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Les Québécois rendent hommage à Bernard Landry

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Si ses idées politiques, comme toute autre, pouvaient donner lieu à d’âpres débats, l’homme qu’était Bernard Landry fait l’unanimité: tous reconnaissent et saluent à la fois son profond amour pour le Québec et son impressionnant héritage économique.

Le 28e premier ministre du Québec est exposé en chapelle ardente jusqu’à 18h00, lundi, à la Basilique Notre-Dame de Montréal.

Amis, collègues et adversaires ainsi que de simples citoyens défilaient depuis le matin pour lui rendre hommage et offrir leurs condoléances à sa famille.

«La vague de sympathie m’a beaucoup surprise et étonnée, mais réconfortée et ce que j’aime voir c’est qu’il y a des gens de tous les horizons qui nous ont témoigné leur sympathie», a déclaré sa fille, Pascale, en point de presse en fin d’avant-midi, soulignant que la famille avait reçu des hommages provenant «des gens de partout au Québec, des gens de partout dans le monde, des gens de toutes origines sociales, des jeunes, des vieux».

«C’est vraiment dans la diversité du Québec que l’oeuvre de papa se répercute et c’est tout cet amour qui nous revient», a-t-elle ajouté.

Le cercueil contenant la dépouille de M. Landry avait été transporté jusque devant l’autel par des policiers de la Sûreté du Québec qui étaient suivis par les proches du défunt.

Le curé de Notre-Dame, le père Miguel Castellanos, a ensuite prononcé quelques mots.

Le cercueil fermé, recouvert du fleurdelisé, reposait dans la nef aux côtés du portrait du défunt qui orne la couverture de son livre «La Cause du Québec».

Plusieurs personnalités avaient déjà défilé à bonne heure lundi matin.

L’ex-premier ministre Jean Charest, l’un des premiers sur place, a parlé de l’héritage «substantiel» légué par un adversaire respecté qui «nous faisait beaucoup souffrir dans les échanges», lui qui l’avait affronté des deux côtés de la Chambre.

«Il a donné de la crédibilité économique au mouvement souverainiste, lui et M. (Jacques) Parizeau», a rappelé M. Charest, évoquant notamment son ouvrage de 1979, «Bâtir le Québec», la politique de crédits d’impôt pour le multimédia et, surtout, la Paix des braves.

«C’est très significatif parce que ça arrive à un moment dans la vie de M. Landry, en 2002, où il conjugue son expérience, ses convictions, pour faire une négociation très audacieuse de nation à nation sur un sujet qui (…) a permis de débloquer le développement du Nord québécois, de réactualiser la convention de la Baie James», a-t-il ajouté.

Celle qui avait succédé à Jean Charest, Pauline Marois, a ensuite elle aussi fait référence au développement de l’industrie du multimédia, mais a rappelé que Bernard Landry avait consacré des efforts considérables pour revitaliser les régions.

Sur une note plus personnelle, Mme Marois a qualifié le disparu de grand pédagogue dont la confiance l’avait touchée lorsqu’il était devenu premier ministre.

«C’est lui qui était ministre des Finances avant de devenir premier ministre et ç’a été très émouvant pour moi, le fait qu’il me dise: « maintenant, je te fais pleinement confiance, c’est à toi de relever le défi qu’est celui de gérer les finances publiques du Québec ».

«On a toujours l’impression que ces personnes-là ne partiront pas, qu’elle ne nous quitteront pas», a-t-elle conclu avec un brin de nostalgie dans la voix.

L’ex-chef bloquiste Gilles Duceppe, lui, s’émerveillait devant le bilan de vie de Bernard Landry, de son implication comme leader étudiant dans les années 1960 à sa carrière politique avec le Parti québécois en passant par la création de l’Union générale des étudiants du Québec, de la Ligue des droits de l’homme et ainsi de suite.

«Quand j’ai vu la somme totale de (ses accomplissements) j’ai dit: ça se peut-tu?», s’émerveillait-il en évoquant son cheminement.

M. Duceppe a noté au passage le rayonnement de l’homme, non seulement au Québec, mais ailleurs dans le monde: «J’étais avec (l’ex-ministre péquiste) Rémy Trudel, la semaine dernière. Il était parti enseigner en Tunisie. Quand je suis arrivé là bas, ils m’ont dit: connaissez-vous Bernard Landry? C’est assez extraodinaire.»

Le député péquiste défait dans Bourget aux élections du 1er octobre, Maka Kotto, a salué celui «qui m’a attiré dans ce cercle infernal qu’est la politique», a-t-il laissé tomber à la blague.

Qualifiant Bernard Landry d’«école sur deux pattes», le Québécois d’adoption originaire du Cameroun s’est remémoré les «discussions occultes» qu’il avait eues avec le disparu sur les questions d’immigration et d’intégration: «Il était passionné, tellement passionné que, parfois, il en arrivait à des colères compte tenu du fait que ça n’avançait pas assez vite en ces matières, de faire en sorte que la majorité des gens nouvellement arrivés au Québec se sentent chez eux.»

Ses funérailles d’État auront lieu mardi, à 14h00, à la Basilique Notre-Dame.

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