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Dernier adieu à Bernard Landry, le patriote

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson/La Presse canadienne

MONTRÉAL — L’ancien premier ministre du Québec Bernard Landry a été salué comme un grand patriote et un des bâtisseurs économiques du Québec par plus d’un, à l’occasion de ses funérailles d’État, mardi à la Basilique Notre-Dame de Montréal.

«Grâce à Bernard Landry, les Québécois sont encore plus fiers d’être Québécois», a lancé le premier ministre du Québec, François Legault, à son entrée à l’église.

Son rôle de visionnaire du développement économique, de stimulateur de l’économie pour maintenir ou créer des emplois, ses convictions indépendantistes inébranlables, sa défense du fait français, son amour des régions du Québec, sa volonté de voir le Québec s’épanouir sur la scène internationale, tous ces thèmes qui lui tenaient tant à coeur ont été tour à tour soulevés par ses proches qui ont pris la parole pendant deux heures, avant la messe proprement dite.

«Une bonne partie de la politique économique du Québec a été conçue par lui», a souligné le premier ministre Legault dans son allocution lors de ces funérailles d’État.

M. Legault a aussi relevé sa volonté de voir le Québec s’épanouir dans le concert des nations. «Il disait « le parti avant les hommes et la patrie avant le parti »; sage conseil que je ne vais pas oublier», a conclu M. Legault, qui a été ministre dans le gouvernement Landry.

«Un homme de feu»
L’ancien premier ministre Lucien Bouchard l’a placé dans la lignée des Jean Lesage, Daniel Johnson, Robert Bourassa, René Lévesque et Jacques Parizeau, même si tous ces grands hommes avaient des opinions politiques parfois divergentes. «On avait besoin d’un homme de feu comme Bernard Landry», un féru de l’histoire du Québec, convaincu jusqu’à la moelle.

«Comme René Lévesque et Jacques Parizeau, il était démocrate avant d’être souverainiste. Qu’il ait souffert de voir inachevée la cause de sa vie ne fait pas de doute», a conclu M. Bouchard, en ajoutant que M. Landry savait qu’il lui fallait désormais laisser ce combat aux générations suivantes.

Un autre ancien premier ministre, provenant du camp libéral, Jean Charest, a voulu illustrer ainsi le degré de conviction souverainiste de Bernard Landry. En insistant sur chaque mot, il a affirmé: «je ne connais aucune personne pour qui cette conviction était aussi ancrée dans chaque (geste) de sa vie».

«Il doit être très fier de tout ce qu’il a accompli pour le Québec», a ajouté M. Charest, en saluant ses 50 ans au service du Québec.

Sa fille, Pascale Landry, a relaté que lors de leur dernier souper en famille, M. Landry avait porté un toast en disant «levons notre verre à la famille et à la patrie; il n’y a rien de plus important».

«Nous n’abandonnerons pas»
Le sociologue Mathieu Bock-Côté, qui a travaillé dans un cabinet de M. Landry, a vanté ses qualités de pédagogue, lui qui l’avait interviewé à 18 ans parce qu’il était son idole. «Monsieur Landry, nous n’abandonnerons pas. Monsieur Landry, nous n’abandonnerons jamais», s’est-il exclamé.

Son compagnon de route de plusieurs années, Jean-Yves Duthel, qui agissait comme maître de cérémonie, a cité les propos de M. Landry dans une conversation qu’il a eue dernièrement avec lui: «L’amour de la patrie est un noble sentiment (…) peu importe les croyances ou les origines. Quant à moi, je vous le laisse en héritage.»

Le chef du Grand Conseil des Cris, Ted Moses, avec qui M. Landry avait conclu la Paix des Braves, s’est adressé également à l’assemblée. La Paix des Braves est considérée encore aujourd’hui comme un geste fort de reconnaissance de la nation crie.

D’ailleurs, à son entrée dans la basilique, Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, a souligné l’importance historique de la Paix des Braves. «Ça contribue à nourrir un dialogue qui est nécessaire entre les Premières Nations et le gouvernement du Québec», a-t-il dit.

À la toute fin de la cérémonie, le premier ministre Legault a remis le drapeau du Québec à la veuve, Chantal Renaud. Il l’a étreinte et lui a glissé quelques mots à l’oreille. Puis la soliste Marie-Nicole Lemieux a entonné «À la Claire Fontaine» avec ses paroles mémorables «il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai».

M. Landry est décédé le 6 novembre, à l’âge de 81 ans.

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