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Les travailleurs de la santé sont surchargés, démontre un sondage

Emotional stress of young doctor Photo: Getty Images/iStockphoto

Un vaste sondage mené par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) auprès de 13 000 salariés révèle que la majorité d’entre eux font face à une surcharge de travail et de l’épuisement professionnel au quotidien.

Selon les données du sondage, qui a été mené en ligne à la mi-mai, 65% des répondants estiment que la surcharge de travail est «un problème principal». Suivent ensuite le manque de personnel (62%), le manque de reconnaissance (57%), les problèmes de gestion (52%) et la pression au travail (42%), tous ciblés comme des problèmes d’envergure.

Près de 80% des répondants rapportent que leur charge de travail «s’est alourdie» au courant des trois dernières années. Pas moins de 94% d’entre eux croient que la réforme Barrette n’améliorera pas leur situation d’ici 3 à 5 ans, et que leur travail n’est pas suffisamment reconnu par le gouvernement.

Chaque année ou presque, le mouvement syndical mène ce genre d’enquête auprès de ses membres dans le réseau de la santé. Chaque fois, la fatigue et le dépassement des employés ressortent.

«La détresse du personnel du réseau est connue depuis plusieurs mois, avance le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley. Mais les résultats du sondage que nous dévoilons illustrent à quel point la situation est dramatique.»

«Quand 94% des gens qui ont répondu au sondage disent qu’elles ne voient pas le bout, c’est qu’on a tout un problème, ajoute-t-il. Tout porte à croire que la santé occupera une place importante dans la campagne qui débute sous peu. Espérons que nous entendrons parler de la détresse du personnel et des solutions pour régler la situation.»

Profiter de la campagne
À l’aube du déclenchement de la campagne provinciale, ce jeudi, l’organisation entend demander aux politiciens d’expliquer leur vision et «d’agir pour améliorer le sort du personnel».

Après tout, 13 000 n’est pas un chiffre anodin dans le milieu de la santé, a estimé M. Begley. «Une participation si massive démontre à quel point le personnel du réseau souhaite témoigner des problèmes qu’il vit», martèle-t-il.

Le président avance que le profil des répondants est bel et bien «représentatif» du portrait du personnel et de sa réalité quotidienne à travers le réseau. «Ça permet de prétendre que les résultats du sondage représentent l’état d’esprit en général», renchérit-il.

Au total, environ 75% des répondants estiment que la surcharge de travail occasionne une fatigue intense durant ou à la fin de leur quart de travail. Et 62% d’entre eux vont même jusqu’à dire que cet épuisement engendre des compromis sur la qualité des services ou encore sur la vie personnelle et familiale (53%).

La grande majorité des personnes sondées croient en être à «un niveau de détresse élevé». Pour cause, plus du tiers d’entre elles ont déjà eu à s’absenter pendant la dernière année à cause d’épisodes de détresse psychologique. De plus, près de la moitié (42%) d’entre elles se sont retrouvées en arrêt de travail au courant des trois dernières années.

Barrette encore critiqué
La réforme Barrette n’est pas épargnée dans ce sondage. Depuis l’entrée en vigueur de celle-ci, à la fin 2014, 44% des répondants ont indiqué avoir «déjà songé à quitter leur emploi».

Plus du tiers d’entre eux ont simplement demandé un changement de département ou de secteur dans leur propre établissement, alors que 32% se sont plutôt tournés vers les congés de maladie.

Questionnés à savoir ce qui devrait être fait pour «résorber la crise actuelle vécue par le personnel», la grande majorité des répondants (72%) ciblent directement une amélioration dans la gestion de leur établissement. Parmi eux, 57% préfèreraient l’embauche de personnel supplémentaire, alors qu’une proportion de 46% parle d’une meilleure reconnaissance de l’autonomie professionnelle. Un tiers des répondants, enfin, demande des mesures concrètes sur la conciliation travail-famille-études.

Pour agir concrètement dans ce dossier, Jeff Begley croit que le gouvernement du Québec doit se mettre en mode «embauche». Il faut selon lui plus de personnel et un processus de gestion plus adéquat et transparent.

Québec a annoncé il y a peu de temps des projets incluant un certain nombre d’embauches professionnelles, notamment dans les CHSLD, où on attend prochainement des centaines de préposés. En pleine pénurie de main-d’œuvre, la situation demeure toutefois très difficile actuellement.

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