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Des barrages ont causé des séismes au Québec

Photo: Getty Images/iStockphoto

MONTRÉAL — Des barrages hydro-électriques au Québec ont fait trembler la terre lorsque leurs bassins ont été remplis. Mais pas à tous les coups, et nulle part ailleurs au Canada. Le sismologue Maurice Lamontagne a étudié ces tremblements de terre induits en soulignant qu’il demeure là un petit quelque chose de mystérieux.

C’est le remplissage initial d’eau des réservoirs de ces barrages qui a déjà causé des tremblements de terre. Car l’eau augmente considérablement la pression sur les failles préexistantes dans la roche, a expliqué le chercheur qui vient de publier, avec d’autres scientifiques, les résultats de leurs travaux dans la revue «Seismological Research Letters».

Il rapporte que le plus puissant séisme enregistré au Québec, en lien avec un barrage, s’est produit lors du remplissage de Manic 3 en 1975: une magnitude de 4,1 sur l’échelle de Richter. Plus récemment, des centaines de petits séismes ont été relevés lorsque le réservoir de La Romaine 2 a été rempli d’eau, dit M. Lamontagne, sismologue à Ressources naturelles Canada.

Mais pour lui, il s’agit de faibles séismes. Aucune destruction ne fut notée dans les secousses induites par la mise en eau des barrages au Canada. Mais à partir d’une magnitude de 5, on constate des dommages, fait-il remarquer.

«On est dans une zone intraplaques, c’est-à-dire à l’intérieur des plaques tectoniques. Pour cette raison-là, les forces géologiques sont assez faibles. Une croûte terrestre très rigide, qui se déforme très peu. Ailleurs, s’il y a des forces tectoniques en action, le fait de remplir des réservoirs, ça peut être suffisant.»

D’ailleurs, dans d’autres pays, certains barrages ont semé la désolation. En Inde, en 1967, le remplissage du réservoir de Koyna a provoqué une secousse qui a fait des centaines de morts et détruit d’innombrables maisons.

Ce qui intrigue le sismologue est qu’aucun tremblement de terre ne fut causé au Canada par le versement d’eau, à l’extérieur du Québec.

Pourquoi? «Pour être modeste, c’est la nature qui a le dernier mot», répond M. Lamontagne.

Et même au Québec, ce ne fut pas toujours le cas. Le remplissage du réservoir Manicouagan, rempli par le barrage Manic 5, n’a causé aucune activité sismique, même s’il est l’un des plus grands au monde et qu’il est profond d’environ 200 mètres.

En plus, ce bassin a été créé lorsqu’un météorite s’est écrasé sur la terre.

«On s’attendrait à ce que la croûte terrestre soit fracturée par cet impact», dit-il, mais non. «On n’a jamais capté le moindre tremblement de terre.

«C’est intéressant et… mystérieux.»

Au Québec, les grands chantiers hydro-électriques sont terminés, plusieurs l’ont été dans les années 1960 et 1970. Et aucun nouveau ne se pointe à l’horizon. Mais la construction de La Romaine est toujours en cours sur la Côte-Nord: si trois de ses réservoirs sont déjà pleins, le quatrième attend encore son volume d’eau, souligne M. Lamontagne.

L’un des intérêts de ses travaux, qu’il qualifie de «survol global de tout l’historique des tremblements de terre et des réservoirs», est de rassembler tout le savoir au même endroit. Cela sera utile lors des futures évaluations environnementales de grands projets ou lorsque ces questions seront soulevées, croit-il.

«Et si on ne le teste pas, on ne va pas savoir s’il va y avoir des séismes», conclut-il avec sagesse.

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