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Femmes en politique: le PQ crie à la partisanerie

Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le gouvernement Couillard a détourné le mandat d’initiative sur la place des femmes en politique pour qu’il réponde à ses «finalités politiques», accuse le Parti québécois (PQ).

La porte-parole du PQ en matière de condition féminine, Catherine Fournier, n’a pas du tout apprécié que des libéraux siégeant à la Commission des relations avec les citoyens (CRC) raturent du rapport préliminaire pratiquement tous les témoignages de femmes.

En entrevue avec La Presse canadienne, mercredi, elle a affirmé que la plupart d’entre elles demandaient des mesures coercitives, incluant une loi, pour imposer la parité hommes-femmes en politique.

«Toute cette partie-là, les libéraux ne veulent pas en parler, a-t-elle déclaré. Ils ont voulu enlever beaucoup de substance, beaucoup de positionnements peut-être un peu plus politiques qui avaient été amenés par les différents groupes, des positionnements qui ne correspondent pas au programme, par exemple, du parti au pouvoir.

«Ça m’étonne parce qu’un mandat d’initiative, ça doit s’élever au-delà des lignes partisanes», a-t-elle ajouté.

Comme le rapportait La Presse canadienne mardi, les libéraux membres de la CRC se sont offusqués dans une note écrite de l’ensemble de la démarche depuis deux ans, de la méthodologie «déficiente» et du contenu du rapport qui «fait preuve d’un manque de rigueur».

Fait rare, ils ont blâmé les recherchistes de l’Assemblée nationale qui ont rédigé le rapport pour avoir retenu des «propos dirigés».

La façon dont a été colligée l’information a entraîné «des biais inévitables», selon eux. Par exemple, des groupes d’intérêt venus présenter un mémoire devant la commission «risquent fort» d’avoir aussi répondu au questionnaire en ligne, «ce qui fait qu’une même personne peut compter pour deux», ont-ils indiqué.

«Nous ne pouvons accepter le rapport tel que présenté et sans des modifications substantielles liées à la rigueur des faits, l’abolition de nombreuses interprétations libres et le respect des discussions ayant eu cours entre les membres de la commission», ont-ils conclu.

De l’avis de Mme Fournier, vider le rapport de la synthèse des témoignages, donc d’une très grande partie de son contenu, revient à «nier ce qu’on a entendu en commission parlementaire». Elle trouve palpable le malaise des libéraux dans ce dossier.

«Je trouve ça assez incroyable qu’on occulte toutes les discussions qu’on a eues, les commissions parlementaires (…) et on met ça aux poubelles», s’est-elle insurgée.

En bout de ligne, les partis politiques auraient été «bien libres d’appuyer ou pas» les recommandations de la commission, a-t-elle rappelé.

Interrogé à ce sujet mercredi, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré que l’exercice n’a pas été en vain. Il a dit vouloir se servir du rapport final, attendu à la fin mai-début juin, pour mener une discussion dans son caucus sur «l’opportunité d’un projet de loi».

Le 24 avril dernier, à l’issue d’une rencontre avec le groupe féministe Femmes, politique et démocratie, il avait émis d’énormes réserves, sans fermer la porte à double tour, au sujet d’une telle loi, qui obligerait les partis politiques à présenter au moins 40 pour cent de candidatures féminines.

Encore mercredi, il semblait plutôt privilégier l’approche douce d’un «changement de ton entre nous», pour que la politique soit la «moins agressante possible».

«Les opinions sont très partagées là-dessus, a-t-il résumé en marge d’un événement à l’Hôpital Enfant-Jésus de Québec. Moi je pense que les équipes de candidatures des différents partis politiques sont très près ou même à la zone de parité, ce qui montre que les gens vont dans cette direction-là de toute façon.»

Le groupe Femmes, politique et démocratie fait notamment pression sur la classe politique pour qu’elle s’engage à légiférer sans tarder pour forcer les partis à présenter au moins 40 pour cent de candidatures féminines en 2022. La barre serait haussée à 45 pour cent lors du scrutin suivant, en 2026.

Il est faux de prétendre qu’on y parviendra naturellement, et de toute façon, a argué Mme Fournier en entrevue. «On ne s’en va pas du tout dans cette direction-là, même au contraire. À la dernière élection, on a régressé en termes de nombre de femmes élues. On est passé d’environ 33 pour cent à 28 pour cent. Ce n’est pas vrai que les choses s’améliorent», a-t-elle dit.

Le rapport final, selon la députée de Marie-Victorin, manquera «d’ambition» car il sera «extrêmement cosmétique».

Déjà, dans son rapport préliminaire, la CRC prévoyait 13 recommandations modestes et consensuelles, dont: développer les connaissances sur la représentation des femmes en politique au Québec, encourager la présence des femmes dans les instances dirigeantes, et faire en sorte que les femmes en politique soient plus visibles et valorisées.

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