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Couillard défend les monopoles du REM

Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le premier ministre Philippe Couillard défend les monopoles obtenus par le Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement, qui veut régner sans partage sur de vastes pans de la grande région de Montréal.

La mairesse de Montréal, Valérie plante, a pour sa part réclamé des explications à la Caisse de dépôt.

La Presse canadienne a obtenu mercredi un projet d’entente confidentiel qui prévoit que le REM obtiendra des zones de monopole condamnant les services de transport en commun existants et qui oblige à rabattre la clientèle vers ses gares.

De vastes bassins de non-concurrence ont ainsi été définis sur la rive sud, sur la rive nord, ainsi qu’au centre-ville de Montréal même.

Monopole justifié

Dans un point de presse à Hemmingford jeudi, le premier ministre a déclaré que le REM était voué à l’échec s’il n’y avait pas eu de monopole. Il a répondu par l’affirmative aux journalistes qui lui demandaient s’il était logique qu’on accorde au REM ces monopoles sur des territoires qui sont plus vastes que ce qu’il couvre.

«Bien sûr, parce qu’il n’y aurait pas eu de projet sinon», a-t-il répondu.

M. Couillard a convenu que d’autres projets pouvaient être présentés à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui coordonne le transport en commun dans la région. Cependant, ils sont pratiquement condamnés d’avance.

«Tout autre projet devra être soumis à l’ARTM, mais on ne peut pas voir un projet qui va faire la même chose que le REM, clairement», a-t-il conclu.

Montréal demande des explications

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a quant à elle demandé à la Caisse de mettre cartes sur table. Elle soutient que les élus qui ont voté pour l’entente financière à l’ARTM concernant le REM avaient une autre compréhension que ce qui ressort du document.

Le rabattement n’était pas aussi précis et les gestionnaires avaient le loisir de faire le rabattement en fonction des autobus ou du transport collectif souhaité, «cela ne va pas se limiter au REM», a-t-elle commenté.

«Je souhaite que CPDQ Infra puisse partager toutes les informations», a-t-elle requis.

«Artificiellement rentable»

L’opposition péquiste s’est insurgée, à la période de questions, des avantages obtenus par le REM dans le document de travail confidentiel avec l’ARTM.

«Tout ça, pour rendre le REM artificiellement rentable, pour le transformer en machine à siphonner de l’argent, a tonné le porte-parole péquiste en transports, Martin Ouellet, en faisant ensuite un jeu de mots avec la Caisse de dépôt. Nouveau slogan: tout le monde dans le train, on passe à la caisse!»

En point de presse peu après, le député de René-Lévesque a déploré que le modèle d’affaires de la Caisse passe par la création d’un monopole, l’élimination de la concurrence, et le rabattage des passagers peu importe leur proximité avec les gares du REM.

Il prédit que d’autres projets d’intermodalité ou de transport ne pourront être développés dans les prochaines décennies en raison de la préséance du REM. Selon lui, c’est le citoyen qui est le grand perdant, alors que le projet du REM est censé se mettre en branle dès le mois prochain.

«L’important, ce n’est pas où les citoyens veulent aller, mais c’est où les amener, c’est les amener vers le REM», a dénoncé à ses côtés sa collègue, la députée de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, en regrettant que tout l’est de Montréal a été négligé par le projet de la Caisse.

Rappelons que le PQ a proposé cette semaine, s’il forme le gouvernement en octobre, de renoncer au projet pour mettre en place un réseau beaucoup plus étendu de transport en commun qui réduirait davantage la congestion routière.

Le REM est un projet de train de banlieue de 6,3 milliards $ mené par la Caisse de dépôt, mais également financé par le Québec, le fédéral et Hydro-Québec.

Il comprend une grande ligne qui va de la rive nord (Deux-Montagnes) à la rive sud (Brossard) en passant par l’île de Montréal, ainsi que deux segments vers l’ouest de l’île, pour un total de 26 stations. Les travaux doivent commencer en avril et se terminer en 2021.

Bassins de monopole et de rabattement

Sur les cartes contenues dans le document confidentiel, on peut voir que la zone de monopole à l’ouest va de l’autoroute 13 jusqu’à Sainte-Anne-de-Bellevue, sur l’île de Montréal, s’étend aussi sur l’île Jésus vers l’ouest à partir de la 13, et dans les Basses-Laurentides, suit l’ouest de la 148 jusque aussi haut que la 50.

En Montérégie, le monopole s’étend au sud de la 116, à l’ouest de Saint-Basile-le-Grand, jusqu’aux limites de Candiac.

Sur l’autre carte, à Montréal même, le bassin de non-concurrence est délimité par le boulevard Saint-Laurent, la rue Jean-Talon, le chemin de la Côte-des-Neiges, jusqu’à la ligne Mont-Saint-Hilaire et l’autoroute Bonaventure.

Par ailleurs, l’ARTM s’engage à rabattre par autobus les usagers du transport en commun vers les gares du REM. Les bassins de rabattement sont également très vastes, mais ils comprennent des zones partagées, notamment avec la ligne de train Vaudreuil du Réseau de transport métropolitain (RTM), ainsi qu’avec les lignes Candiac et Mont-Saint-Hilaire pour certaines portions.

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