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Les conservateurs veulent refuser l’entrée aux migrants irréguliers

Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement fédéral donne la priorité aux demandeurs d’asile qui «coupent la file d’attente» et prennent la place d’immigrants «légitimes» en entrant au Canada de façon «illégale», ont accusé les conservateurs lors de la période des questions, mardi.

Des propos aussitôt dénoncés par le ministre des Transports, Marc Garneau, qui préside le groupe de travail mis sur pied en août pour gérer la crise.

«Je recommande que mon collègue choisisse soigneusement ses mots parce que la fausse information et la rhétorique incendiaire ne font qu’attiser les flammes de la peur et de la division», a-t-il mis en garde.

Le Parti conservateur a déposé une motion mardi pour demander au gouvernement fédéral de stopper l’entrée de demandeurs d’asile irréguliers au pays. Il accuse le gouvernement de dépenser des millions de dollars pour «des solutions provisoires».

«Il n’y a aucun plan sinon de donner de l’argent, de l’argent, de l’argent, a dénoncé le porte-parole en matière de sécurité publique, Pierre Paul-Hus. (…) Il faut avoir un plan parce qu’on voit que la situation va continuer et même s’empirer et il n’y a aucune mesure de prise pour dire à ces gens-là d’arrêter de venir chez nous illégalement.»

Le discours conservateur a également fait sursauter le Nouveau Parti démocratique (NPD). «De vouloir les dépeindre comme des gens dangereux, criminels ou qui veulent abuser du système ou alors qui passent devant les autres immigrants, ce n’est pas vrai, a martelé le député Alexandre Boulerice. C’est faire populisme de droite et nous ne pouvons pas accepter cette rhétorique-là qui est dommageable.

«Un demandeur d’asile n’est pas un criminel, a-t-il souligné. Passer la frontière de manière irrégulière, c’est pour ces gens-là la seule manière d’ouvrir un dossier.»

Le NPD tout comme le Bloc québécois demandent la suspension de l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis pour inciter les demandeurs d’asile à utiliser les postes frontaliers réguliers.

En vertu de cette entente, la plupart des personnes arrivant au Canada par la voie terrestre sont refoulées. Elles doivent plutôt faire leur demande de statut de réfugié aux États-Unis, le premier pays où elles ont mis le pied.

«Je ne pense pas qu’on va vraiment mettre fin à l’afflux, c’est une problématique qui est mondiale et qui va continuer, a affirmé le chef parlementaire bloquiste, Xavier Barsalou-Duval. Cependant, il y a des moyens qu’on peut mettre en place pour que ça soit ordonné.»

Les conservateurs suggèrent plutôt de modifier l’entente pour que l’ensemble de la frontière soit considérée comme «un secteur protégé».

«Il faut que les gens comprennent que pour venir au Canada, il y a des règles à respecter», a insisté Pierre Paul-Hus.

Les conservateurs demandent au gouvernement de présenter un plan d’ici le 11 mai pour arrêter l’afflux des demandeurs d’asile et traiter adéquatement les demandes déjà déposées. La motion conservatrice a été rejetée.

Le Québec a indiqué la semaine dernière qu’il avait atteint la limite de sa capacité d’accueil et qu’il n’accueillerait plus l’excédent à compter du 24 avril dans ses centres d’hébergement temporaire à Montréal.

Les projections du ministère québécois de l’Immigration laissent entrevoir pour l’été prochain, en période de pointe, un rythme de 400 passages irréguliers par jour, soit près du double des 250 quotidiens de l’an dernier.

Le ministre Garneau a rappelé que le gouvernement allouera 74 millions $ pour accélérer le traitement des demandes d’asile par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. Ottawa a également accepté d’étudier la demande de remboursement de 146 millions $ du Québec pour la prise en charge des demandeurs d’asile en 2017 et mettra en place un processus de triage à la frontière pour alléger le fardeau de la province.

Le député Luc Thériault, du Groupe parlementaire québécois, espérait davantage de détails sur la mise en oeuvre de ces mesures.

«Le ministre ne nous dit pas qu’il est en train de débloquer les fonds pour faire de l’embauche, il nous parle de rien des demandes du Québec, du triage, a-t-il souligné. Bref, on est devant des gens qui n’ont pas l’air trop, trop à savoir où ils s’en vont.»

Le Québec a reçu 25 000 migrants irréguliers en 2017, soit la moitié de toutes les entrées de ce type au Canada, comparativement à une moyenne annuelle «normale» de 3500.

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