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CAQ: Barrette craint la privatisation

Caroline Plante et Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, brandit le spectre d’un réseau de santé à deux vitesses, avec une médecine pour les riches et une autre pour les pauvres, si le parti de François Legault prend le pouvoir le 1er octobre.

Faisant écho au premier ministre Philippe Couillard qui, mercredi et jeudi matin, n’a pas hésité à qualifier la Coalition avenir Québec (CAQ) de formation de «droite dure», voire d’«extrême droite», le ministre Barrette a multiplié les attaques contre la CAQ jeudi, mettant en garde la population contre les conséquences de l’élection d’un gouvernement caquiste sur les soins de santé.

Selon le ministre Barrette, un gouvernement caquiste entraînera une privatisation poussée du réseau de la santé, a-t-il commenté jeudi durant l’étude des crédits de son ministère, puis en point de presse par la suite.

Quand il a été questionné en point de presse à savoir si l’élection d’un gouvernement de la CAQ aurait pour effet de créer un système de santé à deux vitesses, prônant une médecine pour les riches et une autre pour les pauvres, M. Barrette a acquiescé.

«Je le vois certainement comme ça», a-t-il répondu, en s’appuyant sur le fait que le nouveau candidat de la CAQ dans Saint-Jérôme, l’économiste Youri Chassin, a écrit des textes lorsqu’il était à l’Institut économique de Montréal faisant la promotion du privé en santé.

L’élection de la CAQ annoncerait «un changement significatif de notre système, qui aurait des conséquences» sur l’offre de soins de santé, selon lui.

En matinée, durant la période de questions, il avait déjà lancé les hostilités.

«Il y a 8,4 millions de personnes au Québec qui ne savent absolument rien des propositions de la CAQ, mais ils savent que c’est un parti très à droite, qui a recruté un candidat, qui s’appelle Youri Chassin, dont les écrits historiques — historiques — sont en faveur de privatiser la santé», a-t-il martelé.

Éric Caire pour le privé?

Son analyse s’appuie aussi sur les positions passées du député caquiste de La Peltrie, Éric Caire, depuis longtemps un ardent partisan de la création d’hôpitaux privés «lucratifs», selon le ministre Barrette, qui était lui-même candidat de la CAQ en 2012, et qui a pu s’entretenir de ces questions avec M. Caire à l’époque.

M. Caire défendait alors sa position en faveur d’un réseau parallèle privé «très fortement», a insisté M. Barrette, persuadé que le député n’avait pas changé de position depuis.

«Je sais de source sûre que M. Caire est encore en faveur d’hôpitaux privés», a-t-il dit, craignant que de tels hôpitaux à but lucratif viennent drainer les ressources du réseau public.

Il demande donc à la CAQ de dire clairement quelles sont ses positions à ce propos. «Je déplore le fait que la CAQ se cache», n’ayant toujours pas dévoilé son programme dans le secteur de la santé, a-t-il dit.

La CAQ: à l’«extrême droite» de l’échiquier politique

À l’approche de l’élection générale, les libéraux s’affairent à démoniser le parti de François Legault.

Mercredi, le premier ministre Couillard avait accusé son principal adversaire de proposer «une droite dure». «Ils se situent à l’extrême droite», avait-il lancé lors d’un échange avec le chef caquiste dans le cadre de l’étude des crédits budgétaires du Conseil exécutif.

Loin de se repentir jeudi, le chef du gouvernement en a remis, s’en prenant lui aussi aux positions exprimées par Youri Chassin.

LA CAQ a tenté de se défendre. Le député caquiste Jean-François Roberge a nié que sa formation politique était d’extrême droite. Selon lui, la CAQ n’est ni de gauche ni de droite, mais est un parti «nationaliste».

«La CAQ est un parti pragmatique, un parti à l’écoute des gens, qui rejette les étiquettes de gauche, de droite. Ce n’est pas ça qui nous définit», a-t-il déclaré en mêlée de presse, en dénonçant du même coup la stratégie de «mensonge organisé» du premier ministre.

La CAQ veut réinvestir en éducation et dans les services publics, mais reconnaît l’existence d’un réseau privé et est en faveur du libre-choix, a précisé le député de Chambly. Selon lui, les libéraux paniquent, car incapables de défendre leur bilan.

Chose rare, les caquistes ont pu compter sur l’appui du Parti québécois (PQ) et de Québec solidaire (QS). Le chef péquiste, Jean-François Lisée, a accusé le premier ministre d’abaisser le niveau du débat au Québec.

«Il n’y a pas de Marine Le Pen, de fascistes, de Donald Trump, il n’y en a pas, a-t-il déclaré en marge d’un évènement au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). La privatisation, ce n’est pas de l’extrême droite, a-t-il poursuivi.

Le député de QS Gabriel Nadeau-Dubois a également déploré «l’exagération» dont M. Couillard a fait preuve en associant la CAQ à l’extrême droite.

«La CAQ est un parti de droite. Youri Chassin est un candidat très, très à droite, mais non la CAQ ce n’est pas l’extrême droite, a-t-il dit. L’extrême droite existe au Québec. C’est Atalante, c’est des groupes comme ceux-là, mais les mots ont un sens et on ne peut pas coller des étiquettes à la va-vite.»

Les libéraux ont opposé une fin de non-recevoir jeudi à la motion de la CAQ qui affirmait qu’aucun parti d’extrême droite n’est représenté à l’Assemblée nationale.

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