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Moins de violence, plus d'insultes dans les écoles

Young woman using cell phone to send text message on social network at night. Closeup of hands with computer laptop in background Photo: Getty Images/iStockphoto
Caroline St-Pierre, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La violence en général est en baisse dans les écoles québécoises, mais les insultes par texto au primaire sont en hausse et il y a davantage de conflits entre groupes ethniques, révèle une enquête panquébécoise.

L’«Enquête sur la violence dans les écoles québécoises» s’est penchée sur l’évolution de certaines caractéristiques liées à la violence dans les écoles primaires et secondaires de la province entre 2013, 2015 et 2017.

On y révèle d’abord que les élèves, les parents et le personnel scolaire perçoivent une amélioration du climat scolaire. Ainsi, les comportements à risques ont été moins observés, les comportements d’agression sont moins subis entre élèves, les lieux sont perçus comme étant plus sécuritaires dans l’école et ses alentours.

La Presse canadienne s’est entretenue à ce sujet avec la professeure et titulaire de la Chaire de recherche sécurité et violence en milieu éducatif de l’Université Laval, Claire Beaumont.

Des insultes par texto dès le primaire

L’utilisation des appareils technologiques, notamment des téléphones cellulaires, connaît une progression marquée chez les élèves du primaire comme du secondaire. Cette augmentation n’a toutefois pas été accompagnée d’une hausse des déclarations de cyberagression de la part des élèves du secondaire. Au contraire, ils ont plutôt fait état d’une diminution de ce type d’agressions au fil des ans.

Au primaire, toutefois, les élèves de 4e, 5e et 6e année ont mentionné recevoir plus d’insultes et de messages humiliants par texto en 2017 comparativement à 2013. Le nombre d’élèves qui ont dit posséder un appareil pouvant envoyer ou recevoir des textos — qu’il s’agisse d’un téléphone, d’une tablette ou d’un appareil de type iPod — est passé de 61 pour cent à 80 pour cent, rappelle cependant Mme Beaumont.

«À quelque part il faut s’attendre à avoir des retombées là-dessus», note-t-elle.

Mme Beaumont estime qu’il faut vraiment garder un oeil sur ce que font les jeunes enfants lorsqu’ils sont en ligne.

«Pour l’ensemble des adultes, c’est au secondaire que ça se passe les problèmes. Mais je pense que les parents savent plus ce que leur ado fait sur le web que leurs petits», estime-t-elle.

«Les petits ont des appareils entre les mains, et ils doivent apprendre à bien se comporter tant à la maison, dans la cour de récré ou dans la classe que sur le web et il faut avoir un oeil là-dessus.»

Plus de conflits observés entre groupes ethniques

Un comportement observé plus souvent au fil des ans par les élèves du primaire comme ceux du secondaire concerne les conflits entre différents groupes ethniques.

Cette constatation a été faite à la lumière de questions posées à ce sujet, sans que la définition de «conflit entre groupes ethniques» ne soit toutefois précisée.

«On ne sait pas s’il y a plus de conflits ethniques, mais on sait que les jeunes disent qu’ils en observent plus. Et le personnel aussi dit en observer en moyenne un de plus par année. Mais si dans une école, on a 100 élèves, et s’ils en observent un de plus par année, ça fait 100 observations de plus par école par année», souligne Mme Beaumont.

La professeure précise qu’on ne sait pas s’il y a véritablement aujourd’hui plus de conflits entre différents groupes ethniques ou si l’on compte tout simplement davantage de gens qui sont sensibles à ces conflits et qui, par conséquent, les voient.

«Ce qu’on sait par contre, c’est que cette augmentation-là nous informe sur le fait que la conscience de ce phénomène est à la hausse, ce qui correspond tout à fait à la conscience de ce phénomène dans la société», croit-elle.

Des écoles généralement sécuritaires

Somme toute, l’enquête a permis d’observer que les jeunes ont ressenti une amélioration du climat scolaire dans les dernières années, tout comme les parents et le personnel des écoles.

«Les élèves comme les membres du personnel nous ont dit que oui, (en ce qui concerne) les agressions subies, les comportements de violence physique, les insultes, les menaces (…) sont à la baisse. Même les jeunes qui déclarent être harcelés ou intimidés par la forme électronique via les réseaux sociaux nous disent aussi qu’ils en vivent moins depuis 2013», affirme Mme Beaumont.

L’enquête a été réalisée auprès de 24 000 élèves du primaire et du secondaire, de 3700 parents et de 1600 membres du personnel de 84 établissements scolaires de milieux socio-économiques faibles, moyens, aisés, tant au public qu’au privé.

Mme Beaumont souligne que les résultats de l’enquête ne signifient pas que l’intimidation et la violence n’existent pas ni que certaines écoles ne sont pas davantage aux prises avec ces problèmes que d’autres.

«Il y a des écoles qui se situent nettement en bas de la moyenne et il y a des écoles qui se situent nettement en haut de la moyenne», mentionne-t-elle.

Elle croit toutefois que les résultats pourront permettre de rajuster la croyance populaire voulant que les écoles de la province soient un foyer de violence et d’intimidation.

«Ce serait vraiment malheureux de penser que des parents ont peur d’envoyer leur enfant à l’école quand ils commencent l’école parce qu’ils pensent que les (établissements) au Québec ne sont pas sécuritaires. Ce n’est pas du tout ce qu’on nous dit. Ça ne veut pas dire non plus que c’est impossible qu’il arrive des drames dans une école, il faut vraiment nuancer. Mais les écoles, au Québec, actuellement, sont perçues sécuritaires par le personnel, par les élèves et par les parents, de façon générale.»

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