque l’enquêteur nous a annoncé que des accusations ne pouvaient pas être portées, tout mon monde s’est effondré.»

Mme Murphy, une Micmaque, a aussi dénoncé le fait qu’Ottawa avait révoqué son «statut d’Indienne» parce qu’elle ne respecterait plus les exigences — même si elle soutient avoir fourni tous les documents requis. Cet enjeu est d’ailleurs revenu souvent lors des audiences de la commission: certaines Autochtones perdent notamment leur statut lorsqu’elles marient un allochtone.

Au début de cette deuxième journée d’audiences à Happy Valley-Goose Bay, jeudi, Johannes Lampe, président de l’assemblée régionale Nunatsiavut, a lu patiemment la liste de toutes les femmes et les filles autochtones de Terre-Neuve-et-Labrador disparues et assassinées.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a mis sur pied cette commission d’enquête tout de suite après son élection à la fin de 2015. La commission, qui espérait remettre son rapport d’ici la fin de 2018, a demandé mardi à Ottawa une prolongation de deux ans de son mandat. Elle a entendu jusqu’ici près de 800 témoins au cours de quelque 250 audiences tenues dans différentes régions du pays.

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