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Cannabis: hors de portée de main en succursale

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Un long mur muni de multiples tablettes, sur lesquelles sont rangés quelque 110 produits de cannabis récréatif, le tout derrière un comptoir et hors de la portée de la main: voilà à quoi ressembleront les 12 succursales de la Société québécoise du cannabis (SQDC) qui seront ouvertes mercredi matin.

On pourra y trouver de petites fioles d’huile, des boîtes de fleurs séchées ou moulues, des atomiseurs oraux, des pilules et des contenants de joints déjà roulés, aux noms parfois particuliers: «LA Confidential», «Mode avion», «Rock Star» et «Tsunami», parmi bien d’autres, comme il a été permis aux médias de le constater mardi matin lors d’une visite préouverture.

Sous chacun d’entre eux se trouve une affiche indiquant la concentration du produit en THC et CBD (taux de cannabinoïdes), son coût et ses arômes naturels, tels que fruité, mouffette, poivré, citronné, terreux, fromagé et diesel.

Le cannabis récréatif sera officiellement légal mercredi au Canada.

Au Québec, le cannabis sera exclusivement vendu par la SQDC, qui a tenu sa conférence de presse à Montréal, dans sa succursale de la rue Saint-Hubert, près de Jean-Talon, dans le quartier Petite-Patrie.

La SQDC a tout mis en place en moins d’un an. Et mardi, elle se disait «prête».

Tout cela en moins d’un an

«C’est une journée historique. Une grande première. Le premier pays du G7 à légaliser « coast to coast » le cannabis non médical. Et le deuxième pays au monde, après l’Uruguay», a déclaré Alain Brunet, maître d’oeuvre de la SQDC, en point de presse, mardi matin.

«La mission, c’est vraiment de convertir le marché noir au marché légal. C’est une mission sociale qu’on se donne», a-t-il ajouté.

La Société estime pouvoir arracher 30 pour cent des ventes au marché noir, a renchéri Jean-François Bergeron, copilote du projet. Cela représenterait, selon lui, 50 tonnes métriques lors de la première année.

Coincée entre une boutique de robes de mariées et une autre de cadeaux et de bijoux sur la célèbre Plaza Saint-Hubert, la succursale visitée est fort discrète, comme le veut la loi. Seuls son logo et son acronyme «SQDC» l’identifient en vitrine.

Rien n’est visible de l’extérieur. Passant la porte d’entrée, le client adulte arrive dans une sorte de vestibule où son âge sera contrôlé — les mineurs, même accompagnés, ne seront pas admis. Seulement après le client pourra passer à la seconde salle, où les produits sont en vente. Et pas question de sentir les différentes sortes de cannabis pour le moment: tout est emballé et scellé. Il n’y pas de produits comestibles, comme des brownies au pot, car ils sont interdits par la loi. Et les clients ne peuvent acheter que 30 grammes par visite en magasin.

La succursale visitée a des airs de comptoirs d’ordonnances de pharmacies, où rien n’est accessible pour les clients, mais dans un décor moderne et épuré.

Il y a beaucoup de sécurité, «mais on ne veut pas avoir l’air d’une prison non plus», a indiqué M. Brunet.

Dans les deux salles se trouvent des dépliants d’information, des panneaux et des écrans vidéo offrant conseils de prévention et détails sur l’offre de produits. Des employés seront là pour conseiller, mais non pour inciter à acheter.

Pas de libre-service, pas de vrac, pas de promotions et pas de carte de fidélité, a précisé M. Brunet: «ce n’est pas une société commerciale».

Le gramme de cannabis sera vendu à partir de 5,25 $, taxes incluses. C’est un prix pour faire concurrence au marché noir, a expliqué Alain Brunet. Selon Statistique Canada, le prix moyen du cannabis médical et non médical au Québec au deuxième trimestre de 2018 serait de 5,82 $. Ces chiffres sont toutefois en partie basés sur des données transmises volontairement par les utilisateurs de cannabis, et leur fiabilité n’est pas assurée.

L’objectif est d’aller prendre au marché noir les ventes du cannabis, mais sans faire croître la consommation dans son ensemble, a expliqué en conférence de presse M. Brunet.

En plus des 12 succursales qui seront ouvertes mercredi matin dans plusieurs régions du Québec, trois autres le seront au cours du mois d’octobre. Il pourrait y en avoir de 100 à 150 sur un horizon de trois ans. D’autres produits vont aussi s’ajouter au cours des prochaines semaines.

Il est possible que l’approvisionnement fasse défaut au début car tout le monde s’approvisionne auprès des mêmes producteurs. «Cela va être un début difficile», a prévenu M. Bergeron.

Ventes en ligne

Le site web sera aussi fonctionnel mercredi matin. La société s’attend à ce que 30 pour cent des ventes y soient faites et pourrait envoyer quelque 4000 colis par jour.

Les achats en ligne seront livrés à domicile par Postes Canada. Pour contrecarrer de possibles fausses déclarations par des mineurs, les livreurs seront responsables de vérifier l’identité et l’âge du client. Et pas question de laisser des colis sur le pan de la porte, a fait valoir M. Brunet. Les facteurs sont habitués au processus, car ils livrent déjà le vin de la SAQ, a-t-il précisé.

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