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Ottawa ne s'opposera plus à l'interdiction de l'amiante

MONTRÉAL – Après avoir longtemps défendu l’industrie de l’amiante, le gouvernement fédéral a annoncé vendredi qu’il ne s’opposerait plus à l’ajout du chrysotile à la liste des produits dangereux établie par la Convention de Rotterdam.

Les représentants des mines d’amiante ne s’avouent toutefois pas vaincus et promettent de tout faire pour assurer la survie de l’industrie.

En conférence de presse à Thetford Mines, le ministre de l’Industrie, Christian Paradis, a justifié la volte-face fédérale en invoquant l’intention de la première ministre élue du Québec, Pauline Marois, d’interdire l’exploitation de l’amiante.

«Il serait illogique pour le Canada de s’opposer à l’inclusion du chrysotile à l’annexe III de la Convention de Rotterdam alors que le Québec, qui est la seule province productrice de chrysotile, en interdira l’exploitation», a déclaré le ministre.

«Le Canada a enfin rejoint le peloton des pays civilisés, a applaudi le Dr Fernand Turcotte, professeur à l’Université Laval et militant antichrysotile. Nous restaurons en partie l’honneur que nous avions perdu.»

Pour mieux faire passer la pilule, M. Paradis a indiqué qu’Ottawa mettrait en place un fonds de 50 millions $ pour favoriser la diversification économique des régions d’Asbestos et de Thetford Mines.

«Nos travailleurs méritent mieux que d’avoir à se rabattre sur des consultations pédagogiques», a-t-il lancé, en reprenant le qualificatif que Mme Marois a utilisé en campagne électorale pour décrire la commission parlementaire que le Parti québécois veut tenir sur l’avenir de l’amiante.

«On ne peut pas laisser passer une manne quand ça passe», a réagi Luc Lachance, président du syndicat des employés de LAB Chrysotile, une mine de Thetford Mines, au cours d’un entretien téléphonique.

«Ça serait encore meilleur avec la permission de continuer à opérer les mines et ça va être mon cheval de bataille pour les prochaines semaines, a-t-il ajouté. (…) C’est clair que maintenant, il va falloir s’occuper de Mme Marois. On va prendre tous les moyens nécessaires pour la faire changer d’idée.»

Le maire satisfait pour l’instant

Prenant part à la conférence de presse du ministre Paradis, le maire de Thetford Mines, Luc Berthold, s’est réjoui du fonds de 50 millions $, tout en précisant que la somme ne sera pas suffisante «si on décide de fermer» l’industrie de l’amiante.

M. Berthold a fait remarquer que l’inscription du chrysotile à la liste des substances dangereuses n’allait pas nécessairement signifier la fin de l’exploitation de ce minéral au Québec.

«Ceux qui achètent, ça ne les dérange pas que ce produit-là soit sur la liste et ils vont continuer à en acheter quand même, a-t-il soutenu. Ç’a donc un impact très minime sur l’avenir de cette industrie-là.»

Le maire a même avancé que la classification du chrysotile comme substance dangereuse pourrait favoriser l’utilisation sécuritaire du produit.

«Ce que ça va faire, c’est que ces pays-là vont être obligés d’utiliser l’amiante d’une manière sécuritaire encore plus parce que là, ils vont le faire en toute connaissance de cause», a-t-il estimé.

Le propriétaire de la mine Jeffrey d’Asbestos, Bernard Coulombe, s’est lui aussi montré combatif.

«On va continuer tant qu’on n’est pas battus», a-t-il affirmé sur les ondes de RDI.

En plus de vouloir interdire l’exploitation de l’amiante, le Parti québécois songe à annuler le prêt de 58 millions $ que le gouvernement de Jean Charest a consenti à la mine Jeffrey au cours de l’été. Sans ce prêt, l’avenir de la mine est sérieusement compromis.

Il a été impossible d’obtenir la réaction d’un élu péquiste à l’annonce d’Ottawa, vendredi.

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