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G7: Après la guerre sur Twitter, Trump calme le jeu

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne

LA MALBAIE, Qc — Après avoir tancé Justin Trudeau sur Twitter, Donald Trump l’a flatté à La Malbaie. Au cours d’une séance de photos, le bouillonnant président des États-Unis a blagué sur l’épineux dossier des échanges commerciaux et affirmé que des «progrès» avaient été réalisés dans le dossier de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Une relation «aussi bonne ou meilleure qu’elle ne l’a jamais été», des blagues sur les querelles commerciales («Justin a accepté de couper tous les tarifs et toutes les barrières commerciales entre le Canada et les États-Unis») et sur son départ hâtif du G7 (Justin Trudeau en «est heureux»): le président a voulu montrer un visage différent dans Charlevoix que sur les réseaux sociaux.

Lors de la séance photo qui a précédé sa rencontre bilatérale avec Justin Trudeau, il a déclaré que «beaucoup de progrès» avaient été réalisés sur les enjeux commerciaux. Il a évoqué «une nouvelle mouture» de l’ALÉNA, mais a réaffirmé sa préférence pour une entente bilatérale avec le Canada et le Mexique («plus facile à faire, et je pense mieux pour les deux pays»).

Un haut responsable gouvernemental a indiqué en fin de journée qu’un désir d’«accélérer les négociations» avait été exprimé pendant la rencontre privée, sans toutefois s’avancer sur un échéancier — mais avec les élections de mi-mandat qui approchent au sud de la frontière, il est dur d’imaginer qu’un nouveau traité soit conclu à temps.

La démonstration de camaraderie à laquelle on a assisté entre les deux voisins contraste avec l’attitude qu’avait affichée le locataire de la Maison-Blanche dans les jours et les heures ayant précédé le début du sommet du G7, qui s’est ouvert vendredi à La Malbaie, dans la région de Charlevoix.

La paix avec Poutine?

En plus d’avoir déclenché une rixe commerciale en frappant ses alliés de tarifs douaniers la semaine dernière, le président a provoqué une petite commotion en suggérant, tout juste avant de s’envoler vers le Canada pour sa première visite officielle, de faire la paix avec la Russie et de réintégrer le pays de Vladimir Poutine au G7.

Sur la pelouse sud de la résidence présidentielle, vendredi matin, il a proposé de revenir à la formule G8 qui prévalait jusqu’à ce que Moscou soit éjectée du club en 2014 en raison de l’annexion illégale de la Crimée. «La Russie devrait être à la rencontre, devrait en faire partie», a lancé M. Trump alors qu’il s’apprêtait à monter à bord de son hélicoptère.

Ottawa a rapidement fermé la porte. «La position du Canada n’a pas changé», a tranché vendredi Cameron Ahmad, directeur adjoint des communications au bureau du premier ministre Justin Trudeau. Le gouvernement canadien avait appuyé, sous le précédent gouvernement de Stephen Harper, l’expulsion de la Russie.

En conférence de presse à La Malbaie, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a envoyé le même signal. Il n’y a «aucune raison», dans l’état actuel des choses, de redonner à la Russie une place à la table du club sélect des nations, a tranché la diplomate en chef du Canada, très critique du Kremlin.

Du côté de l’Union européenne (UE), on a opposé une fin de non-recevoir à l’idée.

Initialement, le nouveau premier ministre de la République italienne, Giuseppe Conte, avait offert son appui à Donald Trump. Très peu de temps après que les propos du dirigeant américain eurent été diffusés, il s’est tourné vers Twitter pour signifier qu’il était «d’accord», que la Russie devait revenir «dans l’intérêt de tous».

Mais selon la presse italienne, il s’est montré moins catégorique lors d’une mêlée de presse qu’il a accordée avant une rencontre en tête-à-tête avec Justin Trudeau.

Querelle commerciale

La sortie du président des États-Unis sur la Russie l’a isolé encore davantage à la table du G7. Donald Trump, faut-il le rappeler, est en porte-à-faux avec ses partenaires en raison de son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien et de sa décision de frapper le Canada et l’Union européenne (UE) de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium.

Cette décision d’imposer des taxes punitives a provoqué l’ire de ses alliés du groupe des sept. Et tout juste avant de se pointer au Québec pour rencontrer les cibles de cette guerre commerciale entre amis, il a décidé de verser dans la surenchère. «Éliminez vos tarifs et barrières ou nous en ajouterons encore plus», a-t-il écrit sur Twitter.

Au gouvernement canadien, vendredi soir, un haut responsable n’a pas voulu dire si le dirigeant américain avait lancé un tel avertissement de vive voix pendant la journée. Invité à dire si le terme «progrès» pouvait être utilisé pour qualifier ce qui est ressorti de la rencontre de l’après-midi, qui portait sur la croissance économique, il ne s’est pas non plus commis.

«Je ne qualifierais pas la conversation de cette manière-là. Je dirais qu’il y a eu une conversation», a-t-il offert.

On aura une meilleure idée de la tournure des événements en prenant connaissance, samedi, de la déclaration qui sera émise à l’issue de ces deux journées de rencontres. Il se pourrait qu’au lieu d’un communiqué commun, une «déclaration de la présidence» soit publiée, ce qui témoignerait d’un problème d’unité.

L’énigme Conte

Le petit nouveau du groupe des sept, le premier ministre italien Giuseppe Conte, s’est rapidement fait remarquer en se rangeant dans le camp de Donald Trump sur la question d’un retour de la Russie dans le club des puissances industrialisées.

Cette prise de position n’a cependant rien d’étonnant, a relevé en entrevue Alberto Ferrarese, journaliste pour l’agence de presse italienne Askanews. «La position du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue du Nord est de rebâtir les ponts avec la Russie, alors ce n’est pas de la nouvelle pour la presse italienne. Mais qu’il le fasse de façon aussi ferme a surpris», a-t-il exposé.

Le premier ministre Conte a été désigné chef pour diriger un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles, antisystème et populiste, et la Ligue du Nord, un parti d’extrême droite.

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