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Tina Fontaine: la Couronne n'ira pas en appel

Tina Fontaine Photo: HO / La Presse Canadienne
Steve Lambert, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WINNIPEG — Le ministère de la Justice du Manitoba annonce que la Couronne ne portera pas en appel l’acquittement d’un homme qui était accusé d’avoir tué la jeune Tina Fontaine et d’avoir jeté son corps dans la rivière Rouge.

La Couronne a précisé dans un communiqué que seules des erreurs de droit pouvaient être invoquées en appel lorsqu’un individu est déclaré non coupable.

Dans sa déclaration publiée mardi, la Couronne dit avoir mené un «réexamen critique» du dossier, avant de conclure qu’il n’y avait «aucun motif» qui pourrait permettre de l’emporter en appel.

Le mois dernier, un jury a déclaré Raymond Cormier non coupable du meurtre non prémédité de la jeune Autochtone de 15 ans.

Son corps, emballé dans une housse de couette dans laquelle des roches avaient été ajoutées pour l’alourdir, avait été repêché dans la rivière Rouge de Winnipeg huit jours après sa disparition, en août 2014.

La Couronne affirme avoir informé la famille de sa décision.

La grande chef Sheila North, qui représente les Premières Nations dans le nord du Manitoba, estime que cette décision blesse encore davantage les peuples autochtones.

«C’est un autre revers face à la réalité que le système de justice a déçu Tina Fontaine et sa famille. Ça laisse un autre trou béant dans le coeur des Autochtones», a-t-elle déploré.

James Favel, qui avait établi une patrouille volontaire pour surveiller les rues après la mort de l’adolescente, n’est pas surpris de la décision de la Couronne.

«Nous n’avons plus aucune attente face à la justice», a-t-il soutenu.

Tina Fontaine avait été élevée par sa grand-tante Thelma Favel, dans la Première Nation Sagkeeng, à environ 120 kilomètres au nord-est de Winnipeg.

La jeune fille s’était rendue à Winnipeg en juin 2014 pour visiter sa mère et était tombée dans le fléau de l’exploitation sexuelle.

Mme Favel avait appelé les Services à l’enfance et à la famille pour faire part de ses inquiétudes sur sa nièce, qui fuyait les refuges et les hôtels où elle était hébergée.

Elle avait été vue une dernière fois alors qu’elle quittait un hôtel du centre-ville. L’adolescente avait dit à un employé des services sociaux qu’elle allait magasiner avec des amis.

Pendant le procès, les jurés ont appris comment Tina Fontaine et son copain auraient rencontré Raymond Cormier, qui aurait fourni au couple un endroit où rester et de la drogue.

Des témoins se sont souvenus d’une dispute entre Tina Fontaine et Raymond Cormier en pleine rue concernant le vol d’un camion, alors que Tina accusait l’homme d’avoir vendu son vélo pour acheter de la drogue. L’adolescente avait même rapporté le vol de camion à la police.

D’autres témoins avaient aussi affirmé que M. Cormier avait une housse de couette similaire à celle qui entourait le corps de Tina.La Couronne a argué que Raymond Cormier s’était incriminé par ses propres aveux dans des enregistrements secrets de la police, mais la défense a fait valoir un doute raisonnable en raison de multiples failles de nature médico-légale dans la poursuite.

Il n’y avait pas de preuve d’ADN qui liait Tina Fontaine à Raymond Cormier et les médecins appelés à la barre lors du procès n’avaient pas pu dire avec certitude la cause de sa mort.

Un médecin légiste avait témoigné que sa mort était suspecte en raison de la manière dont son corps avait été trouvé.

L’avocat de la défense Anthony Kavanagh a réitéré mardi que le jury avait pris la bonne décision.

«Le jury diversifié et extrêmement représentatif a fait son travail de façon honorable», a-t-il déclaré dans un message texte.

«En bref, des preuves — et non l’émotion — sont requises pour une condamnation et malgré la volonté humaine de trouver un bouc émissaire, justice a été rendue ici», a-t-il conclu.

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