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Hygiène vaginale: des produits liés aux infections

Rob O'Flanagan / La Presse Canadienne Photo: Rob O'Flanagan
Sheryl Ubelacker, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Les médecins conseillent depuis longtemps aux femmes d’éviter les douches vaginales en raison du risque d’infection et d’autres effets secondaires, mais une nouvelle étude laisse entendre que d’autres produits d’hygiène féminine pourraient être tout aussi nocifs.

L’étude menée par l’Université de Guelph révèle que 95 pour cent des quelque 1500 Canadiennes sondées au sujet de leur utilisation de gels, de crèmes contre les démangeaisons, de crèmes hydratantes, de vaporisateurs et de lingettes ont dit s’être servi de tels produits au moins une fois.

L’étude a découvert que les femmes qui utilisent des produits d’hygiène féminine courent trois fois plus de risques de souffrir d’une infection vaginale. Dans certains des cas, les femmes avaient acheté un produit afin de soulager un problème vaginal déjà existant.

Le chercheur en psychologie sociale Kieran O’Doherty, auteur principal de l’étude, précise que celle-ci n’indique pas si les produits causent une infection ou si les femmes utilisent les produits pour traiter une infection. Elle permet toutefois de croire à l’existence de fortes corrélations, qui méritent que l’on s’y attarde davantage.

Par exemple, les femmes ayant utilisé des gels — à l’externe ou à l’interne — couraient huit fois plus de risques d’avoir une infection à levures et étaient 20 fois plus susceptibles de rapporter une vaginose bactérienne.

La vaginose est causée par une prolifération de certaines bactéries, ce qui survient lorsque l’équilibre naturel des microbes dans le vagin est perturbé.

«Ces produits peuvent empêcher la croissance des bactéries saines nécessaires pour lutter contre les infections», explique M. O’Doherty, soulignant les recherches émergentes liant le déséquilibre de la flore vaginale à des problèmes de santé.

Les maladies inflammatoires pelviennes, le cancer du col de l’utérus, les troubles de fertilité, les grossesses ectopiques et les accouchements prématurés, de même que les infections bactériennes ou transmises sexuellement font partie des problèmes associés à une flore vaginale anormale, ajoute-t-il.

Risques accrus d’infection

L’étude, publiée dans le journal «BMC Women’s Health», a déterminé que les femmes ayant utilisé des hydratants et lubrifiants vaginaux étaient 2,5 fois plus susceptibles de rapporter une infection à levures et 50 pour cent plus à risque d’avoir une infection urinaire que celles qui n’en avaient pas utilisé.

Les femmes disant avoir utilisé des nettoyants vaginaux couraient près de 3,5 fois plus de risques de rapporter une infection bactérienne et étaient 2,5 fois plus susceptibles de déclarer une infection urinaire. Les lingettes féminines étaient associées au double des risques d’infection urinaire.

La docteure Chelsea Elwood, spécialiste des maladies infectieuses reproductives au BC Women’s Hospital and Health Centre, souligne que l’étude est l’une des premières à se pencher sur l’utilisation de ces produits dans un contexte canadien et confirme que leur utilisation devient plus commune.

Mme Elwood, qui n’a pas participé à la recherche, insiste toutefois sur le fait que l’étude a trouvé un lien avec l’utilisation des produits d’hygiène vaginale et les infections, mais ne peut déterminer s’ils sont la cause de ces infections.

«C’est un peu une conversation sur l’oeuf ou la poule, a-t-elle dit en entrevue depuis Vancouver. Est-ce qu’elles ont une infection à levures, puis elles se tournent vers l’hydratant vaginal parce qu’elles croient qu’il va aider? Ou est-ce qu’elles utilisent l’hydratant vaginal quotidiennement, puis contractent une infection à levures parce que le produit perturbe ce qui se trouve normalement là?»

«Ce type d’études ne peut répondre à cette question, mais il nous permet de penser que le sujet devrait être exploré davantage, et que tous ces produits offerts aux femmes ne sont peut-être pas aussi bénins qu’ils le prétendent.»

En règle générale, Mme Elwood suggère à ses patientes de ne pas utiliser de produits d’hygiène féminine.

«Particulièrement les hydratants, les crèmes contre les démangeaisons, les lingettes, les douches, la cire et le rasage(…) J’encourage les femmes à laisser les choses tranquilles en bas.»

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