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Les enfants morts à Gaza, plus que des chiffres

OTTAWA — Lorsque Geneviève Boutin et ses collègues de l’UNICEF ont clos leur bilan du carnage survenu la semaine dernière à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, ils avaient ajouté sept enfants à la liste des morts.

Ils ont d’ailleurs recensé la première fillette à être tombée sous les balles israéliennes depuis le début des manifestations à la barrière, où 13 enfants ont laissé leur vie.

La violence des affrontements qui se sont amorcés le 30 mars a atteint son apogée lundi, donnant lieu à la journée la plus sanglante de ce conflit en quatre ans.

Ce jour-là, 59 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, dont les balles ont aussi atteint un médecin canadien qui tentait de venir en aide aux blessés.

Pour Geneviève Boutin, représentante spéciale du Fonds des Nations unies pour l’enfance à Gaza et en Cisjordanie, une brûlante question demeure au-delà de ces statistiques: qu’est-ce qui attire ces enfants à la frontière?

Les réponses obtenues au fil de ses conversations avec de jeunes blessés ne s’expriment pas en chiffres.

«Elles exemplifient le drame humain qui a lieu à Gaza», se désole Mme Boutin, qui est originaire de Québec.

Dans les premières semaines, plusieurs gamins lui ont confié qu’ils trouvaient leur vie ennuyeuse et étaient curieux de voir le branle-bas de combat de plus près.

«Plus les semaines passaient, de plus en plus d’enfants connaissaient évidemment les risques», expose-t-elle.

Plusieurs lui ont expliqué n’avoir rien à perdre, être incapables de s’imaginer un meilleur avenir et vouloir faire connaître leur cause partout dans le monde.

Plus de 1000 enfants palestiniens ont été blessés par balles depuis le début des protestations, indique Geneviève Boutin.

«Beaucoup de ces blessures sont graves et pourraient mener à des amputations et certainement à des handicaps à vie», déplore-t-elle.

Le droit international stipule qu’«un enfant est un enfant», martèle l’envoyée humanitaire, et aucun enfant ne devrait devenir une cible, même s’il s’est lui-même exposé au danger.

L’UNICEF tente néanmoins de les garder loin de la frontière.

«Nous avons fait valoir auprès des leaders communautaires et des parents qu’il faudrait dissuader les enfants d’être là, au front», raconte Mme Boutin, qui tient toutefois à souligner que les enfants jouissent aussi du droit de manifester pacifiquement.

Son travail consiste en partie à vérifier de manière indépendante le nombre de victimes après de telles confrontations et à s’assurer que les fournitures d’urgence, surtout médicales, se rendent à ceux qui en ont le plus besoin.

La récente flambée de violence a d’ailleurs exercé une pression supplémentaire sur un système de santé palestinien déjà au point de rupture.

Geneviève Boutin dit voir l’espoir s’effacer des visages du personnel médical local.

«Ils étaient tellement dévastés après les événements de lundi. Ils continuent à faire leur travail. Ils sont vraiment admirables, mais c’est très difficile pour eux de comprendre ce qui se passe, explique-t-elle. La communauté internationale, à leurs yeux, ne réagit pas de la manière qu’ils voudraient qu’elle réagisse.»

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