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La réconciliation avec l’Iran freinée par une loi

Jacquelyn Martin / The Associated Press Photo: Jacquelyn Martin / The Associated Press

OTTAWA — La vraie raison pour laquelle le gouvernement de Justin Trudeau n’a pas été en mesure de rétablir les relations l’Iran réside au maintien d’une loi canadienne «stupide» qui permet la saisie des actifs iraniens, affirme l’ancien ambassadeur du Canada en Arabie saoudite.

Dennis Horak, qui été expulsé de l’Arabie saoudite en août après que les dirigeants du royaume eurent été ulcérés par un message publié sur Twitter par la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, a lancé cette déclaration franche et directe alors qu’il tentait de faire la lumière sur un autre moment controversé de l’histoire des relations du Canada avec le Moyen-Orient.

Il y a six ans, le précédent gouvernement conservateur avait abruptement coupé ses liens diplomatiques avec l’Iran, fermant son ambassade à Téhéran et chassant les diplomates iraniens du Canada.

L’actuel gouvernement libéral avait promis durant la campagne électorale de 2015 de rétablir les relations avec l’Iran, mais n’a pas été capable de respecter cet engagement parce que l’Iran semble peu enclin à renouer avec le Canada.

M. Horak, qui a récemment pris sa retraite, a soutenu qu’il y avait un obstacle de taille à cette réconciliation: l’adoption en 2012 de la Loi visant à décourager les actes de terrorisme contre le Canada et les Canadiens, qui autorise les victimes du terrorisme à poursuite les pays figurant sur la liste des nations qui soutiennent les terroristes.

Entre autres choses, la loi a ouvert la porte à la décision rendue l’an dernier par la Cour d’appel de l’Ontario de maintenir la saisie d’actifs privés iraniens totalisant 1,7 milliard $ US par des plaignants américains dont les proches ont été tués durant des attentats terroristes commandités par le régime iranien.

«C’était une loi stupide et c’est toujours une loi stupide, a tranché l’ex-ambassadeur durant une rencontre du Conseil international du Canada à Ottawa cette semaine. Mais nous sommes pris avec ça.»

Dennis Horak, qui était le directeur des relations avec le Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères en 2012, a précisé que les trois principaux partis politiques fédéraux avaient appuyé la loi.

Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, John Baird, avait annoncé la fermeture de l’ambassade à Téhéran en septembre 2012, accusant l’Iran de commanditer le terrorisme et assurant que cette décision visait à protéger les diplomates canadiens.

Même s’ils avaient évoqué l’attaque menée 10 mois plus tôt par une foule en colère contre l’ambassade britannique dans la capitale iranienne, M. Baird et le gouvernement conservateur avaient refusé de préciser si un danger menaçait la sécurité des diplomates canadiens dans l’immédiat.

«Perdue dans ce flot de renseignements sur les possibles raisons se trouvait la vraie raison: la Loi visant à décourager les actes de terrorisme. C’est la raison et elle existe toujours, a indiqué M. Horak. Ce n’est pas une coïncidence si l’ambassade a été fermée le jour suivant l’entrée en vigueur de la législation.»

Après l’assaut contre l’ambassade britannique, le gouvernement canadien a réalisé que la sécurité de sa propre ambassade avait de nombreuses failles, a poursuivi Dennis Horak, laissant entendre que l’installation n’aurait pas pu se protéger adéquatement contre un soulèvement populaire.

«Les Britanniques ne saisissaient même pas les actifs iraniens. Cette loi demandait la saisie des biens du gouvernement iranien», a ajouté l’ex-ambassadeur, précisant que les Iraniens avaient une définition très flexible de l’immunité diplomatique.

«Comment aurions-nous pu demeurer ouverts dans ces conditions? Comment pourrions-nous rouvrir dans ces conditions?», a-t-il demandé.

Le bureau de Mme Freeland a refusé de répondre aux questions concernant le statut des pourparlers diplomatiques avec l’Iran.

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