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François Legault croit avoir manqué de temps

Photo: Ryan Remiorz

MONTRÉAL – Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a admis mercredi que les changements qu’il propose ont pu susciter des inquiétudes chez les électeurs, ce qui explique que son parti a terminé en troisième place au dernier scrutin.

M. Legault a affirmé que la CAQ, qui n’a réussi à faire élire que 19 députés, ne renoncera pas à son programme d’abolition de postes dans la fonction publique et parapublique et de restructurations administratives dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

Lors d’une conférence de presse à l’extérieur de sa permanence, M. Legault a affirmé qu’il était déçu de la performance de son parti, mais en même temps satisfait, compte tenu du peu de temps qui s’est écoulé depuis la création de la CAQ, l’automne dernier.

«On a essayé de convaincre les gens qu’on a besoin d’un changement, même si certains ont peut-être eu une certaine inquiétude avec les changements qu’on a proposés, a-t-il dit. Aujourd’hui je suis plus convaincu que jamais qu’il faut dire la vérité aux Québécois, qu’il y a une urgence de faire un virage, de faire un ménage, de relancer le Québec.»

Le résultat du scrutin de mardi contraste avec les derniers sondages, dont certains estimaient la CAQ en position de former l’opposition officielle. Durant la campagne, M. Legault avait même pressenti une vague qui porterait son parti au gouvernement.

Mercredi, M. Legault a affirmé qu’il avait manqué de temps pour exposer son programme de suppressions de postes chez Hydro-Québec et dans la fonction publique et d’abolition des commissions scolaires et des agences de santé.

«Il faut laisser le temps au temps, a-t-il dit. À l’impossible nul n’est tenu.»

Plaidant contre le statu quo, M. Legault a donné des signes d’ouverture dans plusieurs dossiers qu’il pourrait faire progresser avec le Parti québécois, qui doit former le prochain gouvernement.

Le chef caquiste a affirmé que la CAQ et le PQ souhaitent adopter une charte de la laïcité, intensifier les efforts pour promouvoir le français, et il est demeuré réservé sur la position qu’il adopterait si les péquistes annulaient par décret la hausse des droits de scolarité à l’université.

Concernant la loi 101, que le PQ veut renforcer, M. Legault, dont le parti se situe à l’extérieur du débat souverainiste-fédéraliste, a cependant prévenu qu’il avancera prudemment, soulignant qu’il s’oppose à obliger la fréquentation du cégep en français.

«On veut défendre notre culture mais on ne veut pas animer des chicanes seulement pour mousser le projet de souveraineté du Québec», a-t-il dit.

Au sujet de la taxe santé, que le PQ veut annuler grâce à l’ajout de paliers d’impôts pour les revenus supérieurs, M. Legault, qui propose de l’annuler seulement pour la classe moyenne, a évoqué la possibilité de compromis.

«La grosse question qui va se poser ce sera le financement de cette abolition, a-t-il dit. La Coalition était le seul parti qui proposait de réduire des dépenses et je n’en ai pas vu d’identifiées au Parti québécois.»

Malgré la perspective de l’arrivée d’un nouveau chef au Parti libéral, avec le départ de Jean Charest, M. Legault ne craint pas la concurrence sur le terrain du changement.

Le chef caquiste demeure confiant de pouvoir réaliser son rêve de remplacer le PLQ sur l’échiquier politique, notamment parce que les audiences de la commission Charbonneau sur la construction risquent de nuire à cet adversaire.

«Il n’y a pas juste le chef, il y a aussi la marque de commerce qui est en question et les façons de faire au Parti libéral, qui sont à revoir», a-t-il dit.

Au scrutin de mardi, la CAQ n’a pas réussi à s’imposer comme elle le souhaitait dans la banlieue montréalaise, la zone du «450», nommée ainsi à cause de l’indicatif téléphonique régional.

Quatre députés caquistes, dont M. Legault et sa vedette dans Saint-Jérôme Jacques Duchesneau, se sont fait élire sur la rive-nord, tandis que seulement deux ont remporté la victoire sur la rive-sud.

La CAQ demeure fortement représentée dans la grande région de Québec, où elle a des députés dans neuf circonscriptions, dont cinq que l’Action démocratique du Québec, maintenant fusionnée avec le nouveau parti, avait remportée en 2008.

Malgré tout, la CAQ n’est pas loin de ses rivaux, avec 27 pour cent des votes, contre 31,9 au Parti québécois et 31,2 au Parti libéral du Québec.

Le caucus de la CAQ se réunira jeudi pour la première fois à Québec, et les 125 candidats de la dernière élection se réuniront prochainement pour un post-mortem de la campagne.

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