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L’éducation et l’immigration au coeur des échanges du débat en anglais

Liberal leader Philippe Couillard, left to right, PQ leader Jean-Francois Lisee, CAQ leader Francois Legault and Quebec Solidaire leader Manon Masse shake hands before their English debate Monday, September 17, 2018 in Montreal, Que. THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz Photo: Ryan Remiorz/La Presse canadienne
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Dès les premières minutes du débat en anglais, lundi soir, le chef libéral Philippe Couillard s’est fait semoncer par ses adversaires pour avoir effectué des compressions en éducation.

«On n’équilibre pas le budget en coupant dans les services aux enfants avec des difficultés d’apprentissage», a immédiatement attaqué le chef caquiste François Legault.

«C’était une erreur, pouvez-vous admettre ce soir que ça a été une erreur, a-t-il tonné. Vous êtes docteur, je suis comptable agréé, je pense que je connais mieux les chiffres que vous.»

Les chefs répondaient à une question d’une citoyenne, qui se demandait comment assurer la qualité en éducation et garder les diplômés au Québec.

D’emblée, la modératrice Debra Arbec a affirmé que l’éducation — et les commissions scolaires — sont vues comme des piliers de la communauté anglophone.

Le chef péquiste Jean-François Lisée a dit que pour garder les diplômés au Québec, il fallait notamment imposer aux cégépiens anglophones une session obligatoire en français.

Dans un anglais approximatif, et donnant parfois l’impression qu’elle était dépassée par les événements, Manon Massé, de Québec solidaire, a promis de réinvestir 1,6 milliard $ en éducation, parce que les écoles en ce moment «ne sont pas très bien».

M. Couillard est passé à l’attaque en dénonçant le plan de la Coalition avenir Québec d’abolir les commissions scolaires, y compris les neuf commissions scolaires anglophones, et de les convertir en centres de services.

La CAQ abolirait les élections scolaires et confierait au ministre de l’Éducation la responsabilité de fixer le taux de la taxe scolaire, des idées qui rebutent la communauté anglophone.

«Les gens se battent et meurent pour la démocratie», a déclaré M. Couillard, avant de se faire aussitôt rabrouer par François Legault, qui lui a rappelé que le gouvernement libéral avait lui-même songé à abolir les élections scolaires.

M. Legault a aussi eu de la difficulté à s’exprimer en anglais, tandis que MM. Couillard et Lisée étaient beaucoup plus à l’aise.

Le chef du Parti québécois a fait valoir la constance de son parti — depuis le premier ministre René Lévesque — envers les droits des anglophones et leurs institutions.

En santé, les questions des citoyens ont porté sur l’autisme et l’accessibilité aux services de santé en anglais en région. Lorsque M. Legault a répondu qu’il voulait donner un médecin de famille à tous les Québécois, M. Lisée lui a reproché plutôt sèchement de ne pas comprendre l’importance de l’enjeu pour les anglophones.

L’épisode s’est répété à maintes reprises, alors que le chef de la CAQ évitait de répondre aux questions des citoyens pour livrer, avec une certaine froideur, ses lignes de presse.

Vifs échanges sur l’immigration

Sans surprise, c’est l’enjeu de l’immigration qui a provoqué le plus de flammèches. «Vous en savez si peu sur l’immigration», a accusé M. Lisée, se montrant particulièrement incisif à l’endroit de François Legault.

Le chef libéral n’était pas en reste. Il a accusé M. Legault de nier l’existence de la pénurie de main-d’oeuvre. Il ne faut pas réduire les seuils annuels d’immigration, comme le propose la CAQ, a-t-il déclaré, même la mairesse de Montréal, Valérie Plante, l’a dit.

M. Legault cherche n’importe quel prétexte pour réduire l’immigration, a-t-il renchéri. Les gens «ont très peur».

«Je ne sais pas quel problème il a avec les immigrants», a lâché M. Couillard, en suggérant que la CAQ abandonnerait les nouveaux arrivants sur le Pont MacDonald-Cartier, qui relie l’Ontario au Québec.

«Pourquoi perdons-nous 26 pour cent de nos immigrants? a rétorqué François Legault. Admettez que c’est un échec.»

M. Couillard a rappelé le fait que son gouvernement a institué, en novembre dernier, un Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise. D’ailleurs, tous les chefs se sont engagés lundi à le maintenir.

Mme Massé a été la seule à promettre aux anglophones des quotas d’emplois dans la fonction publique; elle ferait en sorte qu’ils occupent jusqu’à 13 pour cent des postes de fonctionnaires dans un premier mandat.

Elle a également été la seule à s’engager à mener une consultation sur le racisme systémique. Le PQ, lui, propose des curriculums vitae anonymes, afin de lutter contre la discrimination à l’embauche.

Le «bonjour-hi»

À la modératrice qui demandait pourquoi l’Assemblée nationale avait adopté une motion unanime invitant tous les commerçants à accueillir la clientèle avec le mot «bonjour» plutôt que le populaire «bonjour-hi», les chefs ont tous vasouillé. Ils ont minimisé la portée de la motion et ont semblé s’en distancier. C’était un «incident», selon M. Couillard.

M. Legault a expliqué que pour lui, c’était une question de «choix personnel».

En mêlée de presse après le débat, M. Lisée a traité les libéraux d’hypocrites, car, selon lui, ils changent leur fusil d’épaule quand ils s’adressent aux anglophones.

Le débat — le premier de la sorte de l’histoire du Québec — était diffusé par CBC Quebec, CJAD 800, City, CTV News, Global News et The Montreal Gazette.

Le dernier débat des chefs en anglais au Québec a eu lieu à la radio en 1985, mais les chefs de partis ne s’étaient jamais livrés à un tel exercice à la télévision.

Les thèmes retenus étaient semblables à ceux abordés lors du débat à Radio-Canada jeudi dernier, soit l’éducation, la santé, l’économie, l’identité, l’environnement et les relations avec les Québécois d’expression anglaise.

Les élections de 2018 sont considérées à bien des égards comme étant historiques, car pour la première fois depuis 1970, la souveraineté du Québec n’est pas l’enjeu dominant. Les électeurs qui se réfugiaient traditionnellement chez le Parti libéral par crainte d’un référendum ont maintenant un plus grand choix.

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