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Seuils d’immigration: obstacle à l’horizon

Coalition Avenir Quebec Leader Francois Legault responds to questions from reporters during a campaign stop in Sainte-Anne-des Plaines, Que. on Saturday, September 22, 2018. THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson Photo: Paul Chiasson/La Presse canadienne
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement du Québec ne pourra pas limiter le nombre de réfugiés qu’il reçoit chaque année, contrairement à ce qu’avait promis François Legault en campagne électorale.

«Non», a répondu mercredi le ministre fédéral de l’Immigration, Ahmed Hussen, lors d’une entrevue avec La Presse canadienne.

Il a ensuite précisé que l’Accord Canada-Québec permet au gouvernement québécois de choisir le nombre d’immigrants économiques qu’il reçoit annuellement, mais que c’est Ottawa qui détermine combien de réfugiés sont accueillis au pays. Ceux-ci peuvent ensuite s’installer dans la province de leur choix.

«En vertu de cet accord, le Québec peut déterminer son niveau d’immigration économique — qui est la plus importante —, […] mais il est obligé d’accepter un pourcentage de tous les réfugiés qui s’installent au Canada.»

Ce pourcentage est établi à 20% pour l’année 2018.

Le gouvernement fédéral détermine également le nombre d’immigrants issus du programme de réunification familiale, a souligné M. Hussen.

Le Québec a prévu accueillir environ 30 000 immigrants économiques, 12 000 par l’entremise du programme de réunification familiale et près de 9 000 réfugiés en 2018. Le nouveau gouvernement caquiste a promis de réduire ces nombres de 20 pour cent dans chacune de ces trois catégories.

Nouveau plan fédéral
Contrairement aux souhaits du premier ministre François Legault, le plan en immigration déposé mercredi par le ministre Hussen à la Chambre des communes prévoit une augmentation graduelle du nombre d’immigrants au cours des trois prochaines années. Ce nombre atteindrait 350 000 en 2021 pour l’ensemble du pays, ce qui correspond à près d’un pour cent de la population canadienne.

M. Hussen a insisté en entrevue sur le fait qu’une très large proportion de ces immigrants seront admis par l’entremise des programmes économiques existants. Cette catégorie d’immigrants compte déjà pour 60 pour cent des nouvelles arrivées au pays.

Il s’est toutefois abstenu de se prononcer sur la contradiction entre ce nouveau plan et la promesse du gouvernement caquiste de réduire le nombre d’immigrants accueillis au total au Québec de 50 000 à 40 000 par année dès 2019.

«Nous n’avons reçu aucune communication officielle à ce sujet, donc, en ce qui nous concerne, rien ne change jusqu’à ce que nous ayons un autre son de cloche», a affirmé M. Hussen tout en précisant qu’il était prêt à travailler de près avec le Québec.

Il a offert une réponse similaire en réaction à la promesse caquiste de faire passer un test des valeurs et de français aux nouveaux arrivants. «Je ne peux pas commenter quelque chose qui n’est pas encore arrivé», a-t-il dit sans vouloir indiquer s’il était contre.

Le ministre Hussen a ajouté qu’il avait déjà eu une conversation avec son homologue québécois, Simon Jolin-Barrette, après son assermentation au conseil des ministres pour le féliciter et qu’il s’était engagé à le rencontrer à Ottawa ou à Québec dans un avenir rapproché.

Mais le Québec n’aurait peut-être pas avantage à réduire son immigration économique, a laissé entendre M. Hussen.

«Le besoin d’employés est énorme», a-t-il constaté en racontant qu’il s’est rendu à Drummondville, Trois-Rivières et Shawinigan récemment où il a pu mesurer l’impact de la pénurie de main-d’oeuvre.

«Ce que je peux vous dire, c’est que comme dans le reste du pays, je connais des employeurs au Québec qui ont besoin de travailleurs et qui utilisent l’immigration pour combler les postes qu’ils n’arrivent pas à combler autrement», a-t-il remarqué.

Il a souligné que si le gouvernement fédéral ne fait rien, il y aura deux travailleurs pour un retraité au Canada en 2036, une proportion qui «ne permettra pas de maintenir nos programmes sociaux». Il y a présentement quatre travailleurs pour un retraité, alors qu’il y en avait presque 7 par retraité il y a une quarantaine d’années.

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