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Programme d'échange de seringues en prison

JONATHAN HAYWARD / La Presse Canadienne Photo: JONATHAN HAYWARD
La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Service correctionnel du Canada instaurera un programme d’échange de seringues afin de réduire l’incidence des maladies infectieuses parmi les détenus.

Cette décision survient après plusieurs années de pressions de la part des détenus et d’experts en santé publique, mais elle a été rapidement dénoncée par le syndicat des agents correctionnels.

Service correctionnel du Canada indique que le programme sera tout d’abord déployé dans l’Établissement de l’Atlantique pour hommes de Renous, au Nouveau-Brunswick, et dans le pénitencier pour femmes de Grand Valley, en Ontario, afin de tirer les leçons appropriées avant un déploiement national.

L’initiative permettra aux détenus fédéraux d’avoir accès à des seringues stériles pour freiner la propagation de maladies infectieuses comme l’hépatite C et le VIH. Le coût du programme sera épongé à même les budgets existants.

Entre 2007 et 2017, la prévalence de l’hépatite C derrière les barreaux est passée de 31,6 pour cent à 7,8 pour cent, tandis que celle du VIH est passée d’un peu plus de 2 pour cent à 1,2 pour cent, selon les statistiques fédérales. Ces maladies demeurent malgré tout beaucoup plus répandues dans les pénitenciers que dans la population en général.

Une note transmise en 2017 par Service correctionnel du Canada au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et obtenue par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, estimait qu’un programme d’échange de seringues dans les pénitenciers freinerait la propagation de l’hépatite C de 18 pour cent par année.

Le syndicat des agents correctionnels s’inquiète pour la sécurité de ses membres. Il reproche à Service correctionnel du Canada de fermer les yeux sur le problème du trafic de drogue dans les pénitenciers.

Frédéric Lebeau, président pour le Québec du Syndicat des agents correctionnels du Canada, estime qu’il s’agit d’un «non-sens en matière de santé et sécurité» pour ses membres. «Une arme, à l’intérieur de nos institutions, ça peut être aussi simple qu’un crayon, a-t-il expliqué en entrevue téléphonique. Dans la plupart des institutions, les lames de rasoir sont prohibées — ce sont des rasoirs électriques. Donner accès à des aiguilles, ça devient une arme potentielle.»

Selon M. Lebeau, cette initiative envoie aussi un «message contradictoire avec la stratégie antidrogue du Service correctionnel» derrière les barreaux. Il estime que le Service correctionnel fait preuve de «beaucoup d’improvisation» dans ce dossier, et il croit que l’arrivée d’une nouvelle commissaire a pu bousculer les choses.

Le commissaire sortant du Service correctionnel du Canada, Don Head, a pris sa retraite le 3 février. C’est la sous-commissaire principale, Anne Kelly, qui assume l’intérim en attendant une nouvelle nomination.

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