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Une lettre de Manon Massé fortement dénoncée

Parti Quebecois Leader Jean-Francois Lisee calls on the government to cancel the bonus to specialized doctors during question period in the National Assembly, in Quebec City on Wednesday, March 14, 2018. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Des propos récents de Manon Massé sur les hommes ont créé un malaise dans la classe politique, mais la députée de Québec solidaire maintient sa position.

Mme Massé a pris la plume le 8 mars dernier à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Elle a publié un texte dans Le Devoir, dans lequel elle dénonce le fait que «depuis 30 ans, c’est la même clique qui se passe la rondelle du pouvoir».

Des chefs comme Philippe Couillard, François Legault et Jean-François Lisée font partie de cette clique depuis trop longtemps, a-t-elle écrit. Ils font partie d’un «boys club» qui «laisse les infirmières s’épuiser et se tuer à la tâche, pour des peanuts».

Pire, poursuit-elle, «ce sont eux qui essaient de camoufler leurs scandales sexuels tout en refusant de débloquer des budgets adéquats pour lutter contre les violences sexuelles».

C’en était trop pour la ministre responsable de la Condition féminine, Hélène David, qui a dénoncé, jeudi en entrevue, les propos «exagérés» de Mme Massé.

«Je trouve qu’on mélange un peu la partisanerie politique avec les positions féministes, a-t-elle déclaré. Les hommes qui camouflent des scandales sexuels, là quand même, je trouve ça un peu exagéré.»

Le premier ministre Couillard a récemment ajouté 25 millions $ pour lutter contre les agressions sexuelles. «Ce n’est quand même pas rien, a argué la ministre. Le projet de loi que j’ai passé sur les violences dans les collèges et les universités, bien il a fallu que quelqu’un autorise et soit derrière moi dans toutes ces mesures-là, et il s’appelle Philippe Couillard.»

Il est tout aussi «exagéré», selon Mme David, de «mettre les hommes d’un côté et les femmes de l’autre». «Je trouve que ça va loin», a-t-elle résumé.

Loin de retirer ses propos jeudi, Mme Massé a dit faire entre autres référence aux cas d’harcèlement sexuel à l’Assemblée nationale.

Par exemple, selon elle, plusieurs savaient que des pages à l’Assemblée nationale étaient importunées par des élus, et n’ont pas agi.

«Je n’ai pas l’impression dans ma lettre d’avoir dit grand-chose de nouveau», a-t-elle expliqué en entrevue téléphonique.

Le texte de Mme Massé est «profondément choquant et injurieux», a quant à lui réagi le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée.

«C’est une lettre qui accuse tous les hommes de ne pas accompagner le combat des femmes et des LGBT vers plus d’égalité», s’est-il indigné en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

M. Lisée a souligné qu’il avait oeuvré comme conseiller de Jacques Parizeau et qu’ils avaient fait de l’équité salariale un projet de société. Il a également été conseiller de Lucien Bouchard, qui a doté le Québec d’une politique familiale, «la meilleure en Amérique du Nord», selon lui.

«De se faire dire par Mme Massé que tous ces gens-là depuis 30 ans font partie d’une clique de « boys club », ça nuit à la cause des femmes, a-t-il déclaré. Ce n’est pas en excluant ses alliés, ce n’est pas en refusant les alliances, ce n’est pas en injuriant ceux qui ont fait en sorte qu’il y ait des avancées pour les femmes, qu’on fait avancer la cause des femmes», a-t-il martelé.

M. Lisée reprenait en quelque sorte les arguments de sa candidate dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, Jennifer Drouin, qui a dit avoir été «estomaquée» en tant que «féministe et lesbienne» de lire «la charge anti-hommes» publiée par Manon Massé.

Mme Drouin affrontera Mme Massé dans la circonscription du centre-ville de Montréal aux prochaines élections.

Tous les gains obtenus par les femmes, au Québec comme ailleurs dans le monde, ont été réalisés par l’alliance de féministes avec des hommes réformistes et progressistes, a-t-elle écrit dans Le Devoir.

Jeudi, le député Amir Khadir, de Québec solidaire, a dit endosser «à 100 pour cent» les positions de sa collègue.

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