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Un bombardier de la Deuxième Guerre mondiale à Montréal

FIFI, a Boeing B-29 Superfortress is towed to the hangar at Saint-Hubert airport south of Montreal, Sunday, July 22, 2018.THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne

LONGUEUIL, Qc — À plus de 70 ans, le bombardier de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale appelé communément «Fifi» est l’un des derniers en son genre.

Le Boeing B-29 Superfortress, qui avait été livré en 1945, se retrouve parmi les quelques dizaines d’appareils du genre toujours existants dans le monde — et il fait partie des deux seuls qui continuent de voler dans le ciel.

Dimanche, pour le cinquième jour de la tournée canadienne du B-29, quelques curieux se sont rassemblés à l’aéroport de Saint-Hubert, en banlieue de Montréal, pour observer le spectacle.

Avant son décollage, l’appareil projetait de la fumée de ses hélices et ses moteurs grondaient. Quelques minutes plus tard, l’avion était rendu dans le ciel.

Une demi-heure après, l’avion s’est stationné pour accueillir les visiteurs, qui semblaient enthousiastes à l’idée d’admirer cet artefact.

Bien que l’avion ait déjà touché le sol canadien, les organisateurs du Commemorative Air Force de Dallas affirment qu’il s’agit de la première tournée officielle au Canada, qui permet aux spectateurs de voir l’intérieur de l’avion et même d’assister à un court vol — à condition de sortir son portefeuille.

Pour un vol de 30 minutes, les visiteurs doivent débourser un peu moins de 600 $ US (environ 800 $ CAN) et ils peuvent payer jusqu’à 1700 $ US (plus de 2200 $ CAN) pour un siège dans la cabine de pilotage.

Après son départ de Montréal lundi, Fifi fera six arrêts en Ontario, dont à Ottawa, Kitchener et Hamilton.

Allen Benzing, un pilote de ligne à la retraite, pilote l’avion depuis trois ans. L’avion vieux de 73 ans peut parfois être capricieux sur le sol, a-t-il indiqué.

Il doit être dirigé avec les freins et les leviers puisqu’il n’y a pas de volant. Et bien que les moteurs soient assez fiables, il faut bien les connaître pour que tout soit dans l’ordre, a-t-il prévenu.

Mais dans l’air, c’est différent. «À des vitesses basses, c’est assez lourd, mais une fois qu’on arrive en vitesse de croisière, il vole vraiment bien. C’est très stable, c’est vraiment comme un autre Boeing qu’on ferait voler», a-t-il raconté en entrevue depuis son siège de pilote.

Un rôle historique
L’avion Fifi est entré en service peu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ce qui signifie que cet appareil en particulier n’a jamais été utilisé pour de l’entraînement et n’a jamais participé à des combats.

Mais en tant que groupe, les B-29 sont entrés dans l’histoire, sur le front du Pacifique. Leurs bombardements étaient si intenses, que les avions en queue de peloton portaient des traces des édifices japonais qui venaient d’être détruits.

C’était un B-29 surnommé «Enola Gay», qui a largué la première bombe atomique à Hiroshima, au Japon.

Bien que certains leur attribuent le mérite d’avoir mis fin à la Deuxième Guerre mondiale, M. Benzing souligne que la plupart des B-29 ont connu une fin peu glorieuse, dans des parcs à ferraille de l’armée, ou comme cibles lors d’entraînements militaires.

Entretien coûteux
Fifi a été délaissée 15 ans dans le désert et devait auparavant finir comme une cible pour un entraînement militaire. Le Commemorative Air Force a toutefois récupéré l’appareil dans les années 1970 et un homme appelé Vic Agather a décidé de le restaurer et de lui donner le nom de sa femme.

Ce n’est pas une petite affaire de maintenir en activité l’appareil, même si la majorité de l’équipe qui s’en occupent sont des bénévoles, dont M. Benzing.

Selon le pilote, l’avion brûle plus de 1500 litres d’essence par heure et le faire voler coûte 10 000 $ l’heure. Cela est financé avec les revenus engrangés dans les tournées.

Rose et Gérard Plamondon étaient parmi ceux qui ont choisi de participer à un vol, dimanche matin, même si cette activité leur coûtait aussi cher qu’un voyage en Europe.

À son retour, M. Plamondon a dit qu’il ne regrettait pas d’avoir déboursé beaucoup d’argent «pour être transporté à une autre époque.»

«Nous avons beaucoup lu sur l’histoire, mais nous avons pu la vivre», a-t-il confié.

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