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Beaucoup d’ours noirs hantent Ottawa et Gatineau

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang / La Presse Canadienne

OTTAWA — La densité de population élevée est une caractéristique de la majorité des capitales du G7, mais Ottawa se distingue ces jours-ci de ses pairs internationaux par une situation démographique inhabituelle: un afflux soudain d’ours.

Les observations d’ours noirs ont récemment augmenté dans la région de la capitale nationale du Canada. Les responsables de la conservation disent qu’ils ont déjà dû repérer plus de 30 de ces grands mammifères dans les zones urbaines depuis le début du mois.

Les habitants les ont vus errer le long de rues résidentielles verdoyantes, fouiller dans des conteneurs à compost dans des cours arrière et l’un d’eux a même été aperçu dans les allées du marché touristique ByWard à Ottawa.

Plusieurs de ces animaux rebelles, dont celui surnommé affectueusement «ByWard Bear», ont été aperçus ou maîtrisés à quelques kilomètres de la colline du Parlement.

«Nous avons reçu beaucoup d’appels», a indiqué le spécialiste de la conservation de la faune Richard Moore, qui a tiré la semaine dernière des fléchettes tranquillisantes qui ont finalement neutralisé «ByWard Bear» alors qu’il s’accrochait à un arbre du centre-ville.

«Il n’est pas anormal d’avoir des ours noirs dans les zones urbaines, nous les avons de temps en temps… surtout à l’automne, quand il est temps d’engraisser un peu», a affirmé M. Moore.

Néanmoins, cette année a été particulièrement occupée.

Depuis le début de septembre, plus de 50 observations d’ours — plus de trois par jour — ont été signalées dans la région et dans les environs. La plupart d’entre eux ont été repérés de l’autre côté de la rivière des Outaouais, dans la ville de Gatineau, a indiqué M. Moore, directeur des services de conservation pour la Commission de la capitale nationale.

La région de la capitale du Canada est entourée de forêts et l’entrée du vaste parc naturel de Gatineau se trouve à seulement environ quatre kilomètres de la Chambre des communes.

Au moins une commission scolaire de Gatineau a encouragé cette semaine officiellement les parents à expliquer à leurs enfants les précautions à prendre contre les ours.

Mercredi, un automobiliste a heurté un ours sur un boulevard achalandé de Gatineau et la police a dû euthanasier l’animal blessé.

«Ils ne sont généralement pas dangereux, ils sont curieux», a dit M. Moore, qui a souligné que les ours noirs sont d’excellents nageurs en mesure de traverser la rivière des Outaouais en cinq minutes.

Adam Oliver Brown, professeur agrégé de biologie à l’Université d’Ottawa, a dit croire que la proximité plutôt inusitée de la ville à de vastes étendues d’espaces verts, l’étalement urbain de la région et la sécheresse inhabituelle de juillet expliquent probablement la multiplication des observations d’ours.

Les ours noirs, a-t-il noté, recherchent probablement de la nourriture dans les mangeoires et les poubelles des zones urbaines en désordre, car la sécheresse estivale les a laissés avec moins de baies et de noix dans les forêts.

Jusqu’à présent, l’aventure de «ByWard Bear» a suscité le plus grand émoi.

M. Moore, dans ses fonctions depuis 33 ans, a dit qu’il avait entendu parler d’ours dans toutes sortes d’endroits étranges, mais jamais parmi les restaurants et les bars d’un marché.

À son arrivée sur les lieux, le mâle juvénile de 75 kilos se trouvait à environ neuf mètres du sol, sur un arbre et entouré par la police.

M. Moore a abattu l’animal avec des fléchettes tranquillisantes alors que des agents de protection de la nature tendaient un énorme filet près du sol. Ils se sont préparés à l’impact d’un ours tombant — mais le mammifère ébranlé est resté sur son perchoir.

L’un des collègues de M. Moore a escaladé une échelle installée par les pompiers. L’officier a attaché une corde autour des pattes avant de l’ours et ils ont soigneusement extrait l’animal de l’arbre.

«Cela a pris deux coups pour l’endormir et même à ce moment-là, il ne s’est pas complètement endormi. Nous avons donc dû être assez rapides pour le mettre dans la cage», a-t-il relaté.

M. Moore a tout de même souligné que la situation avait été encore plus intense à l’automne 1995, lorsque les autorités ont retiré 160 ours de la région, principalement du côté du Québec.

M. Moore ne se souvient pas d’avoir entendu parler d’attaques d’ours dans la région. Les ours noirs, a-t-il ajouté, ne représentent pas vraiment une menace pour les humains tant que les gens les laissent seuls.

Mais il a souligné qu’il y a des règles à suivre lorsqu’on rencontre un ours.

«Les gens prennent des égoportraits avec des ours noirs et nous n’aimons pas ça, a-t-il affirmé. Les gens, quand ils prennent des égoportraits, ils tournent le dos à l’ours, ce n’est pas une bonne idée. C’est pourquoi nous essayons de les retourner le plus rapidement possible (dans la nature).»

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