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Des élus hissent un drapeau de la «fierté hétéro»

Andrew Vaughan / La Presse Canadienne Photo: Andrew Vaughan/La Presse canadienne

CHIPMAN, N.-B. — Un village du Nouveau-Brunswick a finalement retiré un «drapeau de la fierté hétéro» une journée seulement après l’avoir hissé, à la suite du tollé soulevé dans la région — et au-delà.

La municipalité avait hissé dimanche après-midi, au bord d’une rue principale, à proximité de magasins, le «drapeau hétérosexuel» — des bandes horizontales noires et blanches, frappées des symboles entrelacés de l’homme et de la femme.

Le maire de Chipman, Carson Atkinson, avait alors déclaré que le drapeau répondait aux critères du conseil municipal, car il «reconnaît, accepte et respecte les droits individuels garantis par la Charte des droits et libertés», et qu’il convient de célébrer tout le monde à Chipman. Le maire Atkinson a aussi rappelé que le conseil municipal avait déjà fait hisser le drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBTQ en juin.

La page Facebook du village d’un millier d’habitants a rapidement été commentée par des résidants, qui ont estimé que cette décision était préjudiciable à la communauté LGBTQ.

Janette Fanjoy, adjointe au maire, a répliqué lundi que le drapeau arc-en-ciel avait été hissé toute la semaine du 24 juin, et que le drapeau hétéro devait également flotter à Chipman pendant toute une semaine.

Faith Kennedy, qui travaille auprès des jeunes de la communauté, s’est dite surprise que le conseil adopte une telle résolution. Mme Kennedy était au nombre des citoyens qui avaient demandé que Chipman hisse le drapeau LGBTQ pour souligner les toutes premières célébrations de la fierté gaie au village cette année. Elle ne s’attendait pas à ce que le maire et les conseillers municipaux approuvent ensuite la mise en place d’un drapeau hétéro.

«Les hétérosexuels n’ont jamais eu à se battre: nous avons toujours été acceptés», a-t-elle déclaré.

Justin Smith, qui a grandi dans le village voisin de Minto, qualifiait lundi cette décision de «manifestation de haine», qui envoie un message décevant de la part d’élus. «C’est très troublant de voir des dirigeants de la communauté agir ouvertement de manière aussi insensible», écrit-il dans un courriel. M. Smith, qui s’identifie lui-même à la communauté LGBTQ, rappelle qu’il célèbre sa fierté après des années d’intimidation, afin de rendre hommage à ceux qui ont été tués pour leur identité sexuelle et de genre.

«Le mouvement de la fierté LGBT n’est pas né d’une célébration de la sexualité: il visait à donner de la visibilité à un groupe de personnes opprimées et marginalisées», écrit M. Smith.

Helen Kennedy, directrice générale du groupe de défense des droits de la personne Egale Canada, soutient qu’elle ne connaissait même pas le «drapeau hétéro» avant dimanche. Selon elle, la décision du conseil, «regrettable et inutile», est probablement attribuable à un manque de compréhension de la signification réelle du drapeau de la fierté, ainsi que d’un manque de compréhension des difficultés rencontrées par les personnes issues des minorités sexuelles au Canada.

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