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ALÉNA: loin d'une entente, selon Lighthizer

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Le Canada a lancé une offensive sur plusieurs fronts pour obtenir une entente rapide sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), jeudi, alors que les États-Unis ont démenti ses attentes en affirmant que les pays étaient encore bien loin de la ligne d’arrivée.

Le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, a relevé de profondes divergences sur les plans de la propriété intellectuelle, de l’agriculture, des achats en ligne, de l’énergie, des règles d’origine et bien d’autres.

Les pays membres de l’ALÉNA sont encore loin d’une entente, a-t-il déclaré, quelques heures après que le premier ministre Justin Trudeau eut laissé entendre le contraire.

Les représentants canadiens se démenaient toujours jeudi, en dépit de l’apparente impossibilité de conclure les négociations à temps pour respecter un échéancier politique important.

Lors de rencontres à Washington et à New York, à la Maison-Blanche et dans d’autres édifices du gouvernement américain, le premier ministre Justin Trudeau, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland et plusieurs autres hauts responsables canadiens tentaient encore d’en arriver à une entente de dernière minute. Ils ont pressé leurs collègues américains de faire progresser les discussions même s’il pourrait être trop tard après cette semaine pour respecter les échéanciers de procédures de sorte à obtenir un vote sur l’entente par le Congrès des États-Unis cette année.

Devant les journalistes à New York, M. Trudeau a déclaré que le Canada «continuerait de travailler jusqu’à ce qu’ils ferment les lumières». «Nous sommes près d’une entente», a-t-il soutenu.

M. Trudeau a toutefois reconnu ne pas pouvoir dire s’il y aurait une entente d’ici quelques jours, dans quelques semaines ou si les discussions seraient reportées pour une durée indéterminée.

Le premier ministre a reçu un appel du président américain Donald Trump jeudi soir dans lequel ils ont discuté des négociations de l’ALÉNA, mais le compte-rendu fourni par le bureau de M. Trudeau ne dévoilait aucun détail.

La perception du gouvernement du Canada est que l’accord déjà sur la table pourrait ne pas satisfaire à toutes les demandes des États-Unis, mais apporterait des changements importants pour la cruciale industrie automobile, tout en rafraîchissant quelques autres chapitres.

Une confrontation publique avec le Mexique illustre la complexité des discussions. Le gouvernement mexicain s’en est pris au premier ministre, jeudi, relativement à un aspect mis de l’avant par M. Trudeau à New York: le fait que des changements dans le secteur automobile pourraient transférer certains emplois du Mexique vers les États-Unis.

Au coeur d’une campagne présidentielle dans ce pays et de pressions politiques intérieures, le gouvernement mexicain a défié publiquement le premier ministre Trudeau.

«Une clarification est nécessaire», a écrit sur Twitter le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo.

«Tout ALÉNA renégocié qui implique des pertes d’emplois existants au Mexique est inacceptable», a-t-il ajouté.

La pression monte

La pression a monté pour chacune des parties cette semaine.

Le Congrès américain doit pouvoir étudier toute entente avant de l’entériner, et un accord devrait aussi obtenir l’aval du prochain président mexicain. Un scrutin est prévu au Mexique le 1er juillet et des élections de mi-mandat auront lieu en novembre aux États-Unis.

Mercredi, le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, avait indiqué qu’il n’y aurait pas de vote sur l’ALÉNA cette année à moins d’avoir sous les yeux un texte d’entente d’ici la fin de la semaine.

Le président de la Chambre des représentants a révisé légèrement sa vision des choses, jeudi.

M. Ryan a affirmé que si l’organe indépendant aux États-Unis chargé d’analyser les accords commerciaux est en mesure d’examiner le nouvel ALÉNA de façon plus rapide que ce qui est prévu dans la loi, en théorie, une entente pourrait encore être soumise à un vote du Congrès cette année.

À New York, M. Trudeau a plaidé sa cause lors d’un événement public de la chaîne Fox Business et à l’occasion d’une rencontre privée avec un conseiller économique du président Donald Trump.

À Washington, de hauts responsables canadiens ont eu des entretiens à la Maison-Blanche, jeudi matin, et Mme Freeland devait arriver dans la capitale américaine plus tard dans la journée.

Brian Clow, l’homme de confiance du premier ministre Justin Trudeau pour les affaires américaines, fait partie de cette délégation de haut rang dépêchée dans la capitale pour tenter de trouver une issue. M. Clow, l’ancien chef de cabinet de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, est maintenant coordonnateur pour les relations canado-américaines dans le cabinet du premier ministre.

Selon l’ambassadeur du Canada à Washington, des discussions de très haut niveau avaient lieu jeudi quant à la suite des choses. Les négociateurs feront le bilan des pourparlers et évalueront les chances de conclure une entente «de manière relativement rapide», a expliqué David MacNaughton.

Mais l’ambassadeur MacNaughton croit qu’il est encore possible — et souhaitable — de conclure une entente bientôt.

«Nous sommes assez près, a-t-il dit. Il y a encore des points en litige, mais veut-on vraiment laisser tout ça de côté et rater l’occasion (…) de mettre ensemble l’excellent travail accompli jusqu’ici et d’en tirer quelque chose?»

L’ambassadeur rappelle que l’objectif américain était de réduire son déficit commercial avec ses partenaires. «Or, 80 pour cent de ce déficit vient du secteur de l’automobile, et nous sommes à un cheveu de nous entendre à ce chapitre», a soutenu M. MacNaughton jeudi.

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