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Harper craint l'échéance fiscale aux États-Unis

Jennifer Ditchburn - La Presse Canadienne

BANGALORE, Inde – Le premier appel téléphonique de Stephen Harper à Barack Obama depuis la réélection du président américain a été un mélange de félicitations chaleureuses et de préoccupations amicales concernant la santé fiscale des États-Unis.

Le premier ministre a parlé à Barack Obama pendant 10 minutes depuis l’Inde, où il complète une visite de six jours.

«Le premier ministre a offert des félicitations sincères au président pour sa victoire et lui a présenté ses meilleurs voeux pour son deuxième mandat», a indiqué jeudi le directeur des communications de M. Harper, Andrew MacDougall.

Comme plusieurs autres leaders de la planète, M. Harper s’inquiète des répercussions négatives que pourrait avoir au pays l’approche d’une date d’échéance fiscale aux États-Unis.

L’expression «précipice fiscal» évoque un «alignement parfait» de réductions budgétaires imminentes et d’augmentations d’impôts, entraînant une réduction importante du déficit budgétaire mais assénant aussi un coup dur à la fragile économie américaine.

Un Congrès américain divisé doit s’entendre sur les gestes à poser pour éviter cette confluence d’événements fiscaux.

«Dans le contexte de la situation économique mondiale, le premier ministre Stephen Harper a profité de cette occasion pour exprimer au président l’importance pour la Maison-Blanche et le Congrès de collaborer pour s’attaquer à la situation fiscale des États-Unis», a dit M. MacDougall.

De passage à Montréal, jeudi, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a indiqué que l’économie américaine sombrerait «presque certainement» en récession en 2013 si le «précipice fiscal» n’est pas solutionné.

«Avec une chute rapide de la croissance américaine, il y aurait des difficultés pour l’économie canadienne», a-t-il affirmé.

M. Carney a répété que le gouvernement fédéral et la Banque du Canada pourraient «réagir rapidement» à la situation le cas échéant, sans toutefois donner plus de détails.

Les nouvelles provenant d’Europe depuis une semaine ne sont guère plus encourageantes. Le président de la Banque centrale européenne a prévenu que la zone euro — y compris l’Allemagne — demeure affaiblie.

La visite de M. Harper en Asie a servi de réponse éloquente à ces développements inquiétants. Il a communiqué avec M. Obama peu de temps après une rencontre avec des leaders canadiens et indiens des secteurs des affaires et de l’éducation, avec en toile de fond les photos du nouveau consulat canadien qui sera bientôt inauguré de l’autre côté de la rue.

Le premier ministre a répété à plusieurs reprises pendant cinq jours en Inde que la solution à cette incertitude est de développer de nouveaux partenariats. L’Inde — la 10e économie mondiale, avec une croissance annuelle d’environ 5,8 pour cent — est un partenaire alléchant pour le Canada.

«En tant que pays, nous pouvons continuer à nous faire du mauvais sang en voyant tous ces développements inquiétants à travers le monde, mais je pense que ce qui compte vraiment, c’est de savoir que ces problèmes seront présents pendant un bon moment, selon moi», a dit le premier ministre lors de l’ouverture d’un cinéma Imax exploité par des Canadiens.

«Nous devons nous concentrer sur le moyen terme, et continuer à prendre les décisions et à effectuer les changements nécessaires pour générer des emplois et de la croissance, sans égard à ce qui se produit aux États-Unis, en Europe et dans d’autres économies qui ont des problèmes à plus long terme.»

On ne sait par contre toujours pas si ces nouvelles relations internationales se révéleront fructueuses. Le Canada et l’Inde peinent à conclure des négociations qui portent à la fois sur la réglementation des investissements étrangers et sur un accord de libre-échange. Le gouvernement indien se trouve quant à lui en position minoritaire et doit lutter pour faire adopter des réformes économiques.

«Sommes-nous frustrés? Je crois que nous avons clairement indiqué que nous pourrions aller plus loin et plus vite, a dit M. Harper. Lors de mes conversations avec les dirigeants indiens, ils me renvoient la même chose. Mais il faut que nous comprenions que quand nous faisons des affaires avec l’Inde, ce pays est une démocratie, contrairement à d’autres pays en développement. Le gouvernement ne peut pas simplement dicter toute une série de changements aux politiques qui entreront en vigueur le lendemain.»

Le premier ministre et son épouse Laureen ont par ailleurs pris le temps d’effectuer une visite dans un temple hindou construit au IXe siècle. Un prêtre a déposé une offrande, béni le couple Harper et placé une guirlande florale et un foulard autour du cou du premier ministre. Il a ensuite demandé à M. Harper de placer un foulard et une guirlande autour du cou de son épouse.

«Maintenant, nous sommes mariés», a rigolé Laureen Harper.

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