Soutenez

Une citoyenne canadienne toujours retenue en Iran

Amy Smart, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

VANCOUVER — Près de deux mois se sont écoulés depuis la mort de leur père dans une prison de Téhéran, mais Mehran et Ramin Seyed-Emami n’ont pas eu un seul instant pour vivre leur deuil.

Ils disent concentrer toutes leurs énergies sur le rapatriement de leur mère, que les autorités iraniennes auraient empêchée d’emprunter un vol à destination de Vancouver il y a deux semaines.

Mehran Seyed-Emami raconte que son frère et lui l’accompagnaient lorsque son passeport lui a été confisqué. La veuve a alors insisté pour qu’ils regagnent le Canada sans elle, mais l’inquiétude les ronge depuis.

Mehran Seyed-Emami se dit reconnaissant envers le gouvernement canadien pour son implication dans ce dossier, bien que son pouvoir soit limité. Faute d’une ambassade en Iran, le Canada dépend d’alliés comme l’Italie en guise de canaux diplomatiques.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a toutefois elle-même parlé à leur mère, Maryam Mombeini, à deux reprises, rapporte-t-il.

Lundi, le premier ministre Justin Trudeau s’est saisi de Twitter pour lui aussi réclamer le retour au pays de Maryam Mombeini, de même que des explications pour la mort du professeur irano-canadien Kavous Seyed-Emami dans la prison d’Evin.

«Plus nous attendons, plus il y a de risques que quelque chose lui arrive potentiellement, s’alarme Mehran Seyed-Emami. Mon frère et moi essayons de rester forts, de faire rentrer ma mère à la maison dès que possible. Et ensuite, nous pourrons faire notre deuil ensemble.»

Il décrit son père comme un homme calme, qui avait enseigné la sociologie à l’Université Imam Sadeq, à Téhéran, pendant 27 ans avant d’être arrêté, le 24 janvier.

Mehran Seyed-Emami estime que c’est le travail de son père à la tête d’une organisation environnementale qui a fait de lui une cible gouvernementale. L’organisation, qui travaille à la protection du guépard asiatique, a notamment l’appui des Nations unies.

«Il y a une expression pour ça: avoir peur de ce qu’on ne comprend pas. Je pense que c’était un de ces cas, parce qu’ils faisaient un travail hautement académique et scientifique, fait valoir Mehran Seyed-Emami. Ils se sont dit que si quelqu’un de l’ONU ou d’une autre organisation internationale vient en Iran, ça doit être des espions.»

Après deux semaines sans nouvelles de son mari depuis son arrestation, Maryam Mombeini avait été convoquée au bureau du procureur sous prétexte qu’elle pourrait le voir et aider sa cause. Elle a plutôt été soumise à un interrogatoire de quatre heures, avant qu’on ne lui montre le corps.

Les autorités iraniennes prétendent que le professeur Kavous Seyed-Emami s’est enlevé la vie.

«Notre maison est probablement sous écoute et il y a probablement des micros chez nous, mais on s’en fout. Même quand la ministre Freeland a appelé, nous l’avons mise sur haut-parleur. Nous voulons qu’ils entendent ça, nous voulons qu’ils sachent que le monde entier regarde, que le monde entier est à l’écoute», a lancé Mehran Seyed-Emami.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.