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Nouvelle méthode pour sceller les puits abandonnés

Jeff McIntosh / La Presse Canadienne Photo: Jeff McIntosh
Dan Healing, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

CALGARY — De nouvelles technologies qui ont recours à la force brute et à une activité volcanique artificielle sont en développement afin de mieux sceller des milliers de puits abandonnés qui laissent échapper du méthane à travers le Canada, un gaz qui contribue de manière démesurée au réchauffement climatique.

Cette technologie progresse au moment où les gouvernements fédéral et provinciaux adoptent de nouvelles cibles de réduction de ces émissions de méthane qui, de l’aveu même de l’industrie, sont difficiles à mesurer, et encore plus à contrôler.

Une entreprise norvégienne a déployé en Colombie-Britannique et en Alberta une technologie qui crée sous terre une poche de «magma artificiel» — semblable au magma volcanique — qui bouche les puits en fusionnant les tuyaux d’acier aux roches voisines.

Michael Skjold a expliqué avoir eu l’idée d’utiliser de la thermite — un mélange d’aluminium métallique et d’oxyde d’un autre métal qui brûle à environ 3000 degrés Celsius — pour sceller les puits d’hydrocarbures il y a environ huit ans. Il en a maintenant fait une entreprise commerciale.

«La réaction dure peut-être deux ou trois minutes et puis on dirait du magma qui jaillit d’un volcan. Un petit volcan de fabrication humaine. Très contrôlable, a-t-il dit lors d’une entrevue à Calgary. Dans les faits, nous nous sommes inspirés des volcans parce que (…) nous créons quelque chose de très similaire à des roches ignées et de basalte.»

La thermite est utilisée depuis des décennies pour créer des liaisons exothermiques, une technique de soudage utilisée pour joindre les rails de chemin de fer ensemble en faisant fondre les extrémités d’acier. On considère que la thermite peut être entreposée et manipulée de manière sécuritaire puisqu’elle nécessite une grande quantité d’électricité pour enclencher la réaction.

La technologie de la compagnie norvégienne Interwell était tout d’abord destinée aux puits norvégiens en mer, mais puisqu’il y a près de 500 000 puits seulement en Alberta, comparativement à seulement 5000 en Norvège, la compagnie a décidé de se concentrer sur le Canada.

Le problème des puits abandonnés qui fuient est aussi plus visible au Canada qu’en Norvège. M. Skjold fait remarquer qu’il est difficile de savoir si des puits cachés sous des centaines de mètres d’eau, en mer du Nord, laissent échapper de petites quantités de gaz.

Interwell a testé sa technologie sur quatre puits en Alberta et sur un puits en Colombie-Britannique pour Shell Canada, pour L’Impériale et pour Canlin Energy au cours des 18 derniers mois, et prévoit en tester huit ou dix autres cette année. M. Skjold assure que les tests ont été réussis jusqu’à présent, mais les prochains tests cibleront des «puits problématiques» où les autres techniques de colmatage ont échoué.

La plupart des puits désactivés en Alberta sont scellés avec un bouchon de fonte et de caoutchouc par-dessus lequel on coule du ciment, a expliqué Will Butler, de l’agence provinciale responsable de ce genre de choses.

Si une fuite persiste, on perce habituellement le tuyau pour y injecter encore plus de ciment. Cette technique ne réussit toutefois qu’environ la moitié du temps et doit être répétée, ce qui gonfle les coûts. M. Skjold croit que sa technologie pourrait être une solution de rechange viable dans cette situation.

Le ciment a tendance à se contracter et à se détacher du tuyau, ce qui signifie que des puits étanches aujourd’hui pourront commencer à fuir dans l’avenir.

Entre 80 000 et 100 000 puits sont inactifs en Alberta, a dit M. Butler. Ce sont des puits qui ont cessé de produire, mais qui n’ont pas encore été complètement abandonnés.

Il a dit qu’entre 10 et 12 pour cent d’entre eux laissent probablement échapper du gaz.

«On sait qu’il y a plusieurs, plusieurs centaines, et peut-être même des milliers, de puits qui fuient sans que l’industrie le sache», a-t-il expliqué.

«Ils ont été abandonnés dans le passé, il y a peut-être des décennies, mais ça ne respecte pas les normes d’aujourd’hui et ils ont peut-être recommencé à fuir… L’industrie pense que ce n’est plus son problème. Mais elle a tort.»

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