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La grève des grutiers est illégale, selon la CCQ

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson
Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La Commission de la construction confirme que «très peu, voire presque pas de grutiers» étaient au travail, lundi au Québec, et que ces absences concertées constituent une grève illégale, selon elle. Elle invite les entrepreneurs qui en sont victimes, et même les grutiers qui auraient été fortement incités à s’absenter, à porter plainte.

«Il y a des situations qui nous ont été rapportées, effectivement, où des grutiers se sont présentés au travail ce matin et ont reçu des visites suffisamment convaincantes pour décider de quitter le travail. Ce sont des situations qui nous sont rapportées», a indiqué la porte-parole de la CCQ, Mélanie Malenfant, au cours d’un point de presse à Montréal.

Une source dans le milieu de la construction a confirmé qu’ «il y a des équipes de football qui se promènent» pour visiter les chantiers.

«Les personnes qui sont en situation de menace immédiate doivent communiquer avec la police. Nous invitons toutes les personnes qui sont victimes ou témoins de situations de menace ou d’intimidation de nous signaler ces situations au 1-844-736-6746. Nous donnerons suite à tous les signalements de façon confidentielle et nous prendrons les moyens pour punir les fautifs», a ajouté Mme Malenfant.

Couillard, Garneau et Vien

L’affaire a eu des échos chez les décideurs politiques.

À Saguenay, le premier ministre Philippe Couillard a déploré la situation. «Tout ralentissement de métiers de la construction provoque potentiellement un impact sur l’économie», a-t-il affirmé.

Il a rappelé que la Commission de la construction faisait enquête sur cette grève qui serait illégale. «Il pourrait y avoir des conséquences», a-t-il ajouté.

Les moyens de pression avaient commencé jeudi dernier, lorsque les grutiers qui travaillent au chantier du nouveau pont Champlain, entre Montréal et la Rive-Sud, avaient quitté le travail.

D’ailleurs, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a confirmé qu’il «suit ça de près». Comme la livraison du pont Champlain est prévue en décembre prochain, «toute possibilité de retard nous préoccupe parce qu’on veut finir le pont à temps», a-t-il souligné.

Interrogé à savoir si ces moyens de pression, depuis jeudi au pont Champlain, signifiaient des retards pour la livraison du pont — ce qui suppose d’importantes pénalités — il a indiqué qu’ «il est trop tôt pour conclure quoi que ce soit».

La ministre du Travail, Dominique Vien, a publié un communiqué pour insister auprès des grutiers afin qu’ils reprennent le travail. «À la suite du déclenchement de la grève illégale des grutiers, confirmée par la Commission de la construction du Québec, j’invite ceux-ci à reprendre rapidement le travail par respect envers les usagers concernés par le déroulement et l’échéancier des grands projets d’infrastructure en cours», a-t-elle fait savoir.

Amendes

Elle a rappelé que les contrevenants s’exposent à des amendes salées. «La Commission de la construction du Québec a mobilisé une centaine d’inspecteurs afin d’amasser des preuves et fera le point régulièrement sur la situation.»

Comme la convention collective qui lie les associations patronales et les organisations syndicales est en vigueur jusqu’en 2021, une grève ou un ralentissement de travail est considéré comme un moyen de pression illégal.

Et les amendes sont salées. Elles vont de 7960 $ à 79 587 $ par jour pour les associations ou les représentants d’une association et de 57 $ à 199 $ par jour pour les travailleurs qui y participent. La CCQ a commencé jeudi ses enquêtes à ce sujet.

Le fond du litige est la grogne des grutiers à l’endroit des modifications qui ont été apportées à la formation des grutiers. La section locale 791-G, de la FTQ-Construction, qui les représente, affirme que ces modifications nuisent à la sécurité des grutiers et du public en diminuant les exigences de formation.

FTQ-Construction et l’Inter

De son côté, la FTQ-Construction a assuré qu’elle n’était «pas à l’origine de ces actions», elle qui représente plusieurs autres sections locales, comme celles des électriciens, des manoeuvres et autres.

Elle soutient toutefois sa section locale dans son opposition aux modifications à la formation des grutiers. Le règlement, qui est entré en vigueur le 14 mai, est «dangereux», a-t-elle affirmé.

«Cette modification réduit les exigences requises pour devenir grutier et permet aux entreprises de former leurs grutiers sur les chantiers. Le métier de grutier est un métier dangereux et l’exigence d’un DEP (Diplôme d’études professionnelles) permettait d’assurer que les personnes qui opéraient ces grues et camions-flèches avaient une solide formation préalable», a expliqué la FTQ-Construction.

L’autre grande organisation syndicale qui représente des grutiers, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), n’a pas voulu appuyer le geste illégal.

«Nous sommes attentifs à la situation actuellement. Nous comprenons et partageons l’opposition des grutiers au nouveau règlement sur la formation. Cependant, nous ne recommandons ni n’appuyons aucun geste illégal de la part des travailleurs», a-t-il fait savoir lundi.

Vendredi dernier, l’Association de la construction du Québec a indiqué qu’elle avait adressé un bulletin à ses membres entrepreneurs, les incitant à «sécuriser» leurs grues et leur équipement, par le biais de caméras, de surveillance par des gardiens et autres.

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