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Trans Mountain: des Autochtones veulent une part

HO / La Presse Canadienne Photo: HO
Laura Kane, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

VANCOUVER — Certaines communautés des Premières Nations et de Métis sont déterminées à acquérir une participation en capital dans le projet d’élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, en dépit de la décision du tribunal de stopper le chantier et de possiblement le mettre sur la glace pour quelques années.

La décision de la Cour d’appel fédérale a annulé l’approbation du projet par le gouvernement, exigeant qu’il examine l’impact de la circulation accrue des pétroliers et qu’il consulte plus sérieusement les groupes autochtones qui habitent le long du tracé du pipeline.

Les groupes autochtones de Fort McMurray, en Alberta, souhaitent toujours investir dans le projet et ils croient que le jugement crée une occasion pour le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau de mieux les consulter.

«Il n’y a pas de raccourci quand on parle de consultation», a commenté Brad Callihoo, chef de la direction de la Première Nation Fort McMurray #468. «(Le jugement) identifie un problème à résoudre. Le système de consultation est en panne et on doit le réparer.»

Le Canada a acheté l’oléoduc Trans Mountain existant pour 4,5 milliards $ et s’est engagé à terminer le projet d’élargissement, qui devrait tripler le volume de pétrole transporté. La capacité passerait à 890 000 barils de pétrole par jour, ce qui entraînerait une augmentation du nombre de pétroliers dans la baie Burrard au coeur de Vancouver.

Plusieurs communautés des Premières Nations du littoral et du centre de la Colombie-Britannique ont intenté des poursuites contre le projet, dénonçant l’absence de consultation adéquate. Alors qu’ils célébraient leur victoire en justice, le 30 août sur les rives de la baie, des dizaines de travailleurs de la construction de la communauté de Brad Callihoo étaient renvoyés chez eux.

Les communautés autochtones des deux côtés de la bataille au sujet de l’oléoduc disent respecter les positions adverses et ne pas ressentir de division entre elles. Les Premières Nations ne seront pas toujours d’accord, mais chacune mérite d’être consultée sérieusement, insiste le chef Callihoo.

«Est-ce que je crois qu’on peut trouver un terrain d’entente pour toutes les Premières Nations? Absolument. Mais il faut être en mesure de s’asseoir à la table pour répondre aux demandes des Premières Nations de la Colombie-Britannique, comme ils l’ont fait pour les Premières Nations de l’Alberta.»

Ce ne sont pas toutes les communautés autochtones de Colombie-Britannique qui s’opposent au chantier. Trente-trois communautés ont signé des accords d’avantages mutuels avec Kinder Morgan avant que le gouvernement fédéral ne prenne la relève. Le chef de la Première Nation Cheam, Ernie Crey, a fait part de son intérêt à acheter une participation dans l’entreprise.

L’objectif de la Première Nation de Fort McMurray est de devenir autonome et de ne plus dépendre des subventions gouvernementales pour les sept prochaines générations, a expliqué son chef. Selon lui, une participation au projet d’oléoduc contribuerait à atteindre cet objectif.

Les Métis de McMurray sont déjà en plein essor grâce aux occasions économiques créées par les sables bitumineux, explique le chef de la direction Bill Loutitt, soulignant le nombre élevé de diplômés autochtones dans la région. Le groupe va lui aussi continuer à revendiquer une participation financière dans le projet Trans Mountain, assure son chef.

D’après M. Loutitt, le gouvernement Trudeau devrait adopter une loi pour relancer le chantier de toute urgence, tout en respectant ses obligations de consulter et d’examiner les impacts de la circulation des pétroliers.

«La seule chose qui nous préoccupe tous, c’est l’environnement, indique M. Loutitt. Mais pour prendre soin de l’environnement, il faut être impliqué de l’intérieur. C’est là qu’on peut apporter des changements.»

Les Métis de McMurray se sont opposés à plusieurs projets dans le passé et ils ont compris que le développement des ressources finit toujours par se réaliser. «La seule différence est de savoir si la communauté peut profiter du projet et avoir un certain contrôle sur ce qui se passe dans sa cour», résume le chef.

De l’autre côté, Rueben George, qui représente la nation Tsleil-Waututh à Vancouver-Nord, martèle qu’il ne pourrait jamais s’imaginer que sa communauté soutienne le projet ou achète une part.

La communauté Tsleil-Waututh a commandé sa propre évaluation environnementale de 1200 pages et a conclu que le projet constitue une menace non seulement pour ses territoires traditionnels, mais aussi pour la lutte mondiale contre le changement climatique.

«Ce n’est pas bon pour le Canada. Ce n’est pas bon pour la planète», a-t-il déclaré.

La communauté aurait pu négocier un accord d’avantages mutuels de plusieurs millions, mais elle a préféré protéger la terre et l’eau, a-t-on fait valoir.

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