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Trudeau veut intensifier le commerce avec l'Asie

Adrian Wyld / La Presse Canadienne Photo: Adrian Wyld/La Presse canadienne
Jordan Press, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

SINGAPOUR — Le premier ministre Justin Trudeau a milité mardi en faveur de liens commerciaux plus étroits entre le Canada et l’Asie.

S’adressant à des investisseurs canadiens déjà présents dans la région et à des entreprises asiatiques qui espèrent percer le marché canadien, M. Trudeau a cherché à présenter le Canada comme une oasis de stabilité sociale, politique et économique dans le monde. Il a notamment fait valoir la facilité avec laquelle les spécialistes technologiques les plus talentueux peuvent obtenir un visa, comparativement aux États-Unis.

Il s’agissait du premier événement auquel participait le premier ministre depuis son arrivée à Singapour. Le gouvernement libéral espère profiter de cette visite pour intensifier les échanges commerciaux avec les membres l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

Plusieurs membres de l’ANASE ont une classe de consommateurs en expansion et des taux de croissance démographique élevés par rapport au reste du monde.

Ensemble, les membres de l’ANASE — les Philippines, l’Indonésie, Brunei, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, le Laos, le Cambodge et la Birmanie — comptent près de 650 millions d’habitants, une économie combinée de 2800 milliards $ US qui constitue le sixième plus important partenaire commercial du Canada.

«Nous discuterons de notre potentiel avec l’ANASE et continuerons à chercher à obtenir davantage d’occasions commerciales», a déclaré M. Trudeau lors de la table ronde.

«Cependant, comme vous le savez bien, un accord commercial n’est pas automatiquement tout ce que vous avez à faire pour améliorer vos relations commerciales. En réalité, le vrai travail commence après la signature des documents et consiste à établir des relations, les liens, la construction de l’installation et l’évolution des mentalités: amener les entreprises canadiennes à prendre conscience des possibilités de partenariat et d’investissement que nous avons dans le monde.»

Des recherches sur les petites et moyennes entreprises montrent que de nombreuses entreprises canadiennes se développent en Asie et s’implantent dans la région avant les grandes sociétés, souligne Lorna Wright, directrice générale du Center for Global Enterprise de la Schulich School of Business de l’Université York.

Le problème, c’est que les entreprises et les politiciens qui veulent être présents dans la région se sont repliés sur le partenaire qu’ils connaissent le mieux — les États-Unis, affirme Mme Wright. Cela pose un problème pour le commerce avec l’Asie du Sud-Est, une région où la culture d’entreprise s’appuie sur les relations, dit-elle.

Le Canada souffle le chaud et le froid

«Avec le Canada qui souffle le chaud et le froid — cette année nous sommes là-bas, l’année prochaine nous n’y sommes plus, l’économie faiblit aux États-Unis alors nous allons en Asie, l’économie se redresse aux États-Unis et nous repartons —, ça ne fonctionne pas», prévient Mme Wright.

Cela laisse le gouvernement Trudeau à la croisée des chemins: poursuivre les négociations en vue d’un accord de libre-échange collectif avec l’ANASE, qui pourrait générer de grands avantages, mais qui prendrait des années de travail laborieux, ou convaincre les pays de l’ANASE qui ne l’ont pas encore fait de se joindre à l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).

L’ancien premier ministre du Québec Jean Charest estime qu’une convergence d’événements — les accords commerciaux conclus entre le Canada et l’Union européenne, et entre le Canada et des pays du Pacifique, ainsi qu’un accord de principe sur le libre-échange avec le Mexique et les États-Unis, notamment — permet à M. Trudeau de choisir une voie ou l’autre.

«Cela place le premier ministre dans une position bien meilleure en ce sens qu’il est uniquement à l’offensive. Il est là pour dire que nous voulons faire partie de (cela)», affirme M. Charest, qui agit comme président honoraire du Conseil commercial Canada-ANASE. «Ce sera présenté dans le contexte de ce monde plus vaste pour dire: « Avec tout ce qui se passe sur le front commercial, tout cela a un sens pour vous et pour nous. »»

Une étude préliminaire sur un éventuel accord commercial entre le Canada et l’ANASE a été réalisée. La conclusion d’un accord final pourrait prendre jusqu’à huit ans, selon M. Charest.

L’ANASE a de nouveau invité M. Trudeau à son sommet annuel, l’un des rassemblements les plus importants dans la région. M. Trudeau y participe pour la deuxième année consécutive, après être devenu l’an dernier le premier chef de gouvernement canadien à assister à la réunion.

Le sommet de l’ANASE offre également à M. Trudeau une place à un rassemblement régional de sécurité réunissant 18 pays, dont les États-Unis, la Chine et la Russie.

Ce siège à la «table de la sécurité», qu’Ottawa espère occuper en permanence, donne au Canada une voix dans les décisions concernant les tensions et les problèmes en Asie du Sud-Est qui pourraient éventuellement atteindre les côtes canadiennes, comme les pandémies.

Note aux lecteurs: Version corrigée. La version précédente affirmait que l’économie combinée des membres de l’ANASE représentait 2,8 milliards $ US, alors qu’il s’agit plutôt de 2800 milliards $ US. Le nom de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste a aussi été corrigé, et le nom du Conseil commercial Canada-ANASE a été francisé.

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