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Cannabis: un producteur américain interpelle Trump

Evan Vucci / The Associated Press Photo: Evan Vucci / The Associated Press
James McCarten, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Un producteur américain de cannabis avertit le président Donald Trump que le Canada est sur le point de dominer l’industrie nord-américaine de la marijuana, à moins que les États-Unis ne prennent des mesures pour éliminer les obstacles au financement et à la commercialisation de la substance au sud de la frontière.

Une pleine page de publicité apparaissant dans le «Wall Street Journal» de mardi signale que les États-Unis «perdent rapidement» leur avantage concurrentiel au profit du Canada, où le cannabis à des fins récréatives deviendra légal à minuit et une, mercredi.

La publicité, signée par Derek Peterson, le président-directeur général de Terra Tech Corp, en Californie, déplore que plusieurs entreprises de cannabis n’aient pas accès au financement bancaire ou traditionnel, et ce, même si l’industrie du cannabis est légale dans 31 États américains — à des fins récréatives ou médicales.

Cela force des entreprises à s’installer au Canada pour avoir accès à des capitaux, ajoute M. Peterson.

La publicité indique également que les entreprises canadiennes ont profité de l’intérêt des investisseurs américains pour recueillir et dépenser de l’argent afin d’acquérir des actifs américains liés au cannabis.

En entrevue, M. Peterson a admis avoir des sentiments partagés sur le changement de paradigme majeur qui devrait s’opérer au nord de la frontière, lorsque la légalisation du cannabis à des fins récréatives entrera en vigueur.

«C’est une épée à double tranchant, a-t-il déclaré. Je crains les impacts économiques actuels si nous ne faisons rien, mais en même temps, le Canada a vraiment initié et alimenté la discussion nationale.»

«Je dirais que c’est le point charnière dans notre propre cheminement vers la légalisation.»

Difficultés des entreprises américaines

Le défi pour les entreprises américaines réside dans le fait que, bien que le cannabis récréatif soit légal dans neuf États et le cannabis médicinal dans 22 autres, il reste illégal au regard de la loi fédérale. Il est impossible d’envoyer des produits d’un État à l’autre, et les entreprises ne peuvent obtenir du financement auprès des grandes banques.

Les lois fédérales visant à limiter le commerce de la cocaïne dans les années 1980 sont toujours en place, ce qui empêche des sociétés telles que Terra Tech de déduire leurs dépenses commerciales courantes et les biens d’équipement tels que les ordinateurs et les coûts salariaux, a souligné M. Peterson.

Les producteurs doivent compter sur des institutions financières plus modestes, telles que les coopératives d’épargne et de crédit, pour se financer, tandis que les plus gros joueurs du monde du capital institutionnel affluent pour soutenir leurs rivaux canadiens, a-t-il ajouté.

Selon M. Peterson, cela donne lieu à une «taxe fédérale sur l’illégalité» qui s’étend à tout le spectre des activités d’un producteur américain et qui engloutit l’ensemble des marges de profit.

«Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, la réalité est que vous bénéficiez d’un avantage concurrentiel», a-t-il conclu, à propos de l’industrie canadienne.

La solution, écrit M. Peterson, est que le gouvernement américain autorise les États à adopter leur propre réglementation sur le cannabis «afin que nous puissions rivaliser de manière équitable et protéger notre industrie nationale avant qu’il ne soit trop tard».

Confusion sur le rôle du fédéral

La philosophie du gouvernement fédéral américain sur le cannabis récréatif demeure confuse depuis que M. Trump a été élu en 2016.

Bien qu’il ait fait campagne en promettant de laisser cette question aux États, la Maison-Blanche a semblé changer d’idée plus tôt cette année en annulant ledit «mémorandum Cole», un décret de l’époque Obama empêchant toute ingérence du gouvernement fédéral dans les États où le cannabis à usage récréatif est légal. Donald Trump a cependant insisté pour que la loi fédérale ne soit pas appliquée dans ces États.

Mercredi, le Canada sera le premier membre du G7 à donner son feu vert au cannabis récréatif — une initiative que le premier ministre Justin Trudeau a justifiée comme un effort visant à mieux protéger les jeunes des effets de la drogue et à éliminer l’influence du crime organisé.

Les responsables des douanes et des patrouilles frontalières des États-Unis devaient organiser une séance d’information plus tard, mardi, sur la manière dont ils envisagent de faire respecter les lois fédérales aux postes frontaliers canado-américains.

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