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Affaire Khashoggi: Ottawa veut une réaction «juste»

Prime Minister Justin Trudeau and Minister of Foreign Affairs Chrystia Freeland hold a press conference regarding the United States Mexico Canada Agreement (USMCA) at the National Press Theatre, in Ottawa on Monday, Oct. 1, 2018. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne

OTTAWA — Le Canada tente de trouver la façon «juste» de réagir à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a indiqué lundi la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland. Et elle insiste qu’il est faux de prétendre que le gouvernement ne fait rien pour sanctionner l’Arabie saoudite.

«Le meurtre de Jamal Khashoggi est un événement très grave, très sérieux, pour le Canada. Nous avons encore beaucoup de questions autour de cet enjeu, et les explications ne sont pas crédibles. Ce n’est pas assez», a-t-elle signalé en conférence de presse à Ottawa.

C’est pourquoi Justin Trudeau a réuni lundi matin le groupe d’intervention en cas d’incident, comité dont la création a été annoncée en août dernier, dont le mandat est notamment d’étudier des incidents survenus ailleurs ayant des conséquences importantes pour le Canada.

La ministre Freeland n’a pas voulu préciser jusqu’où le royaume saoudien pouvait aller sans craindre que le gouvernement libéral déchire le contrat de véhicules blindés d’une valeur de 15 milliards $ en guise de représailles.

«C’est une question importante», a-t-elle dit sans y répondre.

Elle a préféré évoquer, à la place, «l’importance de savoir précisément ce qui s’est passé, et précisément qui est responsable, et aussi de la réaction juste que notre pays doit avoir, et la réaction que nous devons avoir (…) avec nos alliés».

Un allié du G7, l’Allemagne, a annoncé dimanche son intention de ne plus autoriser la vente d’armes à l’Arabie saoudite, après que Riyad eut reconnu que Jamal Khashoggi a été tué dans son consulat à Istanbul.

La néo-démocrate Hélène Laverdière a fait allusion à la décision de Berlin lors de la période de questions en Chambre, lundi, exhortant le gouvernement libéral à «cesser d’armer des nations voyous comme l’Arabie saoudite».

Le premier ministre Trudeau a paru s’avancer sur cette possibilité en réponse à la question de relance de la députée.

«Nous avons gelé des permis d’exportation dans le passé quand nous avions des craintes sur un usage à mauvais escient potentiel (du matériel) et nous n’hésiterons pas à le faire à nouveau», a-t-il lancé en anglais.

Son bureau a ensuite précisé qu’il faisait référence à la décision de suspendre temporairement des permis après que Riyad eut été accusé d’avoir utilisé des véhicules Gurkha construits en Ontario pour réprimer la minorité chiite de l’est du pays.

Les permis ont été suspendus quatre mois, puis réinstaurés.

Les fonctionnaires d’Affaires mondiales Canada avaient conclu — après enquête auprès de «proches alliés» et «partenaires» en Arabie saoudite — que les blindés avaient en effet pu être utilisés pendant une «opération sécuritaire», mais que celle-ci était «terminée».

«Loi Magnitski»
Le député conservateur Tony Clement a quant à lui invité les libéraux à recourir à la «loi Magnitski» pour sanctionner des membres du régime qui auraient été impliqués dans cette macabre histoire qui s’est produite au consulat de l’Arabie saoudite en Turquie.

Cette loi adoptée en octobre dernier permet d’imposer des sanctions contre des individus que le gouvernement canadien juge responsables — ou complices — de violations graves des droits de la personne reconnus internationalement ou de corruption importante.

Enquête réclamée
Le premier ministre Trudeau et sa numéro deux ont relancé lundi leur appel à la tenue d’une «enquête approfondie» pour faire la lumière sur le meurtre du journaliste dont les textes étaient entre autres publiés par le Washington Post.

Ils n’ont pas précisé qui devrait être en charge de mener l’exercice. Pendant la période de questions en Chambre, la ministre Freeland a tout au plus parlé d’une investigation «menée en pleine collaboration avec les autorités turques».

Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a promis de révéler «toute la vérité» sur cette affaire mardi.

Chez Amnistie internationale, on souhaite que l’enquête soit menée par les Nations unies, car on redoute que l’affaire «risque de faire l’objet d’un accord politique» et on juge qu’«une enquête indépendante et impartiale de l’ONU aidera à révéler la vérité et les faits».

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