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Da Vinci, le robot chirurgien

Photo: Josie Desmarais/Métro

Des opérations plus rapides et des patients qui récupèrent en quelques jours: tels sont les principaux avantages de Da Vinci, qu’on implante depuis une vingtaine d’années dans de plus en plus de salles d’opération.

Depuis près de 20 ans, le robot Da Vinci semble convaincre chirurgiens et administrateurs d’hôpitaux d’investir dans cette technologie qui permet d’effectuer des opérations très précises et plus rapides tout en accélérant la guérison des patients.

Invité par l’Hôpital général juif avec plusieurs autres médias, Métro s’est rendu dans une salle opératoire où un robot Da Vinci, contrôlé par un chirurgien, effectuait une opération cardiaque.

Tout est calme dans la salle d’opération. La lumière est tamisée, quelques bruits émanent d’appareils qui calculent le rythme cardiaque du patient, allongé au milieu de la pièce.

Les trois bras robotisés au-dessus du patient sont introduits dans la région thoracique. Vus de l’extérieur, ils bougent à peine, mais la caméra à l’intérieur du corps prouve que l’opération est en cours.

Sur quatre écrans répartis dans la pièce, on aperçoit l’intérieur du patient. Des instruments sont à l’œuvre: avec précision, ils ouvrent, séparent, sectionnent et referment les tissus internes.

Au fond de la salle, un chirurgien, tête enfoncée dans l’ouverture d’un appareil, manipule deux manches articulés. En chaussettes, il est en train de réaliser une opération au cœur en contrôlant les bras robotisés de Da Vinci à 50cm du patient.

À l’Hôpital général juif, trois robots de ce type opèrent des patients atteints du cancer. Ils peuvent retirer des tumeurs dans l’abdomen, dans la bouche, dans la gorge et dans la prostate. Grâce à sa précision, le robot permet de diminuer les saignements et de limiter les dommages aux organes ou aux tissus internes. Lors d’une opération pour soigner un cancer de la prostate, par exemple, il y a un risque pour le patient de devenir incontinent. Grâce au robot Da Vinci, ce risque est réduit.

Le Dr Alex Mlynarek est spécialisé en chirurgie cervico-faciale oto-rhino-laryngologie. En d’autres termes, il s’occupe du visage, des oreilles, du nez et du larynx des patients, notamment pour y retirer des tumeurs en cas de cancer.

«Dans la console, on voit en trois dimensions, on contrôle les bras avec nos propres bras et le robot fait exactement les mêmes mouvements.» Capable de supprimer les tremblements du chirurgien, le robot offre, selon lui, un degré de précision accru et une vision bien plus intéressante sur l’opération, puisque le chirurgien peut agrandir l’image et même déplacer la caméra grâce à une pédale sous son pied.

Depuis son implantation au Québec il y a 20 ans, le Da Vinci ne cesse de susciter l’admiration de la communauté des chirurgiens. «C’est le futur, c’est sûr et certain», lance le Dr Mlynarek. De nouveaux modèles du robot sont régulièrement développés et de plus en plus d’hôpitaux, en Amérique du Nord, au Canada et en Europe, se dotent du Da Vinci.

«Les robots vont devenir plus petits dans le futur, on sera capable de faire beaucoup plus d’opérations.» -Dr Akex Mlynarek, chirurgien spécialiste, qui espère réaliser d’autres interventions que celles dans la bouche avec le robot Da Vinci.

Le chemin est long pour en arriver à effectuer ce type d’opération, précise le chirurgien. Il a dû suivre des cours en ligne et aller aux États-Unis, là où est fabriqué et vendu le Da Vinci, pour suivre une formation. Il s’est aussi entrainé sur des cadavres et des cochons, et a été étroitement surveillé lors de sa première opération avec le robot. «C’est un gros apprentissage, complètement différent de ce que l’on connait. Ça prend 30 opérations pour arriver au top niveau».

Très couteux, ces robots ont charmé la communauté des chirurgiens pour leur efficacité et les faibles séquelles que laissent les opérations sur les patients.

«Oui, c’est très couteux pour l’obtenir, mais ça peut être bénéfique. Les patients récupèrent plus vite et pour les cas de cancer, par exemple, on peut éviter les radiographies et chimiothérapies, ce qui est 10 fois plus coûteux», plaide le chirurgien.

«On utilise ça pour les cancers depuis 10 ans. On a autant de succès que par les autres techniques, mais on pense qu’après l’opération, la qualité de vie du patient est meilleure», ajoute-t-il.

Jean Luc Trahan a subi une opération il y a dix ans avec le robot Da Vinci. Une fois son cancer de la prostate diagnostiqué, il avait trois possibilités. La chimiothérapie, une opération «classique» ou une opération avec le robot, une alternative qui l’a convaincu «pour sa précision et son efficacité», explique-t-il. Opéré un vendredi après-midi, il se réveille quatre heures plus tard. Le dimanche, il pouvait sortir de l’hôpital. «Certaines opérations peuvent passer de 20 à 4 heures grâce au robot», souligne le Dr Mlynarek. Pour lui, l’efficacité du robot par rapport à une opération classique doit cependant être étudiée au cas par cas, en fonction des patients et de leur maladie.

Si plusieurs accidents sont survenus aux États-Unis avec ce robot et ses versions précédentes, un seul problème technique a été enregistré à l’Hôpital général juif, en 2015.

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