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Maxime Bernier se débarrasse de sa dette

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang / La Presse Canadienne
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La course à la direction conservatrice est officiellement derrière Maxime Bernier. L’élu a amassé suffisamment de dons pour rembourser sa dette — et c’est en partie grâce aux appuis financiers qu’il a reçus après avoir été expulsé du cabinet fantôme par son ancien rival, Andrew Scheer.

Le député traînait une dette d’environ 250 000 $ (plus un prêt de 25 000 $ qu’il avait fait à sa propre campagne) depuis sa défaite crève-coeur de mai 2017. Il a confirmé jeudi matin que le compteur était revenu à zéro.

«Je suis quand même très content, parce qu’on a payé cette dette-là en un an et (quelques) mois, donc ça a été très rapide», s’est-il réjoui en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

Les choses allaient déjà bon train pour le Beauceron, côté financement, lorsqu’un événement est venu propulser sa campagne: son éjection du cabinet fantôme, le 12 juin dernier. Le chef Scheer l’a mis à la porte parce qu’il avait mis en ligne sur son site internet un texte sur la gestion de l’offre.

Des élus du caucus ont vu en cette décision de partager le chapitre d’un livre dont la publication avait été reportée indéfiniment un manque de loyauté. Le principal intéressé s’est défendu d’avoir rompu une promesse en rappelant qu’il a fait campagne en promettant de démanteler ce système.

Le député Bernier ne s’est pas laissé démonter par cette rétrogradation que lui a infligée son ancien adversaire, dont la victoire est due en partie à l’appui des producteurs agricoles du Québec. Il a envoyé un courriel et invité ses partisans à sortir leur portefeuille pour l’aider à éponger sa dette.

Le message a été reçu. «En trois jours, j’ai amassé 45 000 $, donc ça a aidé grandement, oui. Mais avant ça, on avait quand même amassé au-dessus de 190 000 $, 200 000 $», a expliqué l’élu de Beauce à l’autre bout du fil.

«Les gens donnaient à un politicien qui défend des valeurs, des valeurs conservatrices, sans aucun compromis. Je le fais à l’intérieur du Parti conservateur; j’essaie d’influencer le parti, la plateforme du parti», a-t-il enchaîné.

C’est ce qu’il espère faire à la fin du mois, alors que les militants conservateurs convergeront vers Halifax pour élaborer les politiques en prévision de la campagne électorale de 2019. Selon Maxime Bernier, trois associations de circonscription prônent l’abolition de la gestion de l’offre.

«Je ne sais pas si ça va se rendre sur le parquet, si ça va être dans le cahier des propositions, mais j’espère que ça va se rendre. Si ça se rend, on va avoir un débat, et les gens ne seront pas surpris de me voir au micro», a-t-il lancé.

Mais avec à la tête du parti un chef qui doit beaucoup aux producteurs de lait, d’oeufs et de volaille, les chances sont assez minces que la politique pro-gestion de l’offre soit modifiée ou retirée du programme conservateur.

Opportunisme

Dans le plus récent énoncé politique de mai 2016, il est écrit qu’«un gouvernement conservateur appuiera la gestion de l’offre et son objectif d’offrir aux consommateurs un produit de grande qualité à un bon prix et avec un rendement raisonnable pour le producteur».

Cette position est intenable pour quiconque se dit conservateur, estime celui qui a dû se mordre les lèvres comme ministre — en s’érigeant en défenseur du système — avant d’afficher ses vraies couleurs — en s’engageant à l’abolir en se lançant dans la course à la chefferie.

Et d’après lui, des membres de la députation craignent de se rallier à sa position par opportunisme politique. «C’est complètement incohérent pour un député conservateur de défendre cette position-là, et je sais que certains le font de peur de ne pas être réélus», a-t-il tranché au téléphone.

Il croit que «peut-être» certains de ses camarades de caucus ont été fâchés de le voir publier son chapitre sur la gestion de l’offre. Mais qu’à cela ne tienne. Le député connu pour son franc-parler promet de continuer de taper sur ce clou, parce que «c’est une mauvaise politique publique».

Et peut-être même encore plus qu’avant. «J’ai peut-être un peu plus de liberté maintenant que j’avais quand j’étais membre du cabinet fantôme», a analysé celui qui représente la circonscription de Beauce depuis 2004.

«Quand vous êtes membre du cabinet fantôme, vous engagez le parti de par vos prises de position. Comme député, on a le droit d’avoir des opinions différentes que le leadership de notre parti. Pour moi, le plus important, c’est de continuer à défendre ces valeurs conservatrices», a-t-il dit.

Population «en otage»

Le député trouve «triste» que le gouvernement canadien refuse de faire des compromis sur la gestion de l’offre dans le cadre de la renégociation de l’Accord de libre-échange avec les États-Unis (ALÉNA).

Le président américain Donald Trump veut voir disparaître ce système qu’il juge «injuste». En avril 2017, dans le dernier droit de la course à la direction, Maxime Bernier avait écrit une lettre ouverte adressée au locataire de la Maison-Blanche pour lui donner raison.

Il accuse aujourd’hui les libéraux de Justin Trudeau de sacrifier l’ALÉNA à l’autel d’un «cartel».

«Il y a seulement 16 000 producteurs au Canada sous le régime de la gestion de l’offre, et ces gens-là prennent en otage la population canadienne dans les négociations de libre-échange. C’est aberrant», s’est exclamé «Mad Max» en entrevue.

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