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Un mouvement «acheter canadien» se dessine

La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Au beau milieu d’un bras de fer commercial entre le Canada et les États-Unis, des utilisateurs de médias sociaux se sont engagés à «acheter canadien», par le biais du mot-clic #BuyCanadian. Mais des experts préviennent que cette poussée de patriotisme peut avoir des conséquences inattendues — des deux côtés de la frontière.

Dans un message accompagné du mot-clic #BuyCanadian, Bonnie Hallman, de Winnipeg, soutient ainsi qu’elle a annulé un voyage convoité depuis longtemps en Alaska, à la suite des déclarations intempestives du président américain Donald Trump visant le premier ministre Justin Trudeau, qui a critiqué à nouveau les tarifs américains sur l’acier et l’aluminium. La dame de 53 ans indique qu’elle visitera plutôt l’Île-du-Prince-Édouard cet été, parce qu’elle préfère soutenir l’industrie touristique canadienne.

Scott Chamberlain, père de quatre enfants d’Ottawa, écrit quant à lui qu’il a fait un effort pour remplir son panier d’épicerie avec des produits principalement faits au Canada, afin de soutenir les producteurs canadiens qui pourraient être les plus durement touchés par les tensions commerciales.

Robert Wolfe, professeur émérite à l’École des études sur les politiques publiques de l’Université Queen’s, en Ontario, prévient cependant que ce mouvement #BuyCanadian pourrait attiser une guerre commerciale d’où aucun des deux pays ne sortirait indemne. Car la contrepartie du mouvement «acheter canadien», «acheter américain», pourrait avoir aussi un impact négatif sur les entreprises canadiennes qui font du commerce aux États-Unis.

«En cas d’escalade des tensions entre le Canada et les États-Unis, et si les Américains commencent à penser que nous sommes simplement en colère contre eux plutôt que contre leur président, cela pourrait compliquer les relations canado-américaines et, en fin de compte, l’économie.»

Selon Mike von Massow, économiste de l’alimentation à l’Université de Guelph, une démonstration de solidarité canadienne pourrait certes renforcer la position du pays dans les négociations commerciales, mais tout boycottage des produits fabriqués aux États-Unis sera plus facile à dire qu’à faire.

Plus de la moitié des participants canadiens à un sondage mené au début du mois de juin soutenait avoir l’intention d’éviter d’acheter des vins américains et de faire des achats transfrontaliers. Le sondage en ligne a été mené par Abacus Data du 1er au 6 juin — soit juste après l’imposition des tarifs américains sur l’aluminium et l’acier canadiens, mais avant les invectives de la Maison-Blanche à la suite du sommet du G7 à La Malbaie, en fin de semaine dernière.

L’Association de la recherche et de l’intelligence marketing, l’organisme professionnel de l’industrie des sondages, estime qu’on ne peut assigner une marge d’erreur aux sondages en ligne parce que l’échantillon n’est pas aléatoire.

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