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Gym Canada: début du procès de Dave Brubaker

Dave Brubaker. Geoff Robins / La Presse Canadienne Photo: Geoff Robins
Nicole Thompson - La Presse Canadienne

SARNIA, Ont. — Au procès de l’ancien entraîneur de gymnastique Dave Brubaker, accusé d’agression sexuelle en Ontario, la plaignante est venue témoigner mardi que cet homme contrôlait tous les aspects de sa vie quand elle s’entraînait avec lui, adolescente, et qu’elle avait placé une totale confiance en lui.

Dave Brubaker, âgé de 55 ans, a plaidé non coupable à un chef d’agression sexuelle et un chef d’incitation à des contacts sexuels, relativement à des incidents présumés impliquant la jeune gymnaste de 2000 à 2007. Il avait d’abord été accusé de 10 chefs en décembre dernier — et avait été mis en congé par Gymnastique Canada, où il occupait le poste de directeur de l’équipe nationale féminine —, mais le nombre de chefs d’accusation a été réduit à deux, mardi, à l’ouverture du procès.

La plaignante, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a déclaré mardi au tribunal que Dave Brubaker l’embrassait régulièrement sur les lèvres pour lui dire bonjour ou au revoir, alors qu’elle n’avait que 12 ans. Le témoin a soutenu que l’entraîneur de gymnastique contrôlait à l’époque toute sa vie — à quelle heure elle devait se coucher, ce qu’elle devait manger, et même comment elle devait se coiffer. Quoi que décide son entraîneur, l’adolescente acquiesçait, car elle plaçait une totale confiance en lui, a-t-elle dit au procès devant juge seul, à Sarnia, en Ontario.

La femme, aujourd’hui âgée de 30 ans, a raconté que l’entraîneur venait la chercher à l’école pour la ramener chez lui, où il se couchait parfois «en cuillère» au lit avec elle et lui chatouillait le ventre, avant de la conduire à l’entraînement. Même si ces attouchements la rendaient malade, elle craignait que l’entraîneur ne la punisse au gymnase si elle s’avisait de refuser ses avances, a-t-elle dit au tribunal.

La femme, premier témoin appelé à la barre, a aussi affirmé que Dave Brubaker lui prodiguait régulièrement des massages pour soulager ses douleurs, mais parfois au haut de la cuisse, dans ses sous-vêtements, jusqu’autour du pubis. Parfois aussi, il lui tapait les fesses en la serrant dans ses bras pour lui dire au revoir.

Se blesser pour en sortir
Contre-interrogée par la défense, la femme a reconnu avoir déclaré aux enquêteurs qu’elle ne croyait pas que les mains de son entraîneur s’étaient volontairement aventurées dans ses sous-vêtements. Elle a également admis qu’il n’était pas rare que des gymnastes soient massées.

Patrick Ducharme, l’avocat de Dave Brubaker, a noté que la femme ne pouvait pas se rappeler avec quelle main l’entraîneur avait l’habitude de lui toucher les fesses. Il a également souligné au tribunal que le policier qui a enquêté sur son client était parent avec la plaignante — il a été garçon d’honneur à son mariage.

La femme a par ailleurs déclaré au tribunal qu’elle s’était intentionnellement blessée pour quitter la gymnastique à 19 ans, parce qu’elle ne pouvait plus supporter cette pression. Me Ducharme a suggéré que la femme s’était blessée et avait abandonné la gymnastique à peu près au même moment où elle a réalisé qu’elle ne ferait pas les Jeux olympiques.

Une autre ancienne gymnaste de compétition entraînée par l’accusé a déclaré mardi que Dave Brubaker avait suggéré à ses protégées de l’embrasser sur la joue, pour marquer leur respect. Elle a toutefois noté que pendant plusieurs années, seule la plaignante embrassait l’accusé sur les lèvres.

Ce deuxième témoin a également déclaré avoir vu Dave Brubaker masser la plaignante en sous-vêtements, avant de se tourner vers elle et lui dire qu’elle était la prochaine. «Je me souviens d’avoir pensé: « Je ne suis pas à l’aise d’être massée en sous-vêtements », alors je suis allée dans ma chambre et j’ai enfilé des collants», a-t-elle dit au tribunal.

Les accusations contre Dave Brubaker, qui était l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne de gymnastique aux Jeux olympiques de Rio il y a deux ans, surviennent à un moment charnière pour cette discipline au Canada.

Plus tôt ce mois-ci, Gymnastique Canada a suspendu l’entraîneur Michel Arsenault, aujourd’hui installé à Edmonton, à la suite d’allégations selon lesquelles il aurait agressé sexuellement au moins trois gymnastes mineures au Québec dans les années 1980 et au début des années 1990. Et en janvier, un entraîneur de gymnastique à Mississauga, en Ontario, a été accusé de plusieurs infractions liées à des allégations selon lesquelles il aurait agressé sexuellement une adolescente de 15 ans, pendant une période de quatre ans.

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