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Trudeau veut un ALÉNA à trois pays

Prime Minister Justin Trudeau makes an announcement of $90 million to improve the Trans-Canada Highway in northeastern Nova Scotia during a press conference in Sutherlands River, N.S. on Tuesday, July 17, 2018. THE CANADIAN PRESS/Darren Calabrese Photo: Darren Calabrese/La Presse canadienne
Mike Blanchfield, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Malgré les rumeurs fraîches d’un accord commercial bilatéral entre les États-Unis et le Mexique, le premier ministre Justin Trudeau est convaincu qu’un accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) complet est préférable pour les trois pays.

Selon M. Trudeau, l’ALÉNA reste la meilleure option pour assurer la prospérité des travailleurs nord-américains.

«C’est pourquoi nous nous engageons à renégocier, à améliorer et à mettre à jour l’ALÉNA», a indiqué vendredi M. Trudeau aux journalistes à Markham, en Ontario.

Cependant, le président américain, Donald Trump, et son secrétaire à l’Agriculture, Sonny Purdue, ont tous deux affirmé, plus tôt cette semaine, qu’une entente avec le Mexique pourrait survenir en premier et exclure le Canada.

Lors d’un entretien à la radio, le secrétaire à l’Économie du Mexique, Ildefonson Guajardo, a indiqué cette semaine qu’il serait à Washington jeudi prochain pour reprendre les négociations de l’ALÉNA avec des responsables.

Sans donner de détails, M. Trudeau a déclaré vendredi: «Nous poursuivons les discussions avec les États-Unis et le Mexique.»

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, ne prévoit pas de se rendre à Washington la semaine prochaine pour des négociations sur l’ALÉNA, ont indiqué des fonctionnaires sous couvert de l’anonymat, en raison de la sensibilité de la situation.

Le bureau de Mme Freeland affirme que la ministre et ses homologues aux Finances et au Commerce international, Bill Morneau et Jim Carr, visiteront Mexico mercredi pour rencontre le président élu Andres Manuel Lopez Obrador et son équipe.

Certains hauts responsables du cabinet de M. Trump ont déjà rendu visite au nouveau dirigeant mexicain, ce qui a laissé le président optimiste quant aux futures perspectives commerciales avec ce pays.

«Nous avons eu de très bonnes discussions avec le Mexique et avec le nouveau président du Mexique qui a remporté une victoire écrasante», a déclaré M. Trump lors d’une réunion de son cabinet, mercredi.

«Et nous nous débrouillons très bien avec notre accord commercial, nous verrons donc ce qui se passera. Nous pourrions le faire séparément avec le Mexique, et nous négocierons avec le Canada plus tard.»

M. Purdue a convaincu M. Trump de ne pas déchirer l’ALÉNA l’an dernier, mais il a souligné au président, lors de la réunion de cette semaine, que des accords séparés avec les deux pays pourraient être plus avantageux pour les agriculteurs américains.

«Ils sont impatients de connaître des victoires, et nous espérons que l’entente avec le Mexique, puis avec le Canada, pourra très rapidement aller dans ce sens», a expliqué M. Purdue.

«Ils croient que vous êtes un président qui travaille pour les Américains, et ils veulent être avec vous. Nous avons simplement besoin d’aider leurs portefeuilles.»

Même s’il pourrait sembler que les étoiles sont alignées pour un accord entre le Mexique et les États-Unis, un groupe d’entreprises canadiennes a estimé qu’il était trop tôt pour appuyer le bouton de panique.

Les Mexicains et les Américains sont loin d’une entente sur certaines questions clés comme la clause crépusculaire de cinq ans, proposée par M. Trump, a rappelé le vice-président du Conseil canadien des affaires, Brian Kingston.

Selon lui, le représentant américain au commerce Robert Lighthizer préfère les réunions bilatérales à celles qui réunissent ses deux homologues nord-américains dans la même salle.

En effet, Mme Freeland a, elle aussi, rencontré M. Lighthizer à la fin mai, à Washington, dans le cadre d’une campagne canadienne de la dernière chance visant à obtenir un accord avant la suspension des pourparlers en raison des élections mexicaines du 1er juillet.

L’ALÉNA a créé les chaînes d’approvisionnement qui assurent aujourd’hui la libre circulation des gens et des marchandises dans trois pays, et une paire d’ententes bilatérales entraverait cette situation, a observé M. Kingston.

«Personne ne veut deux accords commerciaux distincts. C’est le message clair qui nous provient de l’industrie américaine, des entreprises canadiennes et des entreprises mexicaines», a-t-il noté.

«Cela dit, on ne peut pas l’exclure. C’est manifestement la préférence des États-Unis.»

M. Trudeau a déclaré vendredi que l’obtention d’un nouvel ALÉNA était «au centre de tout ce que nous faisons» pour créer des emplois et développer l’économie.

Mais l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper a récemment remis en question la sincérité de M. Trudeau quant à la conclusion d’une entente.

Le 11 juillet, lors d’une réunion à Montréal du Forum de leadership économique Australie-Canada, M. Harper a affirmé que les disputes avec M. Trump avantageaient les libéraux de M. Trudeau sur le plan politique au Canada.

«C’est très bien pour eux, et pour l’instant, c’est leur stratégie», a affirmé M. Harper dans un discours pendant un dîner à huis clos, dont CTV News a obtenu un enregistrement.

M. Trudeau a déclaré vendredi qu’il avait consulté tous les premiers ministres, y compris M. Harper, au sujet de l’ALÉNA, mais il a refusé de répondre aux critiques de M. Harper, estimant que l’accord était trop important.

«Je ne ferai pas de politique avec ça», a déclaré Justin Trudeau.

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