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Un laboratoire développe des produits dérivés de la marijuana

Workers produce medical marijuana at Canopy Growth Corporation's Tweed facility in Smiths Falls, Ont., on February 12, 2018. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: THE CANADIAN PRESS

SMITHS FALLS, Ont. — Au coeur des vastes installations de Canopy Growth, près d’Ottawa, se trouve un laboratoire où des techniciens vêtus de sarraus blancs et de filets pour les cheveux s’activent, transférant des liquides vers des contenants de verre pendant que des machines ronronnent et que des graphiques en trois dimensions se matérialisent sur les écrans.

Ce laboratoire est unique dans ces installations de 15 600 mètres carrés, et c’est ici que la compagnie peut procéder à des essais avec des produits qui sont illégaux ailleurs au Canada — et même à l’extérieur du laboratoire.

C’est une pièce distincte à l’intérieur de cette ancienne usine Hershey’s de Smith Falls, en Ontario, où Canopy a choisi de s’installer, et c’est ici que les scientifiques développent de nouveaux produits à base de cannabis, à boire ou à manger, à l’aube des changements attendus à la loi canadienne sur la marijuana.

«C’est probablement le laboratoire de marijuana le plus sophistiqué du Canada», a estimé le conseiller scientifique Ben Geiling.

Différents instruments analytiques sont utilisés pour mesurer la composition des échantillons de marijuana, par exemple la teneur en ingrédients actifs comme les cannabinoïdes et les terpènes, tandis que des spectromètres de masse traquent pesticides et toxines.

Des machines complexes remplissent la moitié de la pièce. C’est la première fois que la presse est autorisée à l’intérieur; interdiction donc de prendre des photos des appareils, pour empêcher les secrets de cette technologie de pointe de tomber entre les mains de la concurrence.

Au moment où le Canada s’apprête à légaliser la marijuana récréative plus tard cette année, le laboratoire de Canopy s’inscrit dans le cadre plus large du développement d’une industrie qui veut se débarrasser de son image de clandestinité et de marché noir.

M. Geiling est arrivé chez Canopy il y a deux ans et demi après avoir fait des études de deuxième cycle en biologie à l’université McGill, et il n’aurait jamais imaginé travailler dans le domaine de la marijuana.

«Absolument pas. J’étais très sceptique quand je suis arrivé ici, jusqu’au premier jour. J’ai compris que ce n’était pas le garage de quelqu’un, raconte-t-il. Honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je pensais que ce serait peut-être quelque chose d’assez simple, qu’il n’y aurait pas beaucoup de science. Je n’aurais pas pu me tromper plus.»

Canopy est devenue en 2016 la deuxième entreprise canadienne à obtenir une licence de distributeur. Cela lui permet notamment de tester la marijuana d’autres producteurs, afin d’en déterminer la composition chimique.

«On ne parle plus de quelque chose entre les mains des motards criminels ou de gens qui en font pousser dans leur sous-sol, a dit M. Geiling. C’est une véritable installation pharmaceutique.»

Même s’il se trouve au coeur des installations de Canopy, le laboratoire est considéré comme une entité distincte — au point où on doit remplir des formulaires pour y amener de la marijuana, même si elle se trouvait ailleurs sur place.

Le patron de la compagnie, Bruce Linton, explique que le laboratoire offre à Canopy une plus grande marge d’erreur que ses rivales.

«On ne se contente pas de tester des produits. On essaie d’inventer des choses, a-t-il dit en montrant tout ce qui se trouve autour de lui. Est-ce que ça ressemble à des installations de marijuana ou à un laboratoire sophistiqué où des détenteurs de doctorats peuvent échanger des idées?»

Canopy emploie 370 personnes à Smith Falls et plus de 700 à travers le Canada; la compagnie cherche aussi à combler plus de 300 emplois.

Ça n’a pas toujours été le cas. Au début de 2014, dit M. Linton, réussir à trouver des employés était pénible. «Le gros problème était d’annoncer à vos parents que vous alliez travailler dans la marijuana», a-t-il expliqué.

Mais c’est chose du passé, au moment où la compagnie s’apprête à embaucher des centaines de personnes.

«C’est difficile de ne pas s’emballer», a dit M. Linton.

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