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Migrants: le statu quo «intenable», dit un avocat

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson / La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Alors que les demandeurs d’asile continuent d’affluer à la frontière canado-américaine, un avocat spécialisé en immigration exhorte le gouvernement fédéral de suspendre, ou du moins de modifier, l’entente avec les États-Unis sur les tiers pays sûrs.

Dans une lettre ouverte publiée dans les médias écrits samedi matin, Stéphane Handfield indique que le Canada doit agir «rapidement» pour contenir l’afflux de migrants, qui sont nombreux à traverser la frontière de façon irrégulière par le chemin Roxham, en Montérégie.

Me Handfield rappelle que 6114 demandeurs d’asile sont arrivés au Canada par la frontière du Québec dans le premier tiers de l’année 2018, et «si la tendance se maintient, ils seront encore plus nombreux au cours de la prochaine année».

Comme plusieurs partis politiques l’ont déjà demandé au gouvernement, Me Handfield suggère de suspendre l’entente sur les tiers pays sûrs, ce qui permettrait aux demandeurs d’asile de se présenter à un poste frontalier en bonne et due forme. En ce moment, les migrants qui vont aux postes frontaliers canadiens se font expulser aux États-Unis, où ils ont demandé l’asile en premier.

D’après l’article 10 de l’entente en question, il est possible pour le Canada de suspendre l’application de l’entente pour une période de trois mois, et cela serait renouvelable au besoin.

Selon M. Handfield, le gouvernement peut à tout le moins modifier l’entente pour qu’elle s’applique même dans les situations où la personne traverse la frontière de façon irrégulière.

«Une personne verra donc sa demande d’asile jugée irrecevable et sera refoulée en territoire américain, à moins qu’elle ne soit visée par une exception prévue à l’Entente», a-t-il écrit.

Si le gouvernement choisit cette avenue, il pourrait toutefois s’exposer à des poursuites, reconnaît l’avocat.

L’Entente sur les tiers pays sûrs fait l’objet d’une contestation judiciaire en Cour fédérale. Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), Amnistie internationale et le Conseil canadien des églises se sont joints à une femme, identifiée seulement comme «E», qui demande au tribunal d’invalider l’entente.

Inquiétudes au Québec

L’afflux de migrants à la frontière a fait couler beaucoup d’encre dans les dernières semaines.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a proposé cette semaine d’ériger une clôture sur le chemin Roxham, une proposition qui a été ridiculisée par les autres partis politiques.

«Ce chemin est une honte. Depuis un an, on travaille au Parti québécois à trouver des solutions plus humaines, plus correctes, plus respectueuses de ce que nous sommes et de ces personnes qui veulent vivre avec nous», a expliqué M. Lisée lors d’un point de presse à Montréal, jeudi.

Le gouvernement Couillard demande à Ottawa d’intervenir, notamment pour que les migrants soient déplacés où ils souhaitent vraiment s’installer, car dans de nombreux cas, ils ne veulent pas rester au Québec.

«L’an dernier, on a reçu 2500 enfants dans nos écoles, c’est comme si on avait créé cinq nouvelles écoles. On ne peut pas faire ça année après année», avait déclaré le premier ministre Philippe Couillard en point de presse la semaine dernière.

«Pour cette année, quelle est la solution? Pour cette année, nous n’avons tout simplement pas de place dans nos écoles pour la prochaine vague d’enfants qui auront besoin d’éducation et qu’on devrait leur donner en vertu de motifs humanitaires», a-t-il ajouté.

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